Les centres d’hébergement accueillent près de 200 000 personnes. Il faut y ajouter les personnes hébergées à l’hôtel social et celles qui dorment à la rue faute de solution. Au total, on peut estimer à 300 000 le nombre de personnes sans logement.
Accusé par les associations de « nettoyer » la région parisienne de ses sans-abris à l’approche des Jeux Olympiques, l’État s’est défendu de mener une telle politique anti-sociale. « On ne s’est pas fixé comme objectif ‘zéro SDF’ dans Paris au mois d’août 2024 », a assuré la préfecture de la région Ile-de-France.
Le constat est identique dans toutes les grandes villes, et dramatique à Paris : des centaines d’enfants et leurs familles dorment chaque nuit à la rue, sans solution d’hébergement d’urgence. Alors que l’hiver n’est pas encore là, les dispositifs d’accueil sont saturés.
Parmi les 430 mineurs isolés du parc de Belleville, mis à l’abri le 19 octobre par la préfecture de Paris, plusieurs dizaines ont reçu ces derniers jours une notification de fin d’hébergement. Pour les associations et avocats qui défendent ces exilés, cette décision n’a d’autre but que de pousser ces jeunes à se faire déclarer comme majeurs, et à permettre à l’Etat de les expulser plus facilement du territoire.
Nous avons vu en avant-première ce Vendredi 20 octobre, en partenariat avec l’AATM (Association pour l’Accueil des Travailleurs et des Migrants) ce film exceptionnel de Ken Loach, soutenu par la LDH. La projection a été suivie d’un débat.
On ne présente plus le réalisateur britannique ni son scénariste Paul Laverty, dont tous les films sont empreints d’un réel humanisme.
Celui-ci, peut-être le dernier du réalisateur (il a 87 ans), est un magnifique testament d’un humanisme fulgurant. S’emparant de la question de l’accueil des migrants (ici des Syriens ayant fui la dictature de Bachar al-Assad), il complexifie la question en situant l’action dans une petite ville sinistrée du fait de la fermeture des mines, à la population abandonnée par l’Etat ; la salle paroissiale, elle-même a disparu. Les maisons ont perdu toute valeur car qui voudrait s’installer dans ce lieu frappé par la misère sociale. Le pub demeure le seul endroit offrant un minimum de convivialité.
C’est là qu’une association d’accueil des migrants a acheté à bas prix trois maisons où loger 3 familles syriennes. TJ Ballantyne, le propriétaire du pub “The Old Oak”, un homme revenu d’une vie cabossée, donne un coup de main à l’installation des familles mais de peur de perdre la clientèle qui le fait vivre, il n’ose pas contredire les propos haineux et racistes tenus par les piliers du pub ; ce, jusqu’au jour où, sous le coup d’un drame personnel et grâce à la relation qui s’est créée avec Yara, une jeune fille syrienne autour de la photographie, il met à disposition l’arrière salle du pub pour y développer une cantine qui vient en aide aux plus démunis des habitants et devient un endroit de fraternisation. Ces moments de chaleur humaine vont être brutalement interrompus sous l’action de ceux qui accusent les migrants de tous leurs maux. Toutefois le film se clôt sur une note d’espoir dans une scène très émouvante de romantisme social naïf diront certains mais qui porte la croyance en la capacité des plus démunis de se porter assistance face au drame qui touche certains d’entre eux.
Ken Loach et Paul Laverty ont parcouru cette région du Royaume Uni pour documenter ce film qui sonne très juste et dont le personnage principal est joué par un comédien plus vrai que nature.
Le rythme du film, assez lent, épouse les hésitations de ce héros ordinaire. Les personnages sont bien caractérisés. La démonstration n’est jamais didactique ; les propos sont justes et répondent aux situations. Le film est ainsi un magnifique témoignage en faveur de l’accueil.
Ken LOACH – GB 2023 1h53mn VOSTF – avec Dave Turner, Ebla Mari, Claire Rodgerson, Trevor Fox, Chris McGlade… Scénario de Paul Laverty.
Au cinéma UTOPIA de Pont-Ste-Marie du 25/10/23 au 21/11/23
Après avoir passé quatre mois dans le parc de Belleville, dans le nord de Paris, plusieurs centaines de jeunes migrants – qui se déclarent mineurs – ont été pris en charge jeudi matin, à l’aube, pour être mis à abri en Ile-de-France. Un soulagement pour ces jeunes étrangers qui ne supportaient plus l’errance dans la capitale et la vie dans ce square sans eau, sans électricité et sans sanitaires.
Nour, Muhammad, Fabiola ou Ermina n’ont pas plus de dix ans. Leurs enseignants et des parents d’élèves les hébergent avec leur famille dans leur école, à Lyon. Un îlot de stabilité dans la vie de ces enfants à la rue.
Après l’avoir maintes fois repoussé, le gouvernement français a présenté ce lundi 18 septembre son plan pauvreté. Malgré des mesures contre la pauvreté chez les enfants, des places d’hébergement d’urgence et des aides pour le retour à l’emploi, les associations restent sur leur faim. Elles dénoncent principalement un manque d’ambition et la vision à court terme, sans travail structurel, sur la pauvreté en France.
14 % des ménages déclarent devoir se priver d’un confort qui parait « normal » en France. Malgré la baisse du chômage, cette proportion ne diminue pas.
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L’annonce d’un ministre fédéral sur l’accueil des demandeurs d’asile provoque la polémique en Belgique. La secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration a suspendu l’accueil des hommes isolés. Après avoir déposé une demande de protection, les migrants arrivés en Belgique doivent normalement se voir offrir un hébergement, mais la place manque.
Soutenus par des avocats et associations, une trentaine de jeunes se déclarant mineurs ont saisi le tribunal administratif de Nice jeudi, pour être pris en charge. Venus de Guinée et de Côte d’Ivoire pour la plupart, âgés de 13 à 17 ans, certains attendent depuis près de 15 jours une mise à l’abri.
CHLOÉ HÉBERGE CHAKA, UN JEUNE EXILÉ SUR SON CANAPÉ
Il y a quatre ans, Chloé a offert un toit, une nouvelle famille et un avenir professionnel à Chaka, un mineur ivoirien sans-abri. Insolite mais réussie, cette cohabitation extirpe la juriste d’une longue dépression.
Le gouvernement a décidé d’ouvrir 3 600 places d’hébergement temporaire en régions pour y transférer des sans-abris parisiens, dont beaucoup de migrants, sur la base du volontariat. Cette décision vise à soulager le dispositif d’hébergement d’urgence d’Île-de-France au bord de l’implosion, mais hérisse certains élus locaux.
En Grèce, une justice chaotique pour contrer les arrivées de migrants (1/2)
Un accusé arrive au tribunal de Mytilène, à Lesbos, lundi 9 janvier. Crédit : InfoMigrants
Le procès en appel de Mohammad Hanad, un migrant somalien condamné à 142 ans de prison en 2021 pour « facilitation d’entrées illégales » en Grèce, s’est tenu, lundi, sur l’île de Lesbos. Le lendemain, 24 bénévoles et travailleurs humanitaires, eux aussi accusés d’être des passeurs, ont comparu devant le même tribunal. Symboles de la criminalisation des migrants et de ceux qui leur viennent en aide, ces procès sont aussi la preuve criante d’une justice désorganisée. Reportages.
En Grèce, le procès « grotesque » de ceux qui aident les migrants 2/2
Un groupe de personnes, venues soutenir les 24 humanitaires jugés à Lesbos, brandissent une pancarte mardi 10 janvier à l’extérieur du tribunal de Mytilène. Crédit : InfoMigrants
Mardi, 24 humanitaires, accusés d’être des passeurs, ont comparu devant le tribunal de Mytilène, sur l’île grecque de Lesbos. La veille, le jugement en appel de Mohammad Hanad, un migrant somalien condamné à 142 ans de prison en 2021 pour « facilitation d’entrées illégales » en Grèce, s’était déjà tenu au même endroit. Reportages.
Les élus jugent que le ministre chargé du logement n’a pas tenu l’engagement qu’il avait pris en septembre. Olivier Klein avait alors exprimé sa « volonté » de ne pas voir d’« enfants à la rue » cet hiver.
Pour les deux associations, il y a urgence à ouvrir les lits vacants dans le centre d’accueil des Ukrainiens, particulièrement en cette période de grand froid. (Image d’illustration) AP – Graham Hughes
Alors que des personnes en situation de grande précarité dorment dans les rues, des dizaines de lits restent vides dans un centre d’hébergement d’urgence parisien destiné à l’accueil de réfugiés ukrainiens. Pour pouvoir y loger des sans-abri, peu importe leur nationalité, les associations Médecins du monde et Utopia 56 ont donc saisi la justice afin qu’elle ordonne à l’État d’ouvrir ces lits vacants à des personnes et des familles sans solution de logement.
Dans ce camp, nombreux sont ceux qui dorment à même des cartons, faute de tente, par des températures négatives. Crédit : InfoMigrants
Entre 300 et 400 migrants, majoritairement afghans, vivent dans un camp, sous un métro aérien, entre les stations La Chapelle et Stalingrad, dans le 18e arrondissement de Paris. Dans l’attente de pouvoir déposer leur demande d’asile, ils n’ont d’autres choix que de dormir là, par des températures parfois négatives. lls y bravent le froid autour de feux de camp faits à partir d’objets trouvés dans la rue.
Des bénévoles en maraude pour venir en aide aux sans abri alors que la neige est tombée surParis, en février 2021 (photo d’illustration). (SADAK SOUICI / LE PICTORIUM / MAXPPP)
Le plan grand froid a été lancé dans plusieurs départements lundi, Météo-France prévoyant des températures minimales négatives en Ile-de-France, dans les Hauts-de-France et le Grand Est notamment, après plusieurs jours de températures inférieures aux normales saisonnières.