Depuis la répression sanglante sur la place Tiananmen à Pékin il y a 33 ans, la Chine s’attèle à effacer tout souvenir du drame. Hong Kong faisait exception à la règle jusqu’en 2020. Samedi 4 juin, les Hongkongais qui souhaitaient commémorer l’anniversaire de l’événement, ont dû agir subtilement. Les autorités veillent au grain et ont interdit tout rassemblement.
Histoire
3 Mai : naissance du Front Populaire
ZEMMOUR NIE L’HORREUR SUBIE PAR LES HOMOSEXUELS DURANT LA SECONDE GUERRE MONDIALE
La Ligue des droits de l’Homme (LDH) a saisi le procureur de la République d’une plainte à l’encontre d’Éric Zemmour à la suite des écrits contenus dans son livre, La France n’a pas dit son dernier mot, paru au mois de septembre 2021 aux éditions Rubempré.
Dans son ouvrage, il est en effet possible de lire : « La déportation en France d’homosexuels en raison de leur orientation sexuelle, comme on dit aujourd’hui, est une légende ».
Ces écrits, par eux-mêmes et du fait de leur diffusion, sont constitutifs du délit de contestation de crime contre l’humanité visé à l’article 24 bis de la loi du 29 juillet 1881 modifiée.
Événements culturels à venir
Pourquoi Poutine parle-t-il tout le temps des nazis ?
VIDÉO. A coups de lois mémorielles et de défilés militaires, Vladimir Poutine a façonné un mythe de la victoire soviétique sur les nazis en 1945. Un socle sur lequel il s’appuie désormais pour qualifier ses ennemis de néonazis – une vieille pirouette soviétique – pour justifier son expansionnisme en Ukraine.
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Onze ans de guerre en Syrie : paroles de Syriens exilés à Chypre
En Syrie, les révolutionnaires célèbrent, ce mardi 15 mars, les 11 ans du début du mouvement de contestation contre Bachar el Assad. Onze ans plus tard, la guerre et la crise économique continuent de pousser les Syriens sur les routes de l’exil. Rencontre avec certains d’entre eux, venus tenter leur chance à Chypre.
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Pour comprendre les mensonges de Poutine sur l’Ukraine, il faut remonter les siècles
Non content d’écraser l’Ukraine d’aujourd’hui, Poutine veut en effacer l’histoire. Il l’a martelé : l’Ukraine n’existe pas, elle n’est qu’une province de Russie peuplée de Russes et ne doit son existence factice qu’à un caprice de Lénine. C’est une falsification.
Par François Reynaert / L’OBS
1. De la Rus’de Kiev aux invasions mongoles (IXe-XIIIe siècles)
Le début de ce récit, c’est indéniable, pose les bases d’une histoire commune. Pour le comprendre, il faut d’abord aller rendre visite à un peuple que personne ne pense trouver dans l’aventure : les Vikings de Suède, les Varègues. Habiles au commerce, ils trafiquent le long des grands fleuves qui coulent vers le sud. Vers 880, un de leurs groupes s’installe sur les rives du Dniepr et fonde Kiev, que l’on appelle bientôt la Rus’de Kiev, c’est-à-dire la principauté peuplée par les Rus’, peuple issu des Varègues et des Slaves vivant par là. Le commerce – fourrure et bois – se fait essentiellement avec Constantinople, riche capitale de l’empire byzantin. En 988, pour parfaire cette alliance, le prince de Kiev, Vladimir, se fait baptiser. Voici les Rus’ devenus chrétiens orthodoxes. Voici ce monde doté d’un saint fondateur – les présidents russe et ukrainien partagent son nom (Volodymir en est une variante). Kiev crée bientôt un empire, assis sur un réseau de principautés, Novgorod, Smolensk ou Moscou, fondé au XIIe siècle.
Au XIIIe siècle, cet univers est balayé par un tsunami venu de l’est : les invasions mongoles. Pendant deux siècles, les cités mises à genoux doivent verser un tribut aux nouveaux maîtres. Moscou en organise la collecte, ce qui l’enrichit au passage et lui permet, au XVe siècle, de mener la guerre contre le « joug tatar » (autre nom des Mongols). Le glissement est fait. Moscou est le nouveau phare du monde issu de la Rus’. Après la prise de Constantinople par les Ottomans (1453), la ville peut se croire la « troisième Rome ». Après Ivan le Terrible (1530-1584), les princes de Moscovie prennent le titre de tsar, c’est-à-dire de nouveau César. Ils n’ont plus pour objectif que de réunir sous leur sceptre « toutes les Russies », autrement dit les anciennes principautés des Rus’.Inauguration d’une statue de Vladimir le Grand, à Moscou, par le président russe Vladimir Poutine, le 4 novembre 2016. (Natalia KOLESNIKOVA/AFP)
- En novembre 2016, au grand dam de nombreux Moscovites, Vladimir Poutine, aux côtés du patriarche Cyrille de Moscou, inaugure devant le Kremlin une gigantesque statue de saint Vladimir le Grand, le prince de Kiev qui, par son baptême, a converti le monde russe à l’orthodoxie. Pour le président russe, le coup est double. Il lui permet de jouer la carte qui lui est chère, des « racines chrétiennes » et de la Sainte Russie. Et déjà, en même temps, d’annexer symboliquement l’Ukraine. Comme l’explique alors l’historien Nikita Sokolov, cité par « Libération », il s’agit de « voler à l’Ukraine la palme de l’unification de la Rus’, de dire que la véritable Russie, c’est la Moscovie et non pas Kiev ».
2. L’Etat cosaque (1649-1764), ancêtre de l’Etat ukrainien
Hier centrales, les terres qui forment aujourd’hui l’Ukraine sont devenues des marches (une des étymologies proposées du mot Ukraine renvoie à l’idée de frontière). Désormais, leur histoire diverge de celle de Moscou. Elles sont en grande partie sous la coupe de la nouvelle puissance locale, la Pologne. La noblesse polonaise, catholique, réduit à la misère les paysans ukrainiens, orthodoxes. Ceux-ci se mettent sous la protection des Cosaques, communautés de paysans soldats, installés dans la région de Zaporoguie. Comme ceux qui sont installés ailleurs dans l’univers russe, les Cosaques zaporogues sont réputés libres et égalitaires. Ils combattent au nom d’un chef, « l’hetman », qu’ils élisent dans une assemblée, la Rada. Entre 1649 et 1764, ils réussissent à former un Etat, l’« hetmanat cosaque », considéré comme l’ancêtre de l’Ukraine d’aujourd’hui.
Complétons par un aspect sombre de la période. Pour exploiter la paysannerie ukrainienne, la noblesse polonaise recourt aux juifs qu’elle charge de collecter taxes et impôts. Cela permet aux popes, appuyés par les Cosaques, d’attiser un antijudaïsme fanatique. Il conduit à des massacres. Ils ne sont hélas pas les derniers de cette histoire.« Mazeppa aux loups », huile sur toile du peintre français Horace Vernet (1789-1863), Musée Calvet (Avignon). (Leemage via AFP)Portrait d’Ivan Mazepa (1639-1709), hetman des Cosaques d’Ukraine. (MARY EVANS/SIPA)
- Avec Bogdan Khmelnitski (1595-1657), fondateur de l’Etat cosaque, Ivan Mazepa (1639-1709) est le plus connu des hetmans. Sa mémoire est aussi au cœur d’une controverse entre Kiev et Moscou. Assaillis de toute part par diverses puissances, les chefs cosaques sont obligés de nouer des alliances. Pendant de nombreuses années, Mazepa se met au service de l’empereur russe Pierre le Grand. Au début du XVIIIe siècle, il le trahit pour s’allier avec Charles XII, le roi de Suède, nouveau venu dans la zone, duquel il espère obtenir l’indépendance de son Etat. Pour les Russes, Mazepa incarne désormais la figure du traître. Les Ukrainiens le tiennent pour un héros. Son effigie orne les billets de 10 hrivnas (0,30 euro), la monnaie nationale.
- Notons par ailleurs que l’Occident connaît Ivan Mazepa, sans forcément le rattacher à cette histoire. Il y est devenu célèbre au XIXe siècle, grâce à un poème du Britannique Lord Byron, inspiré par un épisode de la jeunesse de l’hetman, peut-être légendaire. Accusé d’avoir séduit une femme mariée, le jeune homme aurait été puni en étant attaché nu sur un cheval lancé au galop et, recueilli par de braves paysans ukrainiens, aurait survécu au supplice pour devenir chef de guerre. Fascinés par ce destin miraculeux, tous les romantiques, derrière Byron, y allèrent de leur « Mazeppa » (écrit en général avec deux P), qui devient une figure littéraire commune. On le retrouve dans une pièce symphonique de Liszt ; dans des toiles de Géricault, Vernet (comme ci-dessus), Chassériau ; ou encore dans « les Orientales » de Victor Hugo : « Eh bien ! ce condamné qui hurle et qui se traîne, ce cadavre vivant, les tribus de l’Ukraine le feront prince un jour. »
3. Le XIXe siècle, la poigne des tsars et le renouveau national
A la fin du XVIIIe siècle, la Pologne disparaît, avalée par ses puissants voisins. Une part de l’Ukraine devient autrichienne, l’autre russe. Les tsars font tout pour russifier cette province qu’ils n’appellent plus que la « Petite Russie », vieille appellation qui remonte à Constantinople. Comme en Pologne, en Hongrie, dans les Balkans, la domination de l’Empire se heurte à la nouvelle force du XIXe siècle, le sentiment national. Il s’appuie sur la redécouverte du folklore ou du parler local. Considéré alors comme un patois, l’ukrainien est étudié, codifié, magnifié par de grands écrivains. Le plus célèbre est Taras Chevtchenko (1814-1861), le « poète national » ukrainien, cent fois emprisonné et exilé par les tsars.
A la fin du siècle, le pays renoue avec d’autres démons. Après l’assassinat d’Alexandre II, en 1881, les autorités déchaînent les masses sur les éternels boucs émissaires : les juifs. Un nouveau mot fait son apparition dans les langues du monde : les pogroms (du russe, détruire). Ceux de Kiev ou d’Odessa deviennent sinistrement célèbres.Portrait du poète ukrainien Taras Chevtchenko, brodé par Kostyrkina. (SPUTNIK via AFP)
- Le XIXe est le siècle du sentiment national. Partout en Europe, les peuples se découvrent une identité commune, appuyée sur le folklore, la langue, une relecture de l’histoire. Ce sentiment est d’autant plus à vif que les peuples sont écrasés par un empire, comme c’est le cas de ceux d’Europe centrale ou orientale, soumis à l’empereur d’Autriche, au sultan ottoman ou aux tsars. Partout apparaissent de grandes figures, poètes ou écrivains, qui portent ce sentiment national, l’incarnent. Comme les Polonais ont leur Adam Mickiewicz (1798-1855) ou les Hongrois leur Sándor Pétöfi (1823-1849), les Ukrainiens ont Taras Chevtchenko.
- Fils de paysans serfs, placé comme domestique, il se découvre bientôt un goût et un talent pour la peinture et la littérature, et réussit à faire des études. Initié aux auteurs méconnus de sa province d’origine, l’Ukraine, il en devient fou. Sa vie durant, il n’aura de cesse, dans ses tableaux comme dans ses poèmes, d’en célébrer les richesses, le patrimoine, la langue. Son activisme politique lui vaut de connaître les forteresses du tsar et les duretés de l’exil. Sa figure, ses œuvres écrites ou peintes occupent toujours une place centrale dans la culture et le sentiment national ukrainiens. « Kobzar » (le barde, ou plus spécifiquement le joueur de kobza, une sorte de luth), son recueil de poèmes, est considéré comme le marqueur du renouveau de la langue ukrainienne. Le nom de Taras Chevtchenko a été donné à l’université de Kiev, la plus réputée du pays.
4. Une brève indépendance (1917-1921)
Partagée entre Russes et Austro-Hongrois, l’Ukraine est en première ligne lors de la Grande Guerre. Les deux révolutions de Petrograd en 1917, l’abandon de la guerre par les Russes en janvier 1918, puis la défaite des empires centraux en novembre créent le chaos. Une première indépendance est décrétée par une « République populaire ukrainienne ». Elle est mise à mal par les autres protagonistes qui ravagent le pays : une sécession anarchiste, les armées russes blanches, les Polonais (qui ont reformé un Etat en 1918) vite engagés dans une guerre avec les armées russes rouges (1919-1921). Accusés de soutenir ces derniers – c’est dans ces années qu’apparaît le mythe du « judéo-bolchévique » –, les juifs sont une fois de plus victimes de carnages. Les chefs nationalistes (comme le célèbre Petlioura) les ont-ils encouragés ? Ont-ils été commis contre leur volonté ?
Le point continue à être sujet de controverse. Il entre néanmoins sans nuance dans la propagande communiste : pour Moscou, tout nationaliste est antisémite (même ceux qui ont essayé d’arrêter les exactions). L’argument n’a pas fini d’être utilisé.Symon Petlioura, président de la République populaire ukrainienne (1919-1920). (Wikimedias Commons/ЦДАВО України. Ф. 1871. Оп. 1. Спр. 7)
- Journaliste, militant, devenu chef des armées et président (1919-1920) de la brève République populaire ukrainienne. En tant que représentant de la première indépendance du pays, il reste considéré comme un héros par tout le courant national ukrainien.
5. De l’horreur stalinienne à l’horreur nazie (1922-1945)
En 1921, à la fin de la guerre soviéto-polonaise, une partie de l’Ukraine revient à Varsovie, le reste passe à Moscou. Lénine en fait une des républiques de la nouvelle Union proclamée fin 1922 : l’URSS. C’est le moment auquel fait allusion Vladimir Poutine quand il dit que le pays a été « créé » par le chef bolchevique. En thuriféraire de la « grandeur russe », il omet de préciser ce qui a suivi : des décennies d’horreur. Pour comprendre la façon dont elles pèsent sur la mémoire aujourd’hui, on doit les considérer dans leur continuum. Il y a d’abord les crimes communistes. Ils culminent en 1932-33. Staline ordonne une collectivisation de toutes les terres paysannes d’Ukraine. Conduite à la baïonnette, elle débouche sur une famine qui fait entre 3 et 4 millions de morts. Pour de nombreux historiens, il s’agit d’un crime de masse du même ordre que ceux que Staline a commis ailleurs. Pour les Ukrainiens, qui le nomment « Holodomor », il s’agit d’un génocide destiné à éliminer spécifiquement leur peuple.
En 1939, grâce à l’alliance germano-soviétique, la partie polonaise de l’Ukraine devient russe. Le NKVD, ancêtre du KGB – puis du FSB – qui forma Poutine, peut y faire régner la terreur. En 1941, après la rupture d’alliance, Hitler part à l’assaut de l’URSS. En première ligne, l’Ukraine subit l’horreur à un niveau de violence dont l’Europe de l’Ouest a rarement conscience. Le pays est le terrain de la « Shoah par balles », le massacre de sang froid de centaines de milliers de juifs, comme à Babi Yar (en septembre 1941), un ravin situé à côté de Kiev, devenu le lieu symbole de ce martyre. Les autres Ukrainiens, des Slaves appelés, selon la hiérarchie établie par les nazis, à devenir esclaves, subissent une occupation d’une brutalité inouïe. Après avoir subi vingt ans de terreur rouge, une partie de la population avait accueilli les premiers soldats allemands en libérateurs. Certains nationalistes (le plus connu est Stepan Bandera) ont accepté de collaborer, par idéologie, ou dans le seul objectif d’obtenir l’indépendance espérée. D’autres ont lutté avec les Russes. Après la victoire soviétique, l’histoire est réécrite de façon univoque. Les crimes soviétiques sont niés. Les seuls héros sont les glorieux soldats de l’Armée rouge. Les autres sont des nazis.Affiche du film « l’Ombre de Staline », d’Agnieszka Holland, 2019. (FILM PRODUKCJA-CRAB APPLE FILM/Collection ChristopheL via AFP)
- Au début des années 1930, Staline veut faire de l’URSS un grand pays industriel et commande la mise en œuvre du premier de ses implacables « plans quinquennaux ». Il ordonne la collectivisation des campagnes et, dans le même temps, lance la chasse aux « koulaks », les paysans un peu trop riches qu’il dépeint en accapareurs. Cette politique aboutit à un désastre, en particulier en Ukraine, le traditionnel grenier à blé de l’empire russe. La soldatesque, les commissaires politiques y font saisir tous les grains jusqu’au dernier, entraînant une immense famine qui aurait fait entre 2,6 et 5 millions de morts. Les Ukrainiens appellent cette tragédie l’« Holodomor » (la mort par la faim). Comme si souvent, les meurtres de Staline sont suivis d’un autre crime : la censure absolue sur cet épisode, qui sera nié pendant des décennies. En 2019, le film « l’Ombre de Staline », de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland, a raconté l’histoire bouleversante et réelle de Gareth Jones, un jeune journaliste britannique qui, au péril de sa vie, réussit à se rendre en Ukraine en 1933 et, au retour, documenta la tragédie qui s’y était passée. Le film montre aussi comment Walter Duranty, le puissant correspondant à Moscou du « New York Times », peut-être stipendié par les services soviétiques, mena campagne contre son confrère pour défendre les mensonges de Staline.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky dépose une bougie au pied du mémorial de Babi Yar, à l’occasion du 80e anniversaire du massacre, le 29 septembre 2021 à Kiev. (HANDOUT/AFP)
- Deux noms – que tout sépare – peuvent résumer l’horreur mais aussi le trouble et les ambiguïtés liés à la mémoire de la Seconde Guerre mondiale en Ukraine : Babi Yar et Stepan Bandera.
- Sitôt après le déclenchement de l’opération Barbarossa, en juin 1941, et l’invasion de l’URSS, les soldats d’Hitler entrent en Ukraine et mettent en œuvre avec méthode leur politique d’annihilation. Les juifs sont les premiers visés. En deux jours de septembre, plus de 30 000 d’entre eux sont froidement assassinés le long d’un ravin, situé non loin de Kiev, le « ravin des bonnes femmes », Babi Yar. Dans les mois qui suivent, d’autres meurtres de masse de juifs, de Polonais, d’Ukrainiens, de Tziganes auront lieu au même endroit. Comme en témoigne le mémorial installé sur place, Babi Yar reste le symbole de la persécution des juifs d’Ukraine, qui fut d’une monstrueuse brutalité. Près d’un juif assassiné par les nazis sur six venait de ce pays.
- Comme dans nombre d’autres pays occupés, les Allemands, pour commettre leurs crimes, s’appuyèrent sur des collaborateurs locaux. Le plus célèbre, parmi les Ukrainiens, est Stepan Bandera (1909-1959). Dès sa jeunesse, alors qu’il habite principalement dans la partie de l’Ukraine appartenant à la Pologne, il promeut un nationalisme extrémiste et violent. Quand les Allemands envahissent la Pologne, en 1939, il joue leur carte, croyant en tirer une future indépendance de l’Ukraine. Rapidement après l’invasion de 1941, il comprend que ce ne sera pas le cas. Arrêté, il passe une grande partie de la guerre prisonnier en Allemagne. Mais nombre de ses partisans participent aux exactions contre les Polonais ou les juifs et lui-même n’a jamais renié ses positions violemment antisémites et anti-polonaises. Depuis la seconde indépendance de l’Ukraine, en 1991, sa mémoire est l’objet de controverses répétées. L’extrême droite, mais aussi le courant national en général, veut voir en lui un nationaliste fervent qui a tout fait pour défendre son pays. En 2010, le président Viktor Ioutchenko lui a accordé le titre de « héros de l’Ukraine », suscitant des réactions indignées en Pologne ou en Israël. Révoqué l’année suivante par son successeur, le titre ne lui a pas été rendu, malgré les pressions des courants nationalistes. A l’inverse, les Soviétiques ont fait de Bandera l’incarnation du « collabo » et cette vision des choses prévaut toujours en Russie. Quand Vladimir Poutine ne traite pas les dirigeants ukrainiens de « nazis », il les traite de « bandéristes ». Dans son esprit, l’idée est la même.
6. L’indépendance et les guerres de mémoires (1991 à aujourd’hui)
Dès l’indépendance, acquise en 1991 lors de l’effondrement de l’URSS, le pays se partage en deux camps : les proeuropéens et les prorusses. Ils se sont opposés lors des deux révolutions (« orange » en 2004, puis celle de Maïdan, en 2014), gagnées par les proeuropéens. Ils s’opposent constamment aussi dans une interminable guerre de mémoires. Les prorusses n’ont de cesse d’utiliser l’accusation relayée aujourd’hui par le maître du Kremlin : les autres sont des nazis. Il est indéniable que la plupart des dirigeants ukrainiens d’après les deux révolutions, au nom de la haine de l’occupation soviétique, ont rendu hommage à des chefs nationalistes qui ont pu collaborer avec les Allemands. Il est indéniable aussi que la révolution de Maïdan a été appuyée par des groupuscules néonazis. Il est tout aussi exact que, dans les élections libres qui ont suivi, ces groupuscules d’extrême droite ont été marginalisés au profit de majorités démocratiques et (depuis 2019) d’un président d’origine juive. Il est tout aussi exact qu’en lançant ses armées sur un pays libre, c’est bien l’homme du Kremlin qui, aujourd’hui, se comporte en nouvel Hitler.
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DANS LA TÊTE DE VLADIMIR POUTINE
Et si la philosophie russe nous aidait à comprendre la stratégie de Vladimir Poutine ? Cette idée n’a rien d’absurde, tant les prophètes du conservatisme, de « la voie russe » et de « l’empire eurasiatique » ont le vent en poupe au Kremlin et le soutien de toutes les extrêmes droites européennes, le Front national en tête. Le philosophe Michel Eltchaninoff est venu à la Fondation Jean-Jaurès discuter de ce qui se passe « dans la tête de Vladimir Poutine ».
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Mémoire de l’esclavage: la Banque centrale des Pays-Bas fait son mea culpa
Après les grandes entreprises britanniques, la Banque centrale des Pays-Bas (DNB) reconnaît le rôle important qu’ont joué ses premiers dirigeants dans l’esclavage, comme le montre une enquête indépendante.
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Liban : le gâchis de la saga Hariri
La dernière décennie de conflits au Sahel a entraîné le déplacement de 2,5 millions de personnes
Le HCR, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés, appelle à une action internationale concertée pour mettre fin au conflit armé dans la région du Sahel central, qui a forcé plus de 2,5 millions de personnes à fuir leur foyer au cours de la dernière décennie.
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A la suite de propos tenus par Eric Zemmour remettant en cause l’innocence du capitaine Dreyfus, le collectif « Mulhouse accuse » appelle à la vigilance républicaine et à la réflexion. Une lettre adressée à tous les Mulhousiens sera lue le jeudi 13 janvier au pied de la maison natale d’Alfred Dreyfus à Mulhouse.
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Rojava : le rôle déterminant des femmes dans la révolution
Depuis 2012, une révolution a lieu. « Nous vous écrivons depuis la Révolution », paru chez Syllepse, internationalistes, mères, journalistes, militantes, principalement françaises, nous invitent à découvrir le projet et la réalité des femmes du Rojava et du nord-est syrien, qui travaillent minutieusement à la création de leurs structures autonomes : autodéfense armée et civile, éducation, coopératives, démocratie de base. Au Poste avec Corinne Morel Darleux et Sara, deux des autrices.
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La Cour suprême russe a ordonné mardi la dissolution de l’ONG Mémorial, pilier de la défense des libertés dans la Russie contemporaine et gardien de la mémoire du Goulag. La réaction d’Elena Volochine, correspondante FRANCE 24 à Moscou.
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En Russie, l’historien du goulag Iouri Dmitriev condamné à quinze ans de prison
Le procès portait sur des violences sexuelles à l’encontre de sa fille adoptive. Cette nouvelle décision vient alourdir une peine antérieure de treize ans de détention. Ses partisans dénoncent une mesure de représailles.
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Archives de la guerre d’Algérie : une ouverture partielle dont il faudra surveiller de près la mise en œuvre
Guerre d’Algérie : la France ouvre ses archives des affaires judiciaires et policières
Le texte officialisant l’ouverture des archives françaises relatives à la guerre d’Algérie entre le 1er novembre 1954 et le 31 décembre 1966 a été publié jeudi au Journal officiel. Ce geste avait été annoncé par Roselyne Bachelot, la ministre de la Culture, début décembre.
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“La solution pacifique” : histoire secrète d’une négociation historique en Nouvelle-Calédonie
En octobre 2020, la Nouvelle Calédonie a voté une deuxième fois pour choisir entre l’indépendance ou le maintien du rattachement à la France. 53,3% des Calédoniens ont voté contre l’indépendance, un chiffre en recul de 3% par rapport au premier référendum de novembre 2018. Un troisième et dernier scrutin se tiendra le 12 décembre prochain, dont le résultat pourrait être encore plus serré. Ce processus électoral n’aurait pas été possible sans la mise en place d’une solution pacifique négociée à la fin des années 1980, alors que le “Caillou” baignait dans le sang. Cette mission du dialogue, impossible sur le papier mais arrachée en très peu de temps par ses parties prenantes, constitue l’un des plus incroyables exemples de pacification négociée dans le monde contemporain. Son histoire méconnue est racontée dans une bande dessinée aussi rigoureuse que palpitante.
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Journée internationale des droits de l’Homme
En 1950, l’Assemblée générale des nations unies a invité tous les états et toutes les organisations internationales concernées à célébrer le 10 décembre de chaque année la Journée des droits de l’homme [résolution 423 (V)]. Cette journée marque l’anniversaire de l’adoption en 1948, par l’Assemblée, de la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
Cette année, la Journée internationale des droits de l’Homme, célébrée depuis chaque 10 décembre, a pour thème l’Égalité.
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La journée de la laïcité
par Rémy Dufaut
C’était aujourd’hui la Journée de la Laïcité, célébrée chaque année le 9 décembre.
Cette date a été retenue pour commémorer la promulgation de la Loi du 9 décembre 1905 qui consacre la séparation des Églises et de l’État, il est important de le préciser.
Les médias français dans leur ensemble en ont fait état, de façon inégale. Une recherche sur le web (Google) renvoie plus de 600000 résultats.
Toutefois, dans l’Éducation Nationale, on semble marcher sur des œufs, le ministre Jean-Michel Blanquer, invité par Jean-Jacques Bourdin sur RMC/BFM TV ayant à cette occasion abordé en premier lieu le sujet de la gestion des fermetures des classes en cas de Covid-19 , avant d’évoquer les 98 « incidents » survenus lors de la commémoration en hommage à Samuel Paty et les 610 « signalements » enregistrés ce trimestre.
On apprend ce soir que, confirmant les récentes études documentant une défiance marquée des jeunes à l’égard de la laïcité à la française, les lycéens interrogés par l’ Ifop sont 71 % à estimer que les professeurs doivent « respecter les religions afin de ne pas offenser les croyants ».
C’est en 2011 que le Sénat adopte une résolution qui demande « que la République française instaure une journée nationale de la laïcité. Mais ce n’est que depuis 2015 que cette journée est organisée à l’école; le 17 novembre 2020, le député Vincent Ledoux dépose à l’Assemblée nationale une proposition de loi visant à instituer une journée nationale de la laïcité pour tous le 9 décembre.
Cette Journée de la Laïcité n’est donc pas la 116ème, comme souvent mentionné dans la presse. Mais il s’agit bien du 116ème anniversaire de la promulgation de la Loi du 9 décembre 1905 instaurant la séparation des Églises et de l’État, qui demeure notre référence.