Nous avons beaucoup parlé des élections américaines et de leurs résultats au cours des dernières semaines. Certains lecteurs du Brief du Jour nous ont envoyé des messages : « Hé, vous savez que le monde ne se résume pas aux États-Unis, n’est-ce pas ? ».
En effet. Alors, aujourd’hui, rappelons-nous ce qui se passe ailleurs dans le monde.
Voici douze autres actualités des droits humains que nous avons couvertes récemment. Plutôt que de se concentrer sur des événements qui retiennent généralement l’attention des médias internationaux – comme les atrocités commises dans le cadre des conflits en expansion au Moyen-Orient et en Europe de l’Est -, il s’agit d’histoires dont on n’entend pas souvent parler dans les médias.
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Plus d’un milliard de personnes dans le monde souffrent de pauvreté « aiguë », dont la moitié sont des mineurs, a dénoncé jeudi le Programme des Nations Unies pour le Développement (Pnud).
Le Canard Enchaîné vient de publier les 24 et 31 juillet une série de deux articles sous le titre « Ces guerres lointaines que tout le monde préférerait oublier ».
L’agression russe en Ukraine et la destruction punitive de Gaza par Israël saturent l’espace médiatique. Pendant ce temps, près d’une dizaine d’autres conflits parfois plus meurtriers encore, sont sortis des écrans radars ou, au mieux, y clignotent faiblement.
Le Canard Enchaîné s’est livré à un tour d’horizon macabre, en deux actes de ces guerres mises au rancart.
HB
Au Yemen, la machine houthis :
La guérilla menée par les rebelles houthis pro-iraniens constitue le prolongement maritime d’un conflit déclenché en 2014. Celui-ci oppose ces insurgés zaydites à un ersatz de gouvernement maintenu à flot par la coalition que conduit l’Arabie saoudite, sans pour autant empêcher les houthis de contrôler un bon quart du territoire dont Saana et de maintenir les deux tiers des Yéménites sous leur férule rétrograde. Pour le pays le plus pauvre de la péninsule Arabique, le bilan humain est très lourd : 400 000 morts dues aux effets collatéraux du conflit (famine, épidémies et pénurie d’eau), 4,3 millions de déplacés et un rescapé sur deux dépendant d’une aide internationale chichement octroyée.
Une Syrie à la découpe
Le retour en 2023 de la Syrie au sein de la Ligue arabe ferait-elle oublier l’écrasement de l’élan démocratique parti de Deraa en mars 2011 et la longue tuerie fatale à 500 000 civils piégés entre les djihadistes et Bachar El Assad, soutenu par la Russie et l’Iran. Pendant que les soudards de l’Etat islamique continuent à harceler les forces kurdes et l’armée de Damas et que la Syrie, terrain de jeu des combattants du Hezbollah libanais des pasdarans iraniens, est devenue le champ de bataille de la guerre de l’ombre que se livrent Israël et Téhéran, aucune solution politique est en vue, admet un envoyé spécial de l’ONU.
Paix à Bakou, mais hors de prix
Il a fallu trois décennies, deux guerres, 40 000 morts et l’exode de 100 000 civils pour sceller le sort du Haut-Karabakh, enclave arménienne en territoire azerbaïdjanais, stabiliser la situation et obtenir une paix dont le coût humain est très élevé. Depuis, le dictateur de Bakou, Ilham Aliyev, a d’autres appétits territoriaux en voulant souder à son royaume l’îlot azéri (en terre arménienne) du Nakhitchevan et annexer la région de Syunik.
Le Myanmar à bout
Sous la menace d’un exode perpétuel, les civils de l’ex-Birmanie paient un tribut écrasant à un « cauchemar sans fin » selon l’ONU. Depuis 2017 le taux de pauvreté a doublé et la moitié des 54 millions de Birmans vivote avec moins de 0,70 euro par jour. Le pays craque de partout. Dans l’Etat de Rakline, l’armée d’Arakan constitue une milice rebelle vouée à la défense de la communauté rohingya dont 1 million de ses membres ont fui au Bangladesh. La Cour internationale de justice de La Haye a ouvert une enquête pour actes de génocide. D’autres guérillas défient les putschistes dans plusieurs régions du pays.
République démocratique du Congo (R-décès)
Des centaines de milliers de civils sont pris en étau par les combats qui opposent l’armée congolaise et miliciens tutsis du M23, épaulés par l’armée rwandaise et qui laissent présager d’une guerre ouverte entre la RDC et le Rwanda. Les casques bleus se retirent progressivement de la Monusco. Le Nord-Kivu est ravagé par les tueries et les pillages par les Forces démocratiques alliées, rébellion musulmane venue d’Ouganda qui a fait allégeance à l’Etat islamique. Sept millions de civils ont été déplacés, dont 2,5 pour le Nord-Kivu. Au-delà de ces chiffres effarants, un bilan d’une cruauté indicible qui fait état d’exactions, notamment sexuelles, commises de part et d’autre de la RDC, dont témoigne le gynécologue obstétricien Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018.
Le Soudan et leurs soudards
Depuis 2023, le Soudan est le théâtre dévastateur de combats entre le « Président » de fait, Abdel Fattah al-Burhane, patron de l’armée, soutenu par l’Egypte, et le gourou des Forces de soutien rapide (FSR), Mohamed Hamdane Daglo, champion des Emirats arabes unis. Sur la quasi-totalité du territoire du Darfour, les FSR menacent de génocide les autochtones non arabes tandis que les forces de Burhane répliquent à coups de raids aveugles et que les combats gagnent El Facher pôle vital pour l’acheminement de l’aide humanitaire. Le bilan humain est effrayant : plus de 15 000 morts, 9 millions de déplacés, 25 millions de vie suspendues à l’assistance extérieure dont 5 au seuil de la famine et une flambée d’épidémies. Près de 700 000 civils avaient auparavant fui vers le Soudan du Sud, pays né en 2011 et déchiré par une guerre civile à épisodes, qui a été fatale entre 2013 et 2018 à 400 000 habitants.
Sahel, le troublant trou noir
Le Mali, le Niger et le Burkina Faso s’enfonce au fil des mois dans le chaos. Les juntes au pouvoir, qui ont bâillonné les média, la justice et les dissidences et qui ont chassé leurs partenaires occidentaux, n’ont pas tenu leur promesse de battre en retraite les djihadistes qui continuent de semer la mort dans les campagnes. En riposte, les régimes kaki n’hésitent pas à exterminer, avec le concours d’instructeurs russes, les villageois soupçonnés de complicité avec l’ennemi. Selon HRW , l’armée burkinabée a massacré, le 25 février dernier, 233 civils dont une cinquantaine d’enfants à l’extrême nord du pays. L’alliance des Etats du Sahel est un échec et la France concède qu’elle n’a plus aucun levier d’action ni d’influence et que le Sahel est devenu un trou noir.>
L’Ethiopie ou les Abysses abyssins
Deuxième pays le plus peuplé d’Afrique avec 120 millions d’habitants, l’Ethiopie n’en finit pas de subir les conséquences d’un découpage en états régionaux, sur des critères ethnolinguistiques, et des appétits identitaires qui, entre 2020 et 2022, se sont traduits par des combats et 800 000 morts ainsi que par une alliance entre le Premier Ministre Abity Ahmed et l’Erythrée pour terrasser l’insurrection séparatiste du Tigré. A la mi-avril, des combats ont ensanglanté le secteur de Raya. Les milices d’ « autodéfense » et les troupes d’Addis-Abeda sèment partout la terreur. HWR indique que les tueries de civils par les forces gouvernementales sont devenues le lot quotidien d’un nombre incalculable d’Ethiopiens dans les zones de conflit. L’ONU estime que 11 millions d’entre eux sont en train de plonger dans une insécurité alimentaire aiguë, conséquence de l’afflux des réfugiés venus de Somalie, d’Erythrée et des Soudan et de l’alternance de sécheresses et de déluges dantesques.
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Après cette quinzaine mouvementée, presque exclusivement consacrée à la France, et en attendant le verdict de demain soir, les doigts croisés, voici quelques nouvelles du monde.
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Iran: la fin des pendaisons en séries et la liberté pour les femmes ?
Bénin-Niger, Mauritanie, Joe Biden, Royaume-Uni… L’actualité vue par les éditorialistes africains
Au sommaire : Le dialogue a repris entre le Bénin et le Niger. Va-t-on vers une normalisation des relations entre les deux pays ? En Mauritanie, retour sur la réélection du président sortant Mohamed Ould Ghazouani. Aux États-Unis, après la prestation ratée de Joe Biden face à son concurrent Donald Trump, ils sont de plus en plus nombreux à demander un retrait du président de la course à la Maison Blanche. Un remplacement est-il réellement envisageable ?
Éthiopie : L’armée attaque le système de santé lors du conflit dans l’Amhara
Les autorités devraient protéger les personnels soignants et les patients, et s’assurer que les forces ayant commis des abus soient tenues responsables.
Au printemps 1994, plus de 800 000 Tutsis ont été massacrés au Rwanda. La France le savait et a laissé faire… Elle a aussi accueilli de nombreux responsables du génocide. Depuis plus de 20 ans, le couple franco-rwandais formé par Alain et Dafroza Gauthier lutte pour faire juger les responsables et reconnaître le rôle de la France dans ce génocide. À l’occasion de la commémoration des 30 ans du génocide, Alain Gauthier dresse le bilan de plus de vingt ans d’action pour la justice. Le combat des Gauthier est le sujet d’une bande dessinée parue aux éditions Steinkis et d’un documentaire télévisé et tous deux intitulés : « Rwanda, à la poursuite des génocidaires ». Rencontre avec Alain Gauthier afin d’évoquer avec lui le combat d’une vie.
En Tunisie, Kaïs Saïed organise sa présidentielle sans opposant
Même s’il n’a pas encore annoncé sa candidature, le chef de l’Etat multiplie les arrestations et les poursuites judiciaires contre les leaders des partis politiques d’opposition.
« C’est le prix de nos vies » : après neuf mois de guerre dans la bande de Gaza, les cagnottes en ligne comme « ultime échappatoire » pour fuir
Pour les civils palestiniens qui ne sont pas en mesure de s’acquitter des montants exorbitants demandés pour traverser la frontière avec l’Egypte, le financement participatif s’impose comme la seule alternative pour un exil forcé.
Ukraine : les soldats russes paient cher la stratégie de la « chair à canon » du Kremlin
Si l’armée russe réussit actuellement à progresser en l’Ukraine, c’est au prix de pertes sans précédent depuis le début du déclenchement de la grande offensive en 2022. La raison : Moscou a intensifié son recours à la stratégie « de la chair à canon », qui consiste à mettre constamment sous pression les défenses ukrainiennes en envoyant à l’assaut des vagues successives de soldats peu entraînés.
Ils ont avancé de quelques centaines de mètres au nord d’Avdiïvka ces derniers jours. Pareil dans les environs de Bakhmout. Les forces russes ont même pris une partie du village de Tchassiv Yar, à quelques kilomètres à l’est de Bakhmout, actuellement considéré comme l’un des points les plus chauds du front en Ukraine.
Ukraine : Poutine ferme sur ses exigences avec Orban à Moscou, vives critiques de l’UE
Présidentielle américaine: Joe Biden persiste à défendre sa candidature en interview
Le président américain Joe Biden a continué à défendre son acuité mentale et sa capacité à gouverner le pays pour un second mandat, lors d’une interview vendredi sur la chaîne ABC.
Le président américain Joe Biden toujours sur la corde raide
« C’est un président dans le déni », accuse d’entrée le Wall Street Journal, après l’interview de Joe Biden sur la chaîne ABC, sa première interview télévisée depuis son débat raté contre Donald Trump, la semaine dernière. « Il a minimisé, nié, rejeté les faits », renchérit le New York Times. Interrogé sur sa capacité à mené à bien la course à la Maison Blanche, le président américain a passé une grande partie de l’interview, qui dure 22 minutes, à « résister à une série de questions (…) sur ses compétences, sur l’éventualité de passer un test cognitif, sur sa position dans les sondages », poursuit le New York Times. Mais il n’a pas changé son discours : « Je suis la personne la plus qualifiée pour battre Trump, et je sais comment faire avancer les choses », a-t-il dit, propos repris par le Wall Street Journal qui ajoute : « Bien que son discours ait été pour l’essentiel convaincant, le président a semblé nier la crise qui s’est abattue sur son parti et s’est fermement engagé à rester dans la course. S’il doit quitter le ticket démocrate, il ne le fera apparemment pas de bon gré ».
Mieux habiter le monde réclame de nous interroger quant à l’espace où nous nous déployons. Et donc d’assumer ce qui semble désormais un tabou : l’humain ne peut être chez lui partout. À l’heure de l’effondrement de la biodiversité, la philosophe Virginie Maris appelle, en écho à son ouvrage La Part sauvage du monde (Seuil, 2018), à lutter pour laisser une respiration vitale à ce monde dont l’existence dépendra davantage de notre absence que de notre présence.
L’expansion accélérée de l’habitat humain se fait au détriment d’espaces existant sans nous.
L’inflluence des activités humaines est perceptible à un niveau global : le changement climatique affecte la biosphère dans son ensemble, y compris là où personne ne vit.
Nous vivons une époque charnière. Sans effort conscient, concerté et coordonné d’autolimitation, nous allons probablement voir disparaître de façon irréversible l’héritage de l’évolution. Ce qui doit interroger notre façon d’occuper la Terre. Cela doit notamment nous inciter à penser des formes de retrait : il est urgent que l’humain cesse de se sentir partout chez lui. Pour lutter contre l’habitation totale et hégémonique du modèle occidental et de ses formes postcoloniales contemporaines, il faut mettre en œuvre des politiques ambitieuses de protection des milieux naturels.
C’est la consommation par personne dans les pays riches bien plus que la taille de la population mondiale qui est aujourd’hui insoutenable. L’enjeu est de penser la persistance d’une part sauvage dans un monde aussi densément peuplé que le nôtre.
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