Tunisie : Abir Moussi, la leader de l’opposition frappée à coups de poing au parlement


Abir Moussi NurPhoto via AFP


Une scène d’une violence inouïe s’est déroulée le 30 juin au cœur de l’Assemblée tunisienne. Deux députés islamistes ont frappé, à quelques heures d’intervalle, Abir Moussi, chef de l’opposition, présidente du Parti destourien libre.


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Le Mai des ouvriers




La CGT a déploré « 21 blessés dont quatre graves » lors de « violences inacceptables contre le monde du travail », samedi 1er mai après la traditionnelle manifestation parisienne pour célébrer la journée internationale des travailleurs durant laquelle elle s’est sentie « particulièrement ciblée »

Aujourd’hui, une petite piqure de rappel s’impose. Relisons Judith Blanchon dans le N°12 du magazine L’HISTOIRE de mai 1979.


II fut un temps où le 1er Mai n’avait rien d’une fête, où les forces de l’ordre étaient, ce jour-là, sur le pied de guerre.

Le 1er Mai a pris aujourd’hui les tournures d’une fête bon enfant : l’Etat en a fait une journée chômée, l’Église la fête de saint Joseph charpentier et, on ne sait quelle tradition, la foire du muguet. Il fut un temps où le 1er Mai n’avait rien d’une fête, où les bons chrétiens redoutaient les fureurs prolétariennes et où la rouge églantine remplaçait aux boutonnières les clochettes porte-bonheur. L’idée que ce pût être la « fête du travail » jetait dans l’indignation les militants de jadis, tel Émile Pouget, alias le « Père Peinard », disant de ces tentatives de « récupération » : « Pour un peu, les richards auraient payé les violons afin que leurs prolos se trémoussent ferme, car « qui danse dîne ! » Et le populo a mordu à l’hameçon que lui ont tendu les foireux politiciens qui se sont fichu un masque socialard. » Dans son style anar, Pouget dénonçait l’évolution, vers les flonflons rassurants, d’une histoire qui avait commencé dans le sang. Nous n’en étions pourtant qu’aux premières années du XXe siècle et Pouget n’avait pas tout vu !

Les pendus de Chicago

L’histoire du 1er Mai est faite de deux éléments principaux qui ont fini par s’assembler et devenir explosifs : la revendication des huit heures de travail et l’instrument de la grève générale [1].

Au début de la révolution industrielle, il n’y a pas de limitation légale du temps de travail. Dans les manufactures puis dans les usines, hommes, femmes, enfants passent douze à dix-sept heures quotidiennes, sans que l’Etat intervienne. Quelques individus, philanthropes, utopiques, dénoncent, d’abord en Angleterre, où l’industrialisation a été précoce, l’exploitation sauvage du travail humain. Parmi eux, Robert Owen, industriel aux idées avancées, champion d’un socialisme communautaire et expérimental, fondateur d’utopies concrètes, homme de cœur et d’action n’épuisant pas ses facultés de compassion dans le communisme littéraire, est un des tout premiers, sinon le premier, à concevoir et à proclamer les huit heures comme temps de travail idéal pour la condition humaine.

Dans un Catéchisme qu’il diffuse au cours des années 1830, il déclare : « Huit heures de travail et une bonne organisation du travail peuvent créer une surabondance de richesses pour tous. » Des patrons éclairés lui emboîtent le pas, en attendant que le mouvement ouvrier anglais, appuyé sur ses trade-unions et sur des comités spéciaux, reprenne avec force cette revendication qui devient un mot d’ordre pendant plus d’un demi-siècle.

En Angleterre donc, en France, aux États-Unis, on réclame la réduction des horaires de travail. Pour l’obtenir, des grèves ont lieu, éparses, interdites, réprimées… Un début de législation sociale suit. En Angleterre, le Parlement est poussé à voter, le 8 juin 1847, le bill des dix heures, après avoir fixé des maxima au travail des enfants. En France, la révolution de 1848 marque une étape décisive. Le 2 mars, en effet, le gouvernement décrète: « La journée de travail est diminuée d’une heure. En conséquence, à Paris, où elle était de onze heures, elle est réduite à dix ; et, en province, où elle avait été jusqu’ici de douze heures, elle est réduite à onze. » Toutefois, la montée de la contre-révolution, renforcée par l’épisode sanglant des journées de Juin, efface ce premier effort de législation du travail en France : le décret du 2 mars se trouve abrogé par la loi du 9 septembre qui fixe à douze heures le maximum de travail horaire dans les usines et les manufactures et autorise tant de possibilités de dérogation qu’elle redonne à peu près son pouvoir discrétionnaire au patronat.

Toutefois, dans la seconde moitié du XIXe siècle, le mouvement ouvrier, en Angleterre, en France, en Allemagne, aux États-Unis, et bientôt dans une vingtaine de pays, cesse d’être une simple idée, quelques révoltes épisodiques ou du papier imprimé : on s’organise. Le régime autoritaire du Second Empire doit même, la même année 1864, tolérer le droit de coalition (c’est-à-dire la grève) et la création de l’Association internationale des travailleurs, plus connue sous le nom de Première Internationale. Celle-ci reprend bientôt à son compte ce qui était devenu la vieille revendication des huit heures. Pourtant, c’est plus tard, dans la lointaine Amérique, qu’on trouve l’origine directe du 1er Mai.

Les Chevaliers du Travail, organisation ouvrière issue d’une société secrète, connaissent leur apogée en 1886, date à laquelle ils comptent 700 000 adhérents ; leurs actions sont multiples : coopératives, grèves, boycotts… Ils vont soutenir alors de toute leur puissance un mot d’ordre lancé par la Federation of Organised Trades and Labor Unions, en son congrès de Chicago en novembre 1884 : qu’à partir du 1er mai 1886, la journée légale de travail serait de huit heures. La campagne d’agitation fut suivie au jour dit de grèves et de manifestations. Selon Gabriel Deville, le jour du 1er mai avait été choisi en raison de la place tenue par cette date dans le calendrier : c’était le commencement de l’année de travail pour le louage des services (le moving-day). Les grèves et les manifestations furent suivies, le 3 mai 1886, d’un meeting organisé par les anarchistes à Chicago. Au cours de cette réunion tenue à Haymarket square, une bombe est jetée sur le service d’ordre, blessant une soixantaine de policiers. La répression qui s’ensuit est impitoyable et s’achève par un procès truqué de huit militants inculpés sans preuve : cinq d’entre eux sont pendus. L’attentat de Haymarket brise la sympathie de l’opinion pour les syndicats. C’est dans une atmosphère haineuse de lynchage qu’a lieu le procès et le mouvement ouvrier américain en sort gravement atteint. Mais les pendus de Chicago sont devenus les martyrs de la cause ouvrière : l’histoire du 1er Mai commence.

« Flotte au vent rouge drapeau »

En Europe, l’échec de la Commune de Paris avait précédé de quelques années la disparition de la Première Internationale. Les années 1880 connaissent un nouvel essor syndicaliste et socialiste. Les huit heures reviennent à l’ordre du jour. En 1888, le syndicat des ouvriers du meublé de Stockholm propose une manifestation internationale à date fixe pour propager les revendications ouvrières. De fait, en février 1889, des journées nationales sont organisées en Suède, en France, aux États-Unis : restait à n’en faire qu’une seule et dans tous les pays. Ce fut le premier congrès de ce qu’on appela la Deuxième Internationale, réuni à Paris en juillet 1889, qui en décida. Il fut alors prévu « une grande manifestation internationale à date fixe, de manière que, dans tous les pays et dans toutes les villes à la fois, le même jour convenu, les travailleurs mettent les pouvoirs publics en demeure de réduire légalement à huit heures la journée de travail… » Le 1er Mai fut la date retenue: on s’alignait ainsi sur la décision prise l’année précédente par l’AFL (Américain Federation of Labor) d’organiser une grande manifestation ouvrière pour le 1er mai 1890.

En raison des dissensions profondes qui affaiblissent alors le mouvement socialiste, de l’hostilité des anarchistes à Paris qui récusent l’origine « politicienne » de la journée, ce premier 1er Mai international n’eut pas toute l’ampleur souhaitée par ses organisateurs, d’autant qu’en France, le ministre de l’Intérieur Constans, fort de ses succès sur les boulangistes, avait prodigué les mesures d’interdiction et d’intimidation. Il y eut pourtant des affrontements et une délégation ouvrière fut reçue par le président de la Chambre. C’est à Vienne, dans la Drôme, que le 1er Mai fut le plus chaud. Louise Michel en avait été l’âme ardente.

A cette époque, l’ancienne communarde, la « Vierge rouge », l’ancienne proscrite de Nouvelle-Calédonie, était devenue l’un des missionnaires les plus fervents de l’anarchie. De ville en ville, elle va prêchant l’amour du genre humain et la haine de l’oppression. Le 29 avril, elle est à Vienne : « La terre suffit à tous, crie-t-elle. Ne mendiez pas, le 1er mai, ce que vous avez le droit d’exiger. Marchez la tête haute. Souvenez-vous que vous êtes la force. La manifestation du 1er mai doit revêtir un caractère révolutionnaire, annoncer l’avènement de la Révolution sociale. Nos amis de Chicago sont morts pour une idée, pour l’idée révolutionnaire. C’est le sort que je souhaite pour moi. » Le lendemain, Louise Michel est arrêtée à Paris, à la gare de Lyon. A Vienne, la grève le 1er mai est à peu près générale.

Tous les ans, désormais, la grande manifestation internationale a lieu. En 1891, surgit le drame de Fourmies, petite cité ouvrière du Nord. Lors d’incidents éclatés entre grévistes et non-grévistes, la troupe appelée par le sous-préfet sur la demande du patronat local charge une première fois ; lors d’un autre affrontement, dans l’après-midi, avec les ouvriers, les soldats font feu sans sommation : quatre-vingts personnes sont touchées ; on compte finalement dix morts. Quelques jours plus tard, à la Chambre, Clemenceau lance à une majorité hostile cet avertissement: « Il y a quelque part sur le pavé de Fourmies une tache de sang innocent qu’il faut laver à tout prix… Prenez garde ! Les morts sont de grands convertisseurs… »

Ironie de la politique ! C’est le même Clemenceau, mais devenu ministre de l’Intérieur, qui doit affronter une des plus dures batailles de l’histoire du 1er Mai : celle de 1906. La façade de la Bourse du Travail avait fièrement annoncé sur une large banderole: « A partir du 1er mai 1906, les travailleurs ne feront plus que huit heures. » Nous étions alors aux heures de gloire du syndicalisme révolutionnaire ; les grandes accordailles du radicalisme et de l’extrême gauche qui avaient suivi l’Affaire Dreyfus n’étaient plus de saison. La CGT, aux mains des « anarcho-syndicalistes », attendait la révolution de la grève générale. Dans les jours qui précédèrent le 1er mai, la bourgeoisie de la capitale donna des signes visibles d’affolement : dans tous les beaux quartiers on dévalisait les magasins d’alimentation pour entasser des provisions ; ceux qui le pouvaient fuyaient Paris pour Londres ou Genève; partout on improvisait des fortifications. Quant à Clemenceau, il ne perdait pas son temps et démontrait ses talents d’homme d’ordre, déployant à travers Paris plus de 50 000 soldats. Au jour « J », ce fut une série de bagarres, des ruades lancées par les gardes républicains à cheval, des centaines d’arrestations…

C’est encore Clemenceau, cette fois chef de gouvernement, qui eut à affronter cet autre 1er Mai resté dans les mémoires : celui de 1919. Le 23 avril, le Parlement français avait enfin voté la loi des huit heures mais, lors de ce 1er Mai d’après-guerre, en ce printemps où l’Europe brûle presque partout d’une fièvre révolutionnaire, la grève générale atteint des proportions record.

Les années passant, la journée autrefois redoutée a été peu à peu légalisée. Fête légale, la journée du 1er Mai le devint d’abord en URSS, puis dans l’Allemagne de Hitler, dans la France de Pétain (loi du 12 avril 1941)… Ce n’était pas tout à fait cette « fête de l’Histoire » qu’avait chantée Eugène Pottier :

« Nous chantons notre Premier Mai
Notre union, c’est la victoire.
Lorsque nous crions : En avant !
Sous notre élan, la terre bouge,
Et sur notre front claque au vent
Le grand frisson du drapeau rouge. »

NOTE

1. Voir l’irremplaçable Histoire du Premier Mai, par Maurice Dommanget, Paris,. Editions de la Tête de Feuilles, 1972, 452 p.


Déflagrations, des dessins d’enfants pour parler de la guerre et des violences

« Déflagrations », exposé au Mucem, c’est la guerre des adultes vue à hauteur d’enfants à travers une collection exceptionnelle de plus de cent cinquante dessins, de la Première Guerre mondiale à la Syrie contemporaine. L’exposition est un hommage au geste de création des enfants qui dans ces guerres, ont repris une forme de langage, celui de tracer, de dessiner, de se dessiner.  © ©Mucem/Julie Cohen



En attendant la réouverture du Mucem, découvrez l’exposition “Déflagrations” à l’occasion d’une émission spéciale diffusée sur les réseaux sociaux le dimanche 25 avril 2021 et visible ci-dessous.


Najah Albukai, l’artiste qui raconte en dessins l’horreur des prisons syriennes


InfoMigrants est allé à la rencontre de l’artiste syrien Najah Albukai qui a été emprisonné deux fois dans les terribles geôles d’Assad, en 2012 et 2014. À travers des dessins et des gravures, le dessinateur, aujourd’hui réfugié en France, expose à Paris pour raconter ce que personne ne voit : l’intérieur des prisons du régime. Plongée au cœur de l’horreur.


Rixes entre bandes rivales : Face aux faits de violences entre jeunes, privilégions l’action sociale, l’éducation et la médiation !

Lancement du site « Parcours victimes »






« Quelle que soit la cause de leur malheur toutes les victimes ont le droit à des aides »

Jérôme Bertin, directeur général de France Victimes, une fédération qui regroupe 130 associations d’aides aux victimes, détaille lundi sur franceinfo le fonctionnement du site  parcours-victimes.fr que lance son organisation.

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TÉMOIGNAGE – Une étudiante strasbourgeoise agressée parce qu’elle portait une jupe

Une étudiante strasbourgeoise a été insultée et frappée au visage vendredi 18 septembre parce qu’elle portait une jupe. Elisabeth dénonce un climat de plus en plus malsain et dangereux pour les jeunes femmes à Strasbourg.

Elisabeth a été insultée et frappée au visage par trois hommes à Strasbourg, pour la simple raison qu'elle portait une jupe
Elisabeth a été insultée et frappée au visage par trois hommes à Strasbourg, pour la simple raison qu’elle portait une jupe © Radio France – Luc Dreosto

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Être handicapé augmente le risque de subir des violences, surtout pour les femmes

Mercredi 22 juillet 2020 à 12:10 – Par Margaux StiveFrance Bleu

Les personnes handicapées et plus particulièrement les femmes ont plus de risques de subir des violences, selon une étude publiée ce mercredi. Elles sont aussi plus nombreuses à exprimer un sentiment d’insécurité près de chez elles.

16% des personnes handicapées ont déjà renoncé à sortir de chez elles pour des raisons de sécurité

16% des personnes handicapées ont déjà renoncé à sortir de chez elles pour des raisons de sécurité © Maxppp – Richard Villalon



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Actualités de la section

Alors que l’actualité récente reprend des violences impliquant la communauté tchétchène à Dijon, que Nice a été le théâtre de fusillades, que Rouen a échappé à un « raid »courant mai, nous souhaitons reprendre cet article que nous espérions voir publié dans la presse locale. .

« EST-CE AINSI QUE LES HOMMES VIVENT ? »

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« LA RÉPUBLIQUE N’A D’AVENIR QU’ÉGALE, SOLIDAIRE ET FRATERNELLE »

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MISE AU POINT APRÈS LE RASSEMBLEMENT DU 12 JUIN 2020 PLACE DE L’HÔTEL DE VILLE

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Violences

par Rémy Dufaut, 04/06/2020

Autant que l’on puisse tenter de prendre ses distances avec l’actualité, celle-ci n’étant pas vraiment de nature à nous apporter la sérénité dont nous aurions tellement besoin en ces temps troublés, elle ne peut nous échapper, à moins d’avoir opté pour une retraite sous le soleil de l’île caliente d’Ibiza ou dans un ancien monastère retiré des collines piémontaises, voire pour une déconnexion digitale totale dans la campagne british… ce qui ne nous sera vraisemblablement possible qu’à partir du 15 juin prochain.

En attendant, je ne peux m’empêcher d’établir un parallèle entre les violences faites aux femmes et les violences policières exercées envers les manifestants, en particulier lorsqu’ils affichent ouvertement leur pacifisme, et les habitants des banlieues, particulièrement défavorisés durant la crise sanitaire. Si la fréquence des unes semble avoir augmenté de 30 % durant la période de confinement, en ce qui concerne les autres un Français sur  trois ne se sentirait pas en sécurité face à la police.

Ce qui nous interroge sur la nature humaine, les conjoints ou ex-conjoints violents autant que les membres des forces de l’ordre demeurant, jusqu’à preuve du contraire, dotés de facultés intellectuelles au moins suffisantes pour considérer leurs victimes comme des êtres qui méritent de vivre au même titre qu’eux.

Le documentaire choc diffusé ce mardi 2 juin sur France 2, après une année d’enquête menée par la rédaction du Monde, démontre clairement que les auteurs de féminicides peuvent être doués d’une sensibilité comme tout le monde et que rien ne les prédispose a priori, même s’ils portent eux-mêmes une histoire parfois compliquée, à devenir des meurtriers.  « Le féminicide, c’est l’étape ultime de la domination masculine ». «Le féminicide n’est exercé ni par l’amour ni par la folie, c’est un crime de propriété».

*

Le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner a jugé « faux et injustes » les propos de la chanteuse Camélia Jordana qui avaient beaucoup fait réagir, lorsqu’elle a déclaré : « Il y a des milliers de personnes qui ne se sentent pas en sécurité face à un flic, et j’en fais partie ». D’après le sondage IFOP pour l’Express, 43% seulement des Français auraient encore confiance en leur police et, ce qui semble plus grave encore, ils sont 20 % à faire part de leur « inquiétude » et 10 % de leur « hostilité » face aux forces de l’ordre. 

Après la mort à Minneapolis de George Floyd, afro-américain, asphyxié par un policier blanc le 25 mai dernier, et qui provoque depuis de vives émeutes Outre-atlantique, les 4 ans d’enquête sur la mort en juillet 2016 de Adama Traoré lors d’un contrôle de police musclé dans le Val d’Oise n’ont toujours pas établi les causes de son décès, les expertises ne cessant de se contredire. Christophe Castaner a beau promettre des « sanctions exemplaires » pour chaque « faute raciste » dans la police, les citoyens français font toujours les comptes des blessés, à l’issue des diverses manifestations, et des mauvais traitements infligés, lors des contrôles de police souvent effectués « au faciès ».

Le journaliste, écrivain et documentariste, David Dufresne annonce dès 2019, dans son réquisitoire publié sous forme de roman Dernière sommation que « la police a blessé en quelques mois autant de manifestants qu’en vingt ans ». Il a décompté 860 cas, vérifiés et documentés, de violences policières durant les mobilisations de « gilets jaunes » , entre les mois de décembre 2018 et juin 2019. Parmi les 4439 blessés (selon un décompte du ministère de l’Intérieur), (dont 1944 du côté des forces de l’ordre), il dénombre 25 personnes éborgnées, 5 ayant eu une main arrachée, 1 amputé d’un testicule, 1 ayant perdu l’odorat. L’Inspection générale de la Police nationale a initié 313 enquêtes pour soupçons de violences policières. 11 personnes ont perdu la vie en marge de ces manifestations.

Pendant le confinement, plusieurs plaintes ont été déposées pour des violences policières dans le cadre de « contrôles musclés » dans les banlieues, vidéos à l’appui. Fin mars, plusieurs associations, parmi lesquelles Human Rights Watch et la Ligue des Droits de l’Homme, ont alerté le ministère de l’Intérieur sur ces contrôles policiers « abusifs » et des « violences » pour faire respecter le confinement.

Au moins 20 000 personnes, plutôt jeunes en majorité, se sont rassemblées malgré l’interdiction ce 2 juin devant le tribunal de grande instance de Paris, pour dénoncer les violences policières. Il n’y a pas qu’en France et aux États Unis que la colère gronde. Elle se propage également au Canada, en Irlande, au Brésil ou en Palestine.

« Derrière un homme qui tue sa femme, il y a l’échec de toute une société ». « Ces meurtres nous engagent tous. Nous, la société entière ». «L’idée est aussi de dire que derrière un homme qui tue sa femme, c’est toute la société qui n’a pas réussi à l’empêcher et qu’on est tous un peu responsables collectivement», souligne la réalisatrice du documentaire Féminicides.

« Le désir fleurit, la possession flétrit toute chose. » Marcel Proust

Les violences policières en nette progression, les violences tout court, ne sont-elles pas représentatives d’un monde qui va mal  et devant l’évolution duquel on se trouve impuissant ? Maurice Grimaud, préfet de police de Paris en 1968, disait « Frapper un manifestant tombé à terre, c’est se frapper soi-même en apparaissant sous un jour qui atteint toute la fonction policière. » La violence d’aujourd’hui n’est-elle pas l’expression de l’impuissance, la marque de la faiblesse des pouvoirs ?

« La violence est le dernier refuge de l’incompétence. » Isaac Asimov

VIOLENCES SEXISTES ET INTRAFAMILIALES À L’HEURE DU CONFINEMENT

Violences sexistes et intrafamiliales à l’heure du confinement