Réduire les pesticides ou taxer les importations polluantes : l’extrême droite s’y oppose

Que votent les députés européens français quand il s’agit d’environnement ? Les élus de gauche portent la transition écologique, les macronistes hésitent, la droite et l’extrême droite y sont, en général, indifférents ou opposés.

Le Pacte vert européen, ou Green Deal, c’est ainsi que s’appelle le vaste programme lancé par l’Union européenne en 2019 pour atteindre la neutralité carbone – ne pas émettre plus de CO2 que l’on peut en absorber – sur le continent d’ici 2050. Pour cela l’objectif est de diminuer les émissions de gaz à effet de serre de 55 % en 2030 par rapport au niveau de 1990.

« Ces cinq dernières années, l’Union européenne a enclenché un virage dans la lutte contre le dérèglement climatique et plus largement pour répondre à la crise environnementale », souligne le Réseau action climat.

Mais parmi les 79 eurodéputé·es français·es qui siègent à Strasbourg, certain·es, en particulier à l’extrême droite, votent souvent contre les mesures du Pacte vert, qui contient aussi des textes sur la protection de la nature. Le Pacte vert est ainsi « l’objet de tous les fantasmes et attaques, en particulier de l’extrême droite qui appelle même à son abolition », pointe le Réseau action climat.

Jordan Bardella, tête de liste du RN aux européennes, a même accusé le Pacte vert d’être « une des grandes menaces qui pèsent aujourd’hui contre la France ». Dans son programme de 2022, le RN prétendait par ailleurs que « la crise de l’énergie qui vient, la crise alimentaire qui menace sont directement liées aux modalités contre-productives du “Green Deal” imposé par l’Union européenne ».

https://basta.media/Reduire-pesticides-taxer-importations-polluantes-Jordan-Bardella-s-y-oppose-election-europeenne

Plus d’énergies renouvelables : le RN est contre

Le RN (et l’élu Reconquête) vote contre en bloc. Les Républicains s’abstiennent en grande majorité. Renaissance, LREM, Modem, socialistes, Place publique, LFI et les Verts votent pour.

Préserver la biodiversité : RN et LR contre

Le RN vote contre, ainsi que Nicolas Bay pour Reconquête et deux des quatre eurodéputés d’extrême droite indépendants. La gauche (Les Verts, LFI, les élu·es socialistes/Place publique) et la droite libérale (LREM et Modem) ont voté pour.

Nouveaux OGM : le RN, LR et Renaissance sont pour

LFI, les Verts, et les socialistes/Place publique ont voté contre. Le RN a voté pour.

Pesticides : Le RN ne voit pas le danger

En novembre 2023, le Parlement européen s’est prononcé sur un plan de réduction des pesticides. La réglementation prévoyant une baisse de moitié de l’usage des pesticides d’ici à 2030 a été catégoriquement rejetée, à 299 voix contre, 216 pour et 121 abstentions. Cette décision a été déplorée par les groupes de protection de l’environnement, mais saluée par les grands groupements d’agriculteurs.

Cette réduction des pesticides était un des éléments centraux du Pacte vert et de son pendant agricole, le programme « De la ferme à la fourchette ». Les Verts ont voté contre, car le texte final a, selon eux, perdu de son sens à cause de multiples amendements inspirés par l’agrobusiness. L’ONG bruxelloise Corporate Europe Observatory avait dénoncé l’affaiblissement du texte en amont du vote : « La campagne du lobby industriel et de ses alliés politiques contre la loi sur la réduction des pesticides est aussi irresponsable et scandaleuse que de mettre en doute la fumée du tabac ou de nier purement et simplement le changement climatique. »

Le RN, lui, s’opposait à l’objectif de la réduction de l’usage des pesticides, disant qu’il s’agissait de créer un « marché agricole soviétique », et s’en prenait aux « lobbys écologiques » qui n’auraient « pas de preuves scientifiques derrière ce qu’ils proposent ». Là encore, ce discours se fait au mépris des nombreuses informations dont le public dispose sur le sujet et des associations des victimes de pesticides, frappées par des cancers ou d’autres pathologies.

Ici, les groupes de gauche et le RN ont pu voter la même chose, mais pas avec les mêmes motivations. LR a voté pour. Dans le groupe Renaissance et apparentés, il y a eu quelques pour, des contre et des abstentions.

Taxe carbone aux frontières : le RN s’abstient

C’est un sujet crucial pour l’Union européenne et ses États membres. Les produits importés de pays où les conditions sociales et environnementales sont mauvaises, notamment la Chine, ne sont actuellement pas pénalisés. Avec cette « taxe carbone », il s’agit de faire payer le prix des émissions polluantes à ces produits importés.

Ceux-ci seront bientôt soumis à un prélèvement obligatoire s’ils n’ont pas été conçus dans les mêmes conditions environnementales que ceux fabriqués par leurs concurrents européens. L’objectif est donc aussi de limiter la concurrence déloyale face à des entreprises qui ne respectent pas les mêmes critères environnementaux que celles basées en Europe.

Le Parlement a adopté cette taxe carbone aux frontières par 487 voix pour, 81 contre et 75 abstentions.

Lutte contre la criminalité environnementale: le RN vote pour

Sur quelques sujets, le RN vote en faveur de mesures environnementales, mais parfois en oppositions avec ses alliés européens d’extrême droite. C’est le cas de la lutte contre la criminalité environnementale. En février dernier, le Parlement adopte à une majorité écrasante, un accord final sur la directive relative à la criminalité environnementale.

Cette directive définit une liste augmentée d’infractions environnementales – commerce illégal du bois, épuisement des ressources en eau, pollution généralisée de l’air, de l’eau et du sol, incendies de forêt… – et propose des sanctions pénales pour protéger plus efficacement l’environnement. Pour la première fois en Europe, ce texte pose aussi les bases d’une reconnaissance de la notion d’écocide.

C’est une victoire importante pour les écologistes.

Déni climatique

­Climat : le retour du grand déni­­
La coalition de droite qui gouverne la Suède, soutenue par l’extrême droite, est en train de faire basculer ce pays pourtant longtemps pionnier en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Stockholm ne semble « plus en mesure d’atteindre ses objectifs climatiques ou les engagements de l’Union européenne d’ici à 2030 », alerte le Conseil suédois de la politique climatique, cité par Alternatives économiques
 
Ce virage suédois vient confirmer la tendance inquiétante que prend l’Union européenne en la matière. « Le 24 avril dernier, le Parlement européen a voté à toute vitesse une nouvelle réforme de sa politique agricole commune (PAC) qui signe un net recul sur le plan écologique », observe Vert . Les agriculteurs n’auront plus à respecter certaines normes comme le maintien de prairie, de haie ou de végétation autour des cours d’eau par exemple pour percevoir des financements. 

Les partis d’extrême droite hostiles à la protection de l’environnement ont presque partout le vent en poupe. 

En Inde, également gouvernée par l’extrême droite et dont le 970 millions d’électeurs et d’électrices ont commencé à voter pour renouveler le Parlement, « l’écologie a disparu de la campagne électorale  » selon Reporterre.

Dans ce contexte, la perspective d’un basculement de l’Europe dans le camp du déni climatique signera un grand bond en arrière pour le climat, la biodiversité et… nos propres vies.

Il est urgent que l’humain cesse de se sentir partout chez lui 

Mieux habiter le monde réclame de nous interroger quant à l’espace où nous nous déployons. Et donc d’assumer ce qui semble désormais un tabou : l’humain ne peut être chez lui partout. À l’heure de l’effondrement de la biodiversité, la philosophe Virginie Maris appelle, en écho à son ouvrage La Part sauvage du monde (Seuil, 2018), à lutter pour laisser une respiration vitale à ce monde dont l’existence dépendra davantage de notre absence que de notre présence.

L’expansion accélérée de l’habitat humain se fait au détriment d’espaces existant sans nous.

L’inflluence des activités humaines est perceptible à un niveau global : le changement climatique affecte la biosphère dans son ensemble, y compris là où personne ne vit.

Nous vivons une époque charnière. Sans effort conscient, concerté et coordonné d’autolimitation, nous allons probablement voir disparaître de façon irréversible l’héritage de l’évolution. Ce qui doit interroger notre façon d’occuper la Terre. Cela doit notamment nous inciter à penser des formes de retrait : il est urgent que l’humain cesse de se sentir partout chez lui. Pour lutter contre l’habitation totale et hégémonique du modèle occidental et de ses formes postcoloniales contemporaines, il faut mettre en œuvre des politiques ambitieuses de protection des milieux naturels.

https://www.socialter.fr/article/virginie-maris-il-est-urgent-que-l-humain-cesse-de-se-sentir-partout-chez-lui

 C’est la consommation par personne dans les pays riches bien plus que la taille de la population mondiale qui est aujourd’hui insoutenable. L’enjeu est de penser la persistance d’une part sauvage dans un monde aussi densément peuplé que le nôtre. 

Pesticides, soutien aux éleveurs, souveraineté alimentaire : qu’a promis Gabriel Attal pour calmer les agriculteurs ?


Grain de cause. Jeudi, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé de nombreuses mesures censées répondre aux revendications des agriculteurs, parmi lesquelles, l’assouplissement de plusieurs règles environnementales.

Lire ICI


Ecophyto mis en pause : « Sur les pesticides, une contre-révolution culturelle est en cours »


L’Office de la biodiversité, « bouc émissaire » du gouvernement

Pesticides : une commission d’enquête dresse le bilan d’une « décennie presque perdue »


Ouverte en juin dernier, la commission d’enquête sur l’échec des plans Écophyto de réduction des pesticides a rendu ses conclusions. Celles-ci montrent un manque de coordination interministérielle dans la mise en œuvre des mesures requises.

Lire ICI


France télévisions supprime son média écolo Nowu pour faire de la place aux Jeux olympiques

A69 : Des trous, des bosses et des surfacturations sur autoroute


Sur les terres du Tarn, l’A69 qui doit relier Toulouse à Castres à travers champs suscite les polémiques depuis 30 ans. Face à l’Etat, aux élus de la Région et du département qui voient dans le projet une opportunité pour un territoire « enclavé », les opposants de plus en plus nombreux relèvent les omissions, les estimations gonflées, l’influence des laboratoires Fabre et au final un coût exorbitant, pour « racketter » l’usager. Ce weekend, soutenus par les Soulèvements de la Terre, ils donnent rendez-vous pour deux journées d’action qui risquent d’être tendues. Enquête les pieds dans un goudron brûlant.

Lire ICI

D’ici et d’ailleurs



Dans les écoles américaines, les chrétiens conservateurs mènent la guerre des livres


ÉGYPTE : AVANT LA COP 27, COMMENT LES AUTORITÉS REDORENT LEUR IMAGE


Des ONG dénoncent un important projet gazier de TotalEnergies en Afrique du Sud


D’ici et d’ailleurs


E. Macron : la violence sociale permanente


Littérature : Diaty Diallo dénonce les violences policières dans «Deux secondes d’air qui brûle»


Biodiversité en péril : près de 70% de la faune sauvage a disparu en un demi-siècle


Assaut du Capitole : la commission d’enquête parlementaire vote à l’unanimité pour citer Donald Trump à comparaître


Nancy Fraser, philosophe féministe : «Environnement, justice sociale, justice raciale sont étroitement liés»


Alouettes des champs : les girouettes du gouvernement volent au secours des chasses traditionnelles

Une alouette des champs (Alauda arvensis) dans le Finistère. (Jean Mayet/Biosphoto via AFP)


Le gouvernement a de nouveau autorisé des formes traditionnelles de chasse de l’alouette des champs dans plusieurs départements du Sud-Ouest malgré une directive européenne. Le ministre de la Transition écologique assume sans convaincre.

Lire ICI

« Nos rapports ne sont pas lus » : on a suivi les scientifiques prêts à former les nouveaux députés aux enjeux du climat et de la biodiversité

Le barnum monté pour l’opération #MandatClimatBiodiversité, le 20 juin 2022 à Paris. (THOMAS BAIETTO / FRANCEINFO)


Lancée par un climatologue et un ancien député, l’opération #MandatClimatBiodiversité vise à former les nouveaux députés aux bases scientifiques du réchauffement climatique et de la crise de la biodiversité. Et pour le moment, les nouveaux élus ne se précipitent pas sous son chapiteau.

Lire ICI

Clientélisme : Macron détourne les aides à la biodiversité au profit des chasseurs

Crédits photo/illustration : (c) Adrien Colrat / BLAST


Depuis 2019, l’Office français de la biodiversité octroie une enveloppe annuelle de 10 millions d’euros dédiée à « la protection et la reconquête de la biodiversité » aux fédérations de chasseurs. Selon le conseil scientifique de l’établissement public, ces fonds dépensés sans supervision dans des projets de qualité « très faible, voire mauvaise » sapent l’OFB et posent un risque juridique majeur. Malgré cette alerte, la convention-cadre signée entre l’OFB et la Fédération nationale des chasseurs a été renouvelée pour 5 ans. Nos révélations.

Lire ICI

Les agrocarburants épinglés pour leur bilan environnemental



Les agrocarburants présentent «un bilan environnemental négatif et un bilan climatique décevant», a estimé la Cour des comptes dans un rapport consacré à la politique de développement des agrocarburants en France, mis en ligne le 20 décembre. L’administration explique notamment que «de nombreuses études scientifiques» mettent en évidence «les multiples atteintes à la biodiversité, à la qualité de l’eau, de l’air et des sols» des agrocarburants conventionnels.

Lire ICI

Congrès mondial de la nature

Quatre chiffres qui montrent l’effondrement de la biodiversité

JULIAN STRATENSCHULTE / DPA / AFP


Plusieurs études mettent en lumière la chute vertigineuse des populations d’espèces animales et végétales à travers le monde ces dernières années.

Lire ICI


« On est en train de perdre toute notre diversité à grande allure », alerte un écologue


Le congrès mondial de la nature (UICN) ouvre ses portes à Marseille ce vendredi 3 août. (NICOLAS TUCAT / AFP)


A l’occasion de l’ouverture du congrès mondial de la nature vendredi 3 août, Serge Morand, écologue et chercheur au CNRS, juge que « tous les indicateurs » de la biodiversité « se dégradent ».  

Lire ICI


Pierre Cannet souhaite une « solution globale »



Invité dans le 23 heures de Franceinfo vendredi 3 septembre, Pierre Cannet, directeur du plaidoyer et des campagnes WWF France, détaille les enjeux du Congrès mondial de la nature qui se tient à Marseille (Bouches-du-Rhône).

Voir ICI

Préoccupations des ONG concernant l’objectif d’amener à 30% le taux d’aires protégées et l’absence de garanties pour les communautés locales et peuples autochtones