Les répressions violentes du gouvernement islamique ont permis Longtemps le maintien d’un contrôle strict sur le peuple iranien.
Mais les soulèvements de ces dernières semaines viennent ébranler cette emprise.
« L’Iran est une chose. La République islamique en est une autre », déclare Manhaz Shirali. « Les femmes sont solidaires au sein des mouvements actuels, et même les femmes religieuses sortent dans la rue pour défendre celles qui sont non voilées. C’est du jamais vu en Iran.»
Les hommes iraniens ont également de nombreuses demandes face à un discours religieux qui semble atteindre ses limites. « Ils ont compris que la voie royale pour sortir de la République islamique passe par la libération des femmes », conclut Mahnaz Shirali.
« Aujourd’hui, ils soutiennent les femmes et sont solidaires, et ce n’est pas par charité. Ils savent que leur sort est lié à celui des femmes, alors ils défendent [leur] liberté pour se débarrasser du régime en place. »
Minoritaires dans les manifestations anti-tchador de 1979, ils constituent à présent une part non négligeable des cortèges de manifestants.
« Ils ont vu, pendant des années , les humiliations que les femmes subissaient ».
« Ils ont fait la liaison entre l’humiliation, le mépris et la violence qu’ont subi les femmes.
Ils ont compris qu’une société qui humilie ses femmes humilie ses hommes aussi. »
Manifestation à Téhéran, capitale de l’Iran, le 1er octobre. AP
Ce mercredi 26 octobre marque le quarantième jour suivant le décès de la jeune Iranienne Mahsa Amini, morte alors qu’elle était détenue par la police des mœurs. Une date hautement symbolique qui marque traditionnellement la fin du deuil dans ce pays, et qui pourrait donner un nouvel élan à la mobilisation.
Les autorités iraniennes ont annoncé que huit détenus sont morts dans l’incendie la nuit dernière de la prison d’Evine à Téhéran. Un peu plus tôt, elles assuraient qu’aucune victime n’était recensée et selon les sources officielles, on parle d’événement sans rapport avec les manifestations, mais l’inquiétude demeure auprès des familles des détenus iraniens et étrangers.
Des femmes crient des slogans de soutien aux femmes iraniennes, à Barcelone, le 4 octobre 2022. REUTERS – NACHO DOCE
Depuis presque trois semaines, malgré la répression, des Iraniennes et Iraniens contestent le régime, faisant du port du voile obligatoire pour les femmes un symbole de l’oppression. À l’étranger, des Iraniens expatriés ou en exil se mobilisent aussi : manifestations, présence sur les réseaux sociaux. Entre engagement en faveur d’un changement et obstacles liés à la distance.
Alors que l’Iran s’embrase sous les cris du slogan “Femme, vie, liberté” depuis la mort de Mahsa Amini le 16 septembre dernier, la sociologue et spécialiste des questions féministes franco-iranienne Azadeh Kian, revient pour Blast sur les racines de la colère des iraniennes, décrypte le soulèvement national en cours et envisage les conséquences possibles à court et moyen terme de cette révolte d’une ampleur inédite.
Lundi 3 octobre, les cours en présentiel ont été suspendus dans la plus importante université de Téhéran. En cause : les violents incidents d’hier entre les étudiants et les forces de sécurité. Des étudiants qui prennent le relais des manifestations anti-régime… Faut-il y voir le début d’une révolution ? On fait le point sur la situation avec Antoine Delpierre.
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Des manifestants à Tokyo brandissent des photos de Mahsa Amini lors du « Rassemblement de la liberté pour l’Iran » Philip FONG AFP
Des Iraniens basés à l’étranger et leurs partisans se sont rassemblés samedi dans des villes du monde entier en solidarité avec les manifestations déclenchées par la mort de Mahsa Amini sous la garde de la célèbre police des mœurs du pays.
A Téhéran, une équipe d' »Envoyé spécial » a suivi des femmes révoltées par la mort de Mahsa Amini, arrêtée pour une tenue qui ne respectait pas le code vestimentaire de la République islamique. Dans cet extrait, une militante témoigne de la répression violente des manifestations par les forces de l’ordre.
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Manifestation en soutien aux femmes iraniennes après la mort de Mahsa Amini, Londres, le 24 septembre 2022 Reuters – CLODAGH KILCOYNE
Depuis la mort le 16 septembre de Masha Amini après son arrestation, les protestataires iraniens ne cessent de descendre dans la rue crier leur colère. Des manifestations de soutien se sont multipliées ce week-end dans le monde, des Amériques à l’Europe en passant par l’Irak, voisin de l’Iran.
Les manifestants iraniens dans les rues du centre de Téhéran, le mercredi 21 septembre.AP
Depuis la mort troublante le vendredi 16 septembre de Mahsa Amini, jeune Iranienne de 22 ans arrêtée par la police des mœurs, le peuple d’Iran bat le pavé pour se soulever contre son système islamique. Des manifestations d’une grande ampleur ont éclaté dans tout le pays pour lutter contre la répression que subit toute la société. Un élan de colère grandissant qui se heurte pourtant à de nombreux obstacles pour espérer déstabiliser le pouvoir en place.