En France, depuis un an, l’Aide sociale à l’enfance a l’obligation de placer les mineurs qui lui sont confiés dans des structures dédiées. Pourtant, de nombreux jeunes étrangers non accompagnés sont hébergés dans des hôtels, avec très peu de suivi social et éducatif. Dans l’Essonne, au sud de Paris, au moins sept hôtels hébergeraient, pour le département, des jeunes étrangers, selon une estimation de l’association Utopia 56. Rencontre avec deux adolescents camerounais en attente de solutions.
A la Gaîté-Lyrique, à Paris, 46 interpellations à la suite de l’évacuation houleuse des jeunes exilés
Policiers et gendarmes ont repoussé, peu avant 6 heures, un cordon formé devant le théâtre par des militants soutenant l’occupation des migrants, présents pour certains depuis le 10 décembre.
Après l’ordre d’évacuation donné par la justice, les forces de l’ordre sont intervenues, mardi 18 mars, à la Gaîté-Lyrique, à Paris, pour évacuer ce lieu culturel occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants, ont constaté des journalistes de l’Agence France-Presse (AFP).
Coups de matraque, blessés, cris : la violente expulsion des jeunes migrants de la Gaîté Lyrique à Paris
Gaz lacrymogènes, coups de matraque et cris de protestation… Les forces de l’ordre ont procédé mardi dès 5h du matin à l’évacuation de la Gaîté Lyrique, lieu culturel dans le centre de Paris occupé depuis plus de trois mois par des centaines de jeunes migrants. L’ambiance était très tendue. Reportage.
Expulsion de la Gaîté Lyrique : au petit matin, la honte
La Protection de l’Enfance est en crise depuis des années et ce ne sont pas les alertes lancées par de nombreux organismes ou associations, en contact direct avec ses bénéficiaires ou non, qui manquent.
Les 29 organisations réunies dans le collectif La Dynamique pour les droits des enfants » constataient fin 2024 que le gouvernement Bayrou avait carrément oublié de nommer un ministre de plein exercice ou un secrétaire d’Etat à l’enfance. Pour réparer cet oubli, le président de la République annonçait le 28 décembre son désir de voir créé en janvier 2025 un Haut-Commissariat à l’enfance, ce qui ne semblait toutefois pas aller dans le sens d’une consolidation efficace de la politique de l’enfance.
Les chiffres clés des établissements dépendant de l’ASE, basés sur des données un peu datées (fin 2021) mettaient déjà clairement en lumière les carences de l’Etat en matière de protection de l’enfance, notamment sur le plan de la scolarisation.
Depuis, la situation ne cesse de se dégrader et chaque jour apporte son lot de misère dont nous ne tolérerions pas le centième pour nos propres enfants.
France stratégie, estimait en septembre 2024 que le prolongement de l’accompagnement jusqu’à 21 ans (loi « Taquet ») devrait favoriser les chances d’ascension sociale de ces jeunes et formulait trois propositions :
faire de la réussite scolaire un objectif explicite du placement ;
améliorer la coopération entre l’Education nationale et les services de l’ASE ;
mettre en place un suivi statistique pérenne des jeunes placés, pour mieux apprécier les effets des politiques menées.
Il semblerait qu’on soit parti aujourd’hui, avec la loi du 26 janvier 2024, dans la direction opposée et que la seule perspective qui se présente à présent soit la « sortie sèche » de la protection de l’enfance pour les jeunes migrants atteignant l’âge de la majorité et se trouvant dans la majorité des cas frappés d’une OQTF (obligation de quitter le territoire français).
En 2022, nous alertions déjà l’opinion, dans l’espoir d’atteindre les pouvoirs publics : entre le 30 juin et le 4 juillet, la Section de l’Aube de la LDH organisait une action de défense des jeunes migrants à Troyes. Si celle-ci a obtenu un certain écho, au point de prolonger la mobilisation le 15 octobre de la même année, avec les associations partenaires (MRAP, CIMADE), force est de constater que les bonnes intentions ne suffisent pas.
Ainsi, à 18 ans, ils devront être autonomes, à la fois financièrement et psychologiquement. Sous-entendu, ils se débrouillent. Ça, c’est un peu le rêve de l’État quand on évoque les jeunes issus de la protection de l’enfance. Quitte à en oublier sa responsabilité. Car, comme le rappelle la Défenseure des droits Claire Hédon, « l’âge moyen de départ des enfants du foyer familial est de 24 ans et non de 18 ans. Ça n’a donc pas de sens de demander aux jeunes de la protection de l’enfance d’être indépendants à cet âge-là ». Tous le savent, les 18 ans sont un moment crucial. C’est l’âge à lequel un basculement se fait. En 2022, la loi Taquet, relative à la protection des enfants, dispose justement que la fin du dispositif d’aide sociale doit garantir « un accompagnement pour les 18-21 ans par les départements et l’État. » Charlie Hebdo 16 février 2025
Hors, l’Etat se désengage toujours davantage en se déchargeant sur les départements qui se trouvent désormais incapables d’assumer leur responsabilité dans l’accueil des jeunes, quel que soit leur âge.
La presse locale évoque la « ruine » du Centre Départemental de l’Enfance de l’Aube (Libération- Champagne du 22 février 2025), un « management déplorable », « des éduc’ » qui « pètent les plombs » et des enfants qui « trinquent » (l’Est-Eclair du même jour). L’enfance est cependant « une priorité absolue » pour le président du Conseil départemental. Pour son personnel, cette « priorité » prend un tout autre visage, plus concret : « On a eu des périodes où les enfants dormaient dans les couloirs faute de place. » « Il n’y a pas assez de nourriture, on est obligés de restreindre les petits lors des repas. Alors, c’est déjà arrivé qu’on laisse notre part ».
Quant aux mineurs non accompagnés étrangers (MNA) « c’est encore pire », « on a l’impression qu’ils passent après les autres ». Logements vétustes et insalubres sont tout ce qu’on a à leur offrir.
Lorsqu’ils ont la chance d’être hébergés en appartements, il se voient d’un jour à l’autre, à 18 ans, expulsés sans ménagement, leurs affaires entassées dans la rue et se retrouvent condamnés à errer ou trouver des hébergements de fortune provisoires chez des amis voire aller trouver quelques heures de sommeil dans le hall de la gare.
On pourrait poursuivre sans fin l’inventaire à la Prévert de la façon dont on traite cette jeunesse, « notre priorité absolue », qui représente, quoiqu’on en dise, notre avenir.
Communiqué – France terre d’asile alerte sur les conséquences dramatiques de la réduction du nombre de places d’hébergement pour les demandeurs d’asile
Trois ans après la promulgation de la loi du 7 février 2022, dite « Loi Taquet », et pour la troisième année consécutive, le collectif Cause Majeur ! a mesuré son effectivité pour les jeunes majeur·e·s en lançant une consultation dans son réseau. Les deux premiers questionnaires diffusés en 2023 et 2024 avaient permis de dresser un bilan en demi-teinte, faisant état de nombreuses disparités territoriales et d’importantes marges de progressions. Pire, en cette troisième année de promulgation de la loi, Cause Majeur ! s’inquiète face à certaines régressions constatées et alerte sur la non-application de cette loi : des difficultés demeurent pour de trop nombreux·ses jeunes, encore victimes de sorties sèches et imposées.
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Plus de 200 personnes, certaines avec des enfants en bas âge, se sont installées mardi soir face à la municipalité pour réclamer des solutions d’hébergement plus durables.
Voici le texte d’une intervention qui a eu lieu, le 11 juin dernier, au musée de l’immigration, dans le cadre d’un débat durant le colloque sur l’histoire des jeux olympiques. Avec quelques mots de contexte en préambule.
Cette intervention a été réalisée par un collectif de militantEs d’horizons divers, militant.es pour les droits des sans papiers et des immigréEs, syndicalistes, militantES pour le logement, activistes écologistes, tous et toutes concernéEs par le lien entre les questions coloniales et les JO 2024.
Nous n’avons pas eu le temps de lire la totalité de la déclaration, interrompuEs par les animateurs du colloque. Notre prise de parole a été qualifiée d’attentat militant, un fourgon de police était sur place. Sabrina Agresti-Roubache, la secrétaire d’Etat à la ville à qui nous souhaitions nous adresser, a annulé sa viste au dernier moment. Voici le texte dans son intégralité.
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La Haute-Vienne épinglée par la défenseure des droits pour une absence d’accueil provisoire d’urgence
Dans un rapport publié il y a une semaine, l’autorité administrative indépendante pointe du doigt une absence d’accueil provisoire d’urgence après l’alerte de deux mineurs et de leur avocat.
« L’heure est grave »: à Paris, les mineurs isolés en recours se mobilisent pour ne plus dormir à la rue
Depuis le samedi 6 avril, environ 250 mineurs non accompagnés en recours devant la justice pour faire reconnaître leur minorité occupent la maison des Métallos, un établissement culturel parisien. Ils réclament des hébergements durables, l’accès à la scolarité et dénoncent, comme de nombreuses associations, le « nettoyage social » à l’approche des Jeux olympiques. Une manifestation avait lieu à Paris ce vendredi.
Lille: une association alerte sur la situation des mineurs isolés
L’ancien secrétaire d’Etat chargé de l’enfance a commenté en direct, sur France Info, la publication de nouveaux décrets de la loi « Taquet ». Et il en a profité pour tacler les départements qui se plaignent d’une loi « irréaliste et inapplicable ». Il a aussi estimé qu’il faut maintenant aller plus loin. Mais comment faire… « si on n’a plus personne pour s’occuper des enfants ».
Dans un podcast en forme de coup de poing, l’artiste Catherine Perrocheau donne à entendre l’immense lassitude de ceux qui au quotidien accompagnent les sans-abris, confrontés à leur impuissance grandissante face à l’abandon des pouvoirs publics.
Parmi les 430 mineurs isolés du parc de Belleville, mis à l’abri le 19 octobre par la préfecture de Paris, plusieurs dizaines ont reçu ces derniers jours une notification de fin d’hébergement. Pour les associations et avocats qui défendent ces exilés, cette décision n’a d’autre but que de pousser ces jeunes à se faire déclarer comme majeurs, et à permettre à l’Etat de les expulser plus facilement du territoire.
Après avoir passé quatre mois dans le parc de Belleville, dans le nord de Paris, plusieurs centaines de jeunes migrants – qui se déclarent mineurs – ont été pris en charge jeudi matin, à l’aube, pour être mis à abri en Ile-de-France. Un soulagement pour ces jeunes étrangers qui ne supportaient plus l’errance dans la capitale et la vie dans ce square sans eau, sans électricité et sans sanitaires.
Mardi 8 août au petit matin, les familles habitant au 17, rue Claude Bernard à Aubervilliers, pour certaines depuis plus de 5 ans, ont été mises à la rue du jour au lendemain. Sans perspective d’hébergement pérenne ou raisonnable, orientées vers Marseille alors que la plupart des 200 habitants travaillent en région parisienne, elles sont demeurées ou revenues aux alentours, sur les rives du canal de Saint-Denis.
Le gouvernement britannique compte « intensifier » son programme de transfert des Afghans évacués de Kaboul, jusqu’ici hébergés dans des hôtels, vers le logement. Mais sur le terrain, nombre d’entre eux manquent de solutions et se retrouvent sans-abri. C’est déjà le cas d’un Afghan sur cinq, avance le réseau des conseils locaux britanniques.
Le gouvernement britannique a acheté des tentes pour y loger jusqu’à 2 000 migrants dans les prochains mois. Les autorités entendent ainsi faire des économies, l’hébergement en hôtels coûtant trop cher, selon elles. Les associations dénoncent un « projet cruel ».
La Cour européenne des droits de l’homme a condamné l’Etat belge après la plainte d’un demandeur d’asile guinéen. Celui-ci n’avait pas pu obtenir de place d’hébergement auprès des autorités, et a été contraint de dormir dehors pendant plus de quatre mois.
CHLOÉ HÉBERGE CHAKA, UN JEUNE EXILÉ SUR SON CANAPÉ
Il y a quatre ans, Chloé a offert un toit, une nouvelle famille et un avenir professionnel à Chaka, un mineur ivoirien sans-abri. Insolite mais réussie, cette cohabitation extirpe la juriste d’une longue dépression.
Le 11 novembre, la France avait accueilli plus de 230 personnes présentes à bord du navire « Ocean Viking ». La plupart d’entre elles avaient été placées dans une zone d’attente dans le Var. Franceinfo vous dévoile les conclusions d’une mission parlementaire « flash » portant sur l’accueil de ces migrants.
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Les bureaux du cœur proposent à des personnes majeures et en grande précarité, un accueil temporaire, la nuit et les week-end au sein de bureaux d’entreprise. Un donnant-donnant très encadré qui se développe particulièrement dans le Nord, terre d’accueil historique.
Environ 300 jeunes vivaient depuis vendredi 2 décembre 2022 dans des tentes devant le Conseil d’Etat. Crédit : InfoMigrants
Le campement de jeunes migrants installé devant le Conseil d’État depuis vendredi a été évacué mercredi matin. Environ 300 jeunes sans solution d’hébergement, car en attente d’un recours en justice sur leur minorité, ont pu être mis à l’abri dans un gymnase et des centres d’hébergement. Certains vivaient à la rue, sous un pont d’Ivry-sur-Seine, depuis six mois.
Oumar travaille dans le centre d’appels du 115 pour la Seine-Saint-Denis depuis janvier. Crédit : InfoMigrants
À Montreuil, en Seine-Saint-Denis, la plateforme d’urgence 115 reçoit des centaines de demandes d’hébergement par jour, qu’elle ne peut satisfaire. La grande majorité provient de familles à la rue, par des températures désormais hivernales. Acteurs d’un système saturé qu’ils dénoncent, les travailleurs sociaux du 115 se retrouvent « en première ligne » d’une détresse contre laquelle ils ne peuvent rien. Reportage.