En Lybie : «L’assistance humanitaire n’est jamais suffisante dans des désastres pareils»
L’urgence humanitaire en Libye, une semaine après les inondations catastrophiques qui ont frappé l’est du pays, en particulier la ville de Derna… Quelle est la situation sur place, de quoi souffrent les survivants, les sinistrés ? Entretien avec Elie Abou Aoun, directeur Libye de l’ONG International Rescue Committee (IRC).
Maroc: le difficile accès à Moulay Brahim, dans les montagnes, les zones les plus touchées
Au Maroc, le dernier bilan officiel, toujours provisoire, du séisme qui a ravagé, le soir du vendredi 8 septembre, le sud du pays, fait état d’au moins 2 122 morts et d’au moins 2 421 personnes blessées. Le cabinet royal a décrété, samedi, trois jours de deuil national. L’épicentre a été enregistré dans la province d’Al-Haouz, à une cinquantaine de kilomètres de Marrakech. Reportage à Moulay Brahim.
Inondations en Libye : la Croix-Rouge compte 10.000 disparus et s’attend à un nombre « énorme » de morts
Les pluies torrentielles et les inondations en Libye ont fait un nombre « énorme » de morts, a indiqué mardi un responsable de la Croix-Rouge, évoquant 10.000 disparus. D’après le gouvernement de Tripoli, il y a déjà au moins 2.300 morts.
Médecins sans frontières (MSF) a décidé de mettre fin à ses activités médicales dans les prisons de la capitale libyenne. L’ONG estime ne plus être en mesure de « prodiguer convenablement des soins » aux migrants enfermés dans ces structures. MSF continue néanmoins sa mission dans les autres centres de détention du pays. InfoMigrants s’est entretenu avec Federica Franco, chef de mission de MSF Pays-Bas en Libye.
À l’heure où la Tunisie et la Libye annoncent un accord pour reprendre en charge les migrants abandonnés dans le désert à la frontière entre leurs deux pays, le bilan des morts suite à ces abandons est désormais d’au moins 27 morts, estime Tripoli. Le Comité des droits de l’homme libyen évoque même un décompte de 35 morts.
Quinze corps sans vie de migrants subsahariens ont été trouvés par les garde-frontières libyens. Les autorités tunisiennes avaient expulsé des centaines de migrants vers une zone désertique à la frontière libyenne début juillet. Selon l’ONG Human Rights Watch, quelque 1 200 personnes ont été renvoyées vers la frontière avec la Libye et avec l’Algérie. Depuis, le Croissant rouge tunisien a secouru quelque dizaines d’entre eux. D’autres n’ont pas eu cette chance et sont toujours bloqués dans la zone désertique de Ras Jdeir.
La mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul) a exprimé lundi sa « préoccupation » face à la détention arbitraire massive de migrants, dont des femmes enceintes et des enfants. Des milliers d’exilés ont été interpellés ces dernières semaines dans la rue ou à leur domicile, et envoyés en centre de détention.
Le Conseil européen a renouvelé pour deux ans son soutien financier et matériel aux autorités libyennes. Dans le cadre de cet accord, l’Union européenne forme les garde-côtes libyens et leur fournit des navires dans le but d’empêcher les migrants de rejoindre l’Europe. Ce partenariat a été maintes fois dénoncé par des ONG, qui accusent l’UE de « complicité » avec les atrocités commises envers les exilés en Libye.
« Le Monde » a identifié l’origine de sept images aériennes publiées par les garde-côtes libyens sur leurs pages Facebook. Elles ont été réalisées par des appareils de surveillance de Frontex, et montrent comment les activités de l’agence européenne facilitent des interceptions par les Libyens en Méditerranée. Frontex a toujours soutenu ne pas collaborer avec les garde-côtes libyens, et la Libye n’est pas considérée par l’Europe comme un lieu de débarquement légitime.
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Des migrants bangladais, syriens, égyptiens ont été ramenés en Libye par les « forces spéciales de la marine », à proximité de Benghazi, dans l’est du pays, où les départs se sont multipliés dernièrement. Ils étaient quelque 650 à bord d’un chalutier en direction des côtes européennes.
Ekrame Boubtane est maîtresse de conférence à l’Université Clermont Auvergne et chercheuse associée à la Paris School of Economics. Elle est spécialisée sur les effets économiques de l’immigration et a travaillé sur les questions de l’accueil des migrants en Europe. Damien Carême, député européen EELV, est engagé de longue date pour l’accueil des personnes migrantes. Ils sont les invités du Grand angle de TV5MONDE.
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Les enquêteurs des Nations unies ont lancé des investigations visant à confirmer l’existence de fosses communes de migrants évoquée par des exilés auprès de l’organisation internationale. Dans un rapport publié lundi, l’ONU dresse un bilan désastreux de l’état des droits humains en Libye et dénonce les tortures et violences systématiques dont sont victimes les exilés.
Selon l’OIM, 32 425 migrants ont été interceptés alors qu’ils tentaient de traverser la Méditerranée en 2021 et ramenés en Libye, pays qu’ils cherchent à fuir. C’est près de trois fois plus qu’en 2020.
Dans l’ombre du naufrage survenu au large de Calais, 75 personnes ont perdu la vie au large des côtes libyennes, le 17 novembre. Avec plus de 1 300 vies perdues depuis janvier sur l’une des routes les plus dangereuses du monde, l’année 2021 est d’ores et déjà plus meurtrière que chacune des trois années précédentes.
Dans un message radio diffusé par l’ONG Sea-Watch, les autorités libyennes ont exhorté hier d’un ton menaçant l’équipage du navire humanitaire allemand à quitter la zone de sauvetage où il se trouvait. Au risque de se faire « emmener en Libye ». Ce n’est pas la première fois que l’ONG fait face aux menaces des autorités maritimes libyennes en mer Méditerranée.
Des crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité ont été commis en Libye, y compris l’utilisation d’enfants soldats, selon un rapport d’enquête d’experts de l’ONU qui se sont rendus sur place.
Les civils ont payé un lourd tribut durant les hostilités de ces cinq dernières années, souligne les experts onusiens. Des raids aériens ont tué des dizaines de familles, les infrastructures de santé ont été détruites, empêchant l’accès aux soins et les mines antipersonnel laissées par des mercenaires dans les quartiers résidentiels ont tué et blessé de nombreux civils.