Un chef d’Etat qui mobilise veut-il vraiment la paix ?



Russie



Le 24 février 2022 par ordre du président russe Vladimir Poutine, ses troupes lancent une offensive qualifiée d’ « opération spéciale » en vue d’envahir la totalité de l’Ukraine. Elles se cassent les dents sur une résistance acharnée de l’armée ukrainienne et ne parviennent pas à prendre la capitale Kiev.

Dès septembre 2022, suite à son échec pour envahir l’Ukraine et face à la résistance et les contre-offensives de l’armée ukrainienne, Vladimir Poutine se résigne à décréter une forme de mobilisation de sa population afin de regarnir ses troupes clairsemées.



Cette « mobilisation partielle » des réservistes était censée n’avoir qu’un impact limité selon les experts. S’en tenant à 300 000 mobilisés, la Russie prétendait pouvoir en mobiliser 20 millions.



Fin 2022, début 2023, le conflit s’enlise, entraînant le gel des lignes de front. La férocité des combattants s’en prend aux populations civiles qui voient, outre les massacres atroces de Boutcha, notamment, la destruction des infrastructures civiles stratégiques dans l’ensemble du pays.



En 2023, on évoque « Une militarisation de la société russe » et Poutine s’engage dans une perspective longue en Ukraine et le long terme, plongeant la Russie dans une fuite en avant.



150 000 Russes de 18 à 30 ans sont appelés à faire leur service militaire par décret présidentiel qui prévoit à terme de mobiliser en Russie 30 000 personnes par mois.



Dès août 2024, les premiers soldats nord-coréens arrivent en Ukraine pour reprendre la ville de Koursk. Les pertes sont énormes. Environ 14 000 soldats servent littéralement de « chair à canon » dans des opérations « très risquées ». Vladimir Poutine officialisera cette présence seulement en avril 2025.




En 2024, les dirigeants russes souhaitent constituer d’importants effectifs militaires en vue d’un éventuel conflit avec l’OTAN dans l’espace Baltique et la péninsule de Kola. Les prévisions comptent sur une augmentation des effectifs militaires russes d’environ 350 000 hommes, pour atteindre un total de 1,5 million de soldats et d’officiers.



Le 1er janvier 2024, la Russie repousse l’âge limite de la conscription de 27 à 30 ans. Au printemps 2024, la Russie lance sa campagne de recrutement et de nombreux Russes craignent cette nouvelle vague de mobilisation.



Le mardi 1er avril 2025, Vladimir Poutine signe un décret prévoyant le recrutement de 160 000 conscrits au cours de la campagne de printemps qui débute ce jour-là. Il s’agit de l’objectif de recrutement le plus important depuis 2011, alors que le Kremlin a subi plus de 910 000 pertes (blessés et tués) en Ukraine depuis le lancement de l’invasion en février 2022.



En juin 2025, on considére que la Russie a perdu plus d’un million d’hommes en Ukraine depuis février 2022.




En juillet 2025, le gouvernement russe envisage d’étendre le recrutement militaire sur toute l’année, mettant fin au système semestriel de conscription.


Selon les calculs des services britanniques, il faudrait environ 4,4 années supplémentaires aux forces russes pour s’emparer des quatre oblasts ukrainiens que Moscou réclame dans le cadre des négociations.

Cela entraînerait 1 930 000 pertes russes supplémentaires (morts et blessés).







Si l’on tente de dresser un bilan de cette guerre, on estime donc aujourd’hui les pertes russes à au moins 1 million de morts, blessés et prisonniers.

En ce qui concerne les pertes krainiennes, on les évalue à environ 400 000 soldats.

Les Nations Unies ont recensé en Ukraine plus de 43 600 victimes civiles et plus de 12 900 morts, mais reconnaissent que le bilan réel est très probablement plus élevé.

Le conflit est à l’origine de la plus grande crise de réfugiés depuis la Seconde Guerre mondiale. Plus de 6,3 millions d’habitants de l’ Ukraine ont fui vers les pays voisins et 3,7 millions de personnes sont déplacées à l’intérieur du pays. Plus de 14 millions d’Ukrainiens ont besoin d’une aide humanitaire.

 


Israël


7 octobre 2023 : attaque du Hamas contre Israël

9 octobre 2023 : la Commission européenne annonce revoir son aide aux Palestiniens

13 octobre 2023 : première évacuation de la ville de Gaza, Israël intensifie son offensive

26 octobre 2023 : réunis en Conseil européen, les dirigeants européens divisés sur la réponse à apporter

15 novembre 2023 : le Conseil de sécurité de l’ONU adopte son premier texte pour demander des pauses humanitaires et la libération des otages par le Hamas

24 novembre 2023 : première trêve et libération d’otages

22 décembre 2023 : l’ONU demande un renfort de l’aide humanitaire

En octobre 2023, trois cent soixante mille réservistes sont mobilisés par l’armée israélienne pour aller sur plusieurs fronts : c’est le double des troupes habituellement déployées et cela représente 4 % de la population en Israël. Certains réservistes ont devancé l’appel, horrifiés par l’attaque du Hamas. Au total, 170 000 militaires et 465 000 réservistes​​ sont disponibles.



En juin 2024, l’état-major israélien avertit que l’armée risque d’avoir très vite d’importants problèmes d’effectifs, alors que les pertes s’accumulent aussi côté israélien face au Hamas à Gaza. 


19 janvier 2024 : vers un cadre de sanctions contre le Hamas

21-22 mars 2024 : les dirigeants européens demandent une « trêve humanitaire immédiate« , le Conseil de sécurité de l’ONU appelle à un cessez-le-feu

28 mars 2024 : l’Espagne, l’Irlande et la Norvège reconnaissent l’État de Palestine

12 avril 2024 : l’UE prend de nouvelles sanctions contre le Hamas

13 avril 2024 : l’Iran lance une attaque de drones et missiles en Israël18 Juillet 2024 : Ursula von der Leyen demande « la fin du bain de sang à Gaza« 

17 et 18 septembre 2024 : des bipeurs et des talkies-walkies explosent au Liban

27 septembre 2024 : Hassan Nasrallah est « éliminé »

1er octobre 2024 : l’Iran lance une salve de missiles sur Israël

La guerre mobilise l’essentiel de l’effort terrestre de Tsahal entre fin septembre et fin novembre 2024. En plus de la division territoriale 91, 3 divisions de manœuvre ont été déployées, engageant entre 3 et 5 brigades chacune, soit un total estimé à 30 000 soldats.



En octobre 2024, selon l’IISS ( International Institute for Strategic Studies) , Israël compte environ 178 000 soldats en service, auxquels s’ajoutent quelque 460 000 réservistes (n’oublions pas que le service militaire est obligatoire en Israël pour les plus de 18 ans, à quelques exceptions près).

Fin 2024, on constate que l’appel de centaines de milliers de réservistes dans l’armée israélienne causé par le déclenchement de la guerre entre l’Etat hébreu et le Hamas puis le Hezbollah, a eu un impact significatif sur le marché du travail du pays, selon un rapport publié dimanche par l’Institut israélien de la démocratie fondé sur les données du Bureau central des statistiques. L’ampleur de cette mobilisation sans précédent « du moins au cours des dernières décennies, constitue un lourd fardeau à la fois pour les réservistes et les employeurs », indique le rapport. 



15 janvier 2025 : un cessez-le-feu est conclu entre Israël et le Hamas

18 mars 2025 : l’accord de cessez-le-feu est rompu

20 mai 2025 : l’UE annonce le réexamen de son accord d’association avec Israël

12 au 24 juin 2025 : « guerre éclair » entre Israël et l’Iran

23 juin 2025 : un rapport interne de l’UE conclut qu’Israël a violé l’article 2 de l’accord d’association

10 juillet 2025 : l’UE et Israël trouvent un accord pour étendre l’aide humanitaire à Gaza

8 août 2025 : Israël se prépare à prendre entièrement le contrôle de Gaza


Le 20 août 2025, le ministre de la Défense rappelle 60 000 réservistes après l’approbation du plan de conquête de Gaza-ville. C’est la première phase de cette nouvelle opération militaire à Gaza. Intitulée « Chariots de Gédéon 2 », il s’agit d’une mobilisation d’envergure.

L’inquiétude est grande pour les réservistes et leurs familles qui cumulent des centaines de jours sous les drapeaux depuis le début de la guerre. Ils demandent notamment une meilleure répartition du service. Et notamment la mobilisation des ultra-orthodoxes. Ces derniers mois, le nombre de réfractaires aux périodes de réserve a augmenté de manière considérable.







En janvier 2055, l’armée israélienne a publié les données des pertes subies pour les années 2023 et 2024. Elle annonce que 921 soldats israéliens ont perdu la vie au cours de cette période. Alors qu’au moins 891 militaires ont été tués depuis les attentats du 7 octobre 2023, le nombre de suicides a également atteint un record depuis 13 ans.




Parmi les civils, le 7 octobre 2023 on a dénombré 1 160 morts (dont 800 civils) et 251 otages.

Sur les 251 personnes enlevées , 49 sont toujours retenues à Gaza, dont au moins 27 sont mortes, selon les autorités israéliennes.



A Gaza, on a dénombré 57 000 victimes gazaouies dont 15 000 enfants.



130 000 Palestiniens ont été blessés.

12 000 personnes seraient toujours disparues, selon le Comité international de la Croix-Rouge, la majorité étant ensevelie sous les décombres. 

Mais il est question de beaucoup plus de morts et le nombre en serait largement sous estimé puisqu’il serait aujourd’hui de l’ordre de plus de 100 000.

En effet, de l’avis de nombreux experts militaires et humanitaires, les bombardements israéliens ont été d’une puissance telle que le nombre de morts et de blessés parmi la population civile est certainement plus élevé que les chiffres officiels. Un bombardement est effectué pour tuer au moins une personne, et dans le territoire palestinien, plus de 100 000 bombardements ont été réalisés entre le 7 octobre 2023 et mars 2025. Par ailleurs, toujours selon les experts militaires, un tué entraîne mécaniquement au moins trois blessés.  


Ajoutons que, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), quelque 192 journalistes ont été tués depuis le début de la guerre entre Israël et Gaza.


Vladimir Poutine et Benyamin Netanyhu ne peuvent ignorer ces nombres effroyables. Ça n’est, de toute évidence, pas leur souci.

RD

Netanyahu n’a aucun intérêt à signer la paix avec le Hamas.



Comme Poutine, qui n’a aucun intérêt à la paix, et pas seulement parce que le retour des soldats poserait trop de problèmes en Russie, Netanyahu a tout intérêt à ce que la guerre à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, au Yémen, en Irak, en Syrie et en Iran ne prenne jamais fin, sa survie politique et son avenir judiciaire en dépendant directement.

Une mobilisation importante à l’appel des proches des otages en Israël a eu lieu dans tout le pays, dimanche 17 août, les manifestants réclamant la fin de la guerre à Gaza. Un rassemblement de taille était notamment attendu dans la soirée à Tel-Aviv. Mais d’autres ont eu lieu un peu partout, comme à Jérusalem, où les Israéliens font entendre leur voix, notamment au pied de la résidence officielle du Premier ministre, Benyamin Netanyahu.



Des manifestations ont débuté tôt ce dimanche en Israël pour exiger la fin de la guerre dans la bande de Gaza et un accord pour la libération des otages. De nombreuses entreprises, des collectivités locales et des universités ont répondu à l’appel à la grève générale lancé notamment par le Forum des familles et des disparus.



Bien que le Hamas ait dit avoir accepté la nouvelle proposition pour un cessez-le-feu à Gaza transmise par les médiateurs égyptiens et qataris, la paix semble encore bien loin.




La propagande


L’armée israélienne a mis en place une unité spéciale appelée la « Cellule de légitimation », chargée de collecter du renseignement à Gaza afin de renforcer l’image d’Israël dans les médias internationaux, selon trois sources du renseignement qui se sont confiées à +972 Magazine et Local Call et ont confirmé l’existence de l’unité.



Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu a déclaré dimanche que l’armée israélienne mène ses attaques contre le Liban, malgré le cessez-le-feu, pour « empêcher toute tentative d’armement du Hezbollah ».



Depuis les massacres du 7 octobre, il est communément admis que Benjamin Netanyahu n’a aucun intérêt à signer la paix avec le Hamas.

Le Premier ministre israélien est tenu par ses alliés d’extrême-droite qui refusent tout accord avec le mouvement palestinien. Il a donc besoin de la guerre pour se maintenir au pouvoir et échapper par ailleurs à la justice et aux affaires de corruption.



Rappelons qu’alors qu’il fait l’objet d’un mandat d’arrêt émis par la Cour pénale internationale, le premier ministre israélien est poursuivi dans un procès pour fraude, corruption et abus de confiance depuis 2020 dans son pays. Il est aussi impliqué dans d’autres affaires.



Et pour s’assurer des bonnes grâces de Trump, ça peut toujours servir, il a d’ailleurs proposé celui-ci pour le prix Nobel de la paix…



RD

Répression féroce en Serbie : l’Europe ferme les yeux



En Serbie, s’opposent plusieurs visions de la démocratie selon qu’on fasse partie de la famille royale et de ses soutiens, du pouvoir en place, nationaliste, pro-russe et corrompu ou du peuple qui aspire à la vérité et la liberté, d’expression en particulier… Depuis 9 mois, les étudiants sont entrés en rébellion, entraînant avec eux de plus en plus de citoyennes et citoyens qui demandent des élections anticipées. Malgré le remplacement du Premier ministre, le remaniement du gouvernement, l’arrestation et l’inculpation de plusieurs anciens ministres, la pression de la rue ne redescend pas.



En Serbie, cinquième soirée de heurts entre manifestants anticorruption et police

Pour le cinquième soir de suite, des heurts ont éclaté entre manifestants et police en Serbie, samedi 16 août, les deux camps se rejetant la responsabilité de ces violences qui interviennent après plusieurs mois de mouvement anticorruption.

 

Les prémices d’une démocratie instaurée en Serbie par un roi, Pierre 1er

En effet, pendant ce temps, la famille royale serbe rend hommage au roi Pierre 1er, « défenseur des libertés et de la démocratie » qui mit en place en 1894 une monarchie constitutionnelle de type britannique, élargissant un peu le droit de vote. Il permit la création d’une école publique, instaura la liberté de la presse, d’opinion et d’association et garantit les libertés syndicales, facilitant en Serbie l’instauration de lois sociales avancées.


« Les valeurs défendues par le roi Pierre 1er inspirent dans le contexte politique actuel en Serbie.»


« Le roi Pierre Ier était non seulement un souverain, mais aussi un fervent défenseur des idéaux de liberté et de dignité humaine », explique la famille royale. Avant même de monter sur le trône, il avait même traduit dans sa langue l’essai « De la Liberté » de John Stuart Mill, souhaitant que l’esprit des droits civiques et de la démocratie devienne un héritage durable de la société serbe.



L’œuvre de John Stuart Mill (1806-1873) est généralement réduite à quelques textes pour lesquels il est aujourd’hui célébré comme l’un des pères fondateurs du libéralisme. Pourtant, la philosophe Camille Dejardin dévoile dans son dernier ouvrage une pensée plus riche et exhume ses engagements moins connus. Féministe, précurseur de l’écologie politique et profondément humaniste, ce John Stuart Mill là serait certainement plus proche des décroissants que des néolibéraux auxquels on continue de le rattacher.


Le président Vučić, ne baisse pas la garde et promet davantage de répression.

« Tous les participants aux émeutes seront arrêtés dans les dix jours » promet-il.


« En recourant à des voyous payés, Aleksandar Vučić veut montrer à ses électeurs qu’il a encore du pouvoir », analyse le journaliste Filip Švarm, qui dirige la rédaction de l’hebdomadaire de référence Vreme. Ces violences ont en tout cas fini par provoquer le début de l’amorce d’un léger frémissement de la part de l’Union européenne, étrangement silencieuse depuis le début de cette mobilisation historique.



Aleksandar Vučić est issu du Parti radical serbe (SRS), mouvement ultra-nationaliste affilié à une milice coupable de nombreux crimes durant les guerres en ex-Yougoslavie.   

Il accède en 1998 au poste de ministre de l’Information sous le régime du dictateur Slobodan Milošević et fait passer une loi très restrictive sur « l’accès du public à l’information » qui interdit toute référence aux médias étrangers et impose que tout soit approuvé par le gouvernement avant diffusion. Il est président du gouvernement de la Serbie de 2014 à 2017 et président de la République depuis 2017.

Aleksandar Vučić est réputé comme spécialiste du jeu sur plusieurs tableaux, semant le trouble et la confusion dans son pays pour se maintenir au pouvoir. Reçu par Emmanuel Macron en avril 2025, pour discuter de l’intégration européenne de la Serbie, il ne cache pas trouver son modèle politique chez Poutine, se rendant le 9 mai à Moscou à l’occasion du 80e anniversaire de la victoire de la Seconde Guerre mondiale et s’appuyant sans réserve sur le système quasi-mafieux qui dirige le pays.


Les autorités américaines révélaient en 2021 des liens entre des organisations mafieuses et le président Vučić. Les frères Veselinović, mafieux notoires, « avaient des accords avec des politiciens pour aider leur parti à remporter les élections, assurer des victoires politiques à leurs candidats et verser d’importantes sommes d’argent aux candidats ».


Le peuple serbe veut une révolution

« Il y a un immense moment de gauche actuellement sur le continent européen et hélas un moment qui n’intéresse pas du tout les démocraties européennes, ni chez nos dirigeants qui reçoivent le président nationaliste, pro-russe et corrompu Aleksandar Vučić, comme l’a fait Emmanuel Macron, ni même et c’est presque plus grave, dans les partis de gauche.

Car oui, une révolution a lieu en Serbie depuis des mois, tellement féconde en leçons d’organisation autonome, menée par les étudiants, mais riche du soutien d’une grande partie de la population, et la répression s’intensifie aujourd’hui, car le pouvoir se sent pousser des ailes en raison de toutes nos lâchetés qui se comptent en argent des mines de lithium et en contrats d’armement.

Les fascistes flairent toujours le moment propice pour eux. Comme Netanyahou a annoncé son intention d’envahir Gaza juste avant le sommet Trump-Poutine, afin que son action soit au moins tacitement reconnue par les deux fascismes voraces qui se partagent leur sphère d’influence en Alaska sous couvert de discuter de la paix en Ukraine (l’Europe pour Poutine, le Moyen-Orient pour Trump), ainsi Vučić a aussi compris qu’il avait les mains libres.

Le scénario est limpide, sauf pour notre gauche qui s’aveugle. Répression en Serbie et déstabilisation de la Bosnie qui bouillonne. Les Serbes de Bosnie alignent les provocations, aiguillonnés et soutenus par Orban, dont le patron moscovite lui a donné pour mission de semer le chaos chez ses voisins. Le risque de reprise d’une guerre dans les Balkans est réel, ce qui entraînerait immanquablement les voisins serbes et croates dans le conflit et renforcerait les tendances réactionnaires qui pourrissent les deux pays, dont les nationalismes sont toujours vivaces.

Donc rien de la part de la gauche européenne : pas un soutien, pas une alerte. Même pour les chantres de la lutte contre la haine anti-musulmane, qui devraient pourtant s’intéresser de très près à cette question, alors que la Bosnie contient la seule communauté musulmane autonome avec une représentation politique en Europe (l’Albanie a accepté la vassalisation à Meloni et le Kosovo est tenu par les États-Unis), dont l’équilibre est crucial, car le pays fait partie, comme la Syrie, des terres de djihad dans l’imaginaire takfiriste.

Un embrasement des Balkans serait l’événement rêvé pour les chantres de la suprématie chrétienne, afin de justifier et d’intensifier des politiques islamophobes. Mais encore une fois, rien : l’hypocrisie totale, la bêtise et l’aveuglement volontaire devant l’effet domino qui menace de se mettre en branle avec le démembrement de l’Ukraine. »

Veronika Zorn

La situation à Gaza : revue de presse



La presse française fait dans la mesure…

La France demandait en juillet que la presse « puisse accéder à Gaza pour montrer » ce qu’il se passe dans le territoire en danger de famine, après vingt et un mois d’offensive. Aujourd’hui, aucun journaliste étranger ne peut pénétrer dans l’enclave et les journalistes gazaouis présents sont massacrés sciemment par l’armée israélienne.


« Israël a revendiqué l’assassinat, le 10 août, de six journalistes palestiniens à Gaza, assimilant l’un d’entre eux à un terroriste. Ils étaient parmi les derniers, après un massacre sans précédent de professionnels de l’information par l’armée israélienne. »

 

Reporters Sans Frontières (RSF) a beau demander une réaction forte, la situation n’évolue pas d’un iota et ne fait même qu’empirer.

 

Depuis Octobre 2023, RSF a déposé quatre plaintes auprès de la Cour pénale internationale (CPI) pour demander des enquêtes sur ce qu’elle qualifie de crimes de guerre commis par l’armée israélienne contre les journalistes à Gaza. A ce jour, ces plaintes sont toujours en cours d’instruction…

 

Pendant ce temps, dans un  registre plus consensuel, i24News s’intéresse essentiellement à Donald Trump qui a émis le voeu qu’Israël permette l’accès à Gaza pour les journalistes étrangers.

 

Le magazine Closer s’en prend tout naturellement à Aymeric Caron qui reproche à France Info de “se couvrir encore de honte sur le génocide en cours à Gaza en racontant N’IMPORTE QUOI’ à propos des 6 journalistes tués.



Le Figaro de son côté consacre ses colonnes plutôt au Hamas qui dénonce « des incursions agressives dans la ville de Gaza» alors que le plan d’Israël «ne vise pas à occuper Gaza».



Le Monde continue consciencieusement son décompte des victimes gazaouies.

 

Le journal Sud Ouest dénonce la désinformation massive autour du cas d’une Palestinienne réfugiée au Canada dont l’apparence est « utilisée sur les réseaux par des comptes pro-israéliens pour nier la famine qui touche le territoire palestinien. » 

 

RFI annonce un « médicide » en décrivant la situation catastrophique des hôpitaux publics qui ne parviennent plus à soigner la population du fait du blocus de l’aide humanitaire, dont les médicaments essentiels et le matériel médical.

 

France 24 fait état d’une lettre publiée, jeudi 14 août, par plus de cent ONG étrangères qui dénoncent la nouvelle législation israélienne utilisée pour refuser leurs demandes.

 

Jusqu’alors, rien de bien nouveau, si ce n’est un inventaire circonstancié des exactions d’Israël pour éradiquer la population palestinienne de Gaza.

 

Dans les autres médias

 

Il faut aller chercher un peu plus loin pour trouver parmi les publications de l’Agence Média Palestine des critiques contre la frilosité des diplomaties européennes face aux déclarations conquérantes de Netanyahu.

 

Il en est de même pour trouver des analyses pertinentes sur la récente vague de reconnaissances de l’État palestinien et sur la manière dont les États abordent leurs responsabilités juridiques en droit international. Seuls les petits pays européens osent hausser le ton face à la tiédeur générale de l’Union européenne. 

 

Et de rappeler que l’enclave palestinienne continue de mourir de faim et des bombes israéliennes.

  

Il faut aller au Liban avec L’Orient-Le Jour et en Egypte avec Al-Ahram hebdo pour que soient abordés clairement le plan de colonisation israélien et la multiplication des implantations mettant en péril la solution à deux Etats. « Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, a appelé jeudi à accélérer un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie et à annexer ce territoire palestinien occupé par Israël…/… » 

 

C’est de l’Egypte également que nous arrivent les informations selon lesquelles une nouvelle législation israélienne empêche officiellement les ONG d’intervenir à Gaza.



Le pays, limitrophe de Gaza,  est effectivement mieux placé pour évoquer la condamnation par plusieurs pays arabes des propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a évoqué dans une interview la vision d’un « Grand Israël », à commencer par elle-même,  l’Egypte, et la Jordanie qui ont dénoncé une « escalade » et une « menace à la souveraineté » des pays de la région.

 

Et qui peut mieux relater la réalité de Gaza que les Gazaouis eux-mêmes, dans OrientXXI, ceux  qui sont encore en vie, pour pouvoir dénoncer les exécutions sommaires quotidiennes ?

 « La famine est une arme fatale, plus que les bombardements. Elle pousse les gens à risquer leur vie. Ils n’ont pas le choix. Presque tous les Gazaouis sont dans la même situation que la famille de Youssef, quel que soit leur milieu social. Ceux qui avaient des économies les ont dépensées, et dépendent entièrement de l’aide humanitaire. Et comme cette aide n’entre pas, soit les gens vont participer aux hunger games en tentant de récupérer quelque nourriture dans les centres de distribution de la société israélo-américaine Gaza Humanitarian Fundation (GHF), où l’armée tirera sur eux. » 

 

RD

 

Plus de 1600 signatures, ensemble faisons signer nos organisations.



Passons à l’étape suivante; de nombreuses personnes voudraient pouvoir faire signer l’appel à leur organisation. Ensemble faisons signer nos organisations locales régionales et nationales dans nos collectifs, associations, mouvements, ONGs, partis et syndicats. Voici le lien à leur transmettre:
https://framaforms.org/appel-a-soutenir-amplifier-et-prolonger-la-mobilisation-du-10-septembre-organisations-1755017070  

Bien entendu continuons également à faire signer l’appel aux individus dont voici le lien : https://framaforms.org/appel-a-soutenir-amplifier-et-prolonger-la-mobilisation-du-10-septembre-1754304474

Vous pouvez enfin  partager la publication du magazine Regards :
https://regards.fr/tribune-appel-a-soutenir-amplifier-et-prolonger-la-mobilisation-du-10-septembre/


Pour la prochaine newsletter nous sollicitons vos propositions, pour parler du fond, partager vos expérience locales insister sur votre cause ou votre secteur, partager vos affiches et flyers.
Pour toute question, n’hésitez pas à contacter Ben au 0649985753 

Suppression de jours fériés : François Bayrou, la dette et le Concordat

Par Rémy Dufaut

  

Le premier ministre, François Bayrou, avait proposé, le 15 juillet, lors de la présentation de son plan pour le budget 2026, que « deux jours fériés soient supprimés pour tout le pays ». Il avait cité le lundi de Pâques et le 8-Mai, tout en se disant « prêt à accepter d’autres idées ». La mesure rapporterait, selon lui, « plusieurs milliards » au budget de l’Etat. 

Dans les pages d’Alternatives Economiques, Christian Chavagneux remarque que lors de son intervention du 15 juillet dernier, le premier ministre François Bayrou a très largement et de manière excessive dramatisé la situation de la dette publique française. Aussi est-il intéressant de prendre un peu de recul historique. Un exercice d’autant plus réalisable aujourd’hui que trois économistes, Juliette de Pierrebourg, Eric Monnet et Clara Leonard, viennent de publier de nouvelles données sur le sujet. Ils démontrent clairement qu’actuellement, le service de la dette est historiquement bas.

« La dette publique française est actuellement très loin des niveaux records atteints dans le passé. Elle a dépassé 300 % du PIB pendant la première moitié du XXe siècle, lors des deux guerres mondiales. Depuis 1815, la dette publique a augmenté pour répondre à des chocs ou des besoins de financement exceptionnels, comme ceux que l’on connaît aujourd’hui. »



François Bayrou ne serait-il pas en train de nous mener en bateau ?

Dans un document d’orientation dévoilé dimanche par le quotidien Les Echos, le gouvernement a dit envisager « d’éventuelles spécificités » pour l’Alsace, la Moselle et Saint-Pierre-et-Miquelon, où la loi du 9 décembre 1905 séparant les Eglises et l’Etat ne s’applique pas. Tiens donc !


Car une dispense de peine serait effectivement accordée aux territoires d’outre-mer qui pourraient ainsi conserver un nombre de jours fériés au-dessus de la barre des dix. Pour commémorer l’abolition de l’esclavage dans ces départements, le jour de l’abolition, le 27 avril, y est effectivement férié et le demeurerait. Par ailleurs, l’exercice des cultes y est encadré par les décrets « Mandel », où des missions religieuses assurent l’exercice du culte, gèrent leurs biens cultuels et rémunèrent leurs ministres du culte. Et notre Premier Ministre ne tient pas à voir se réactiver les émeutes de 2024.


De leur côté, l’Alsace et la Moselle, qui ont subi l’occupation allemande à diverses reprises, seraient donc exemptées de perdre le jour férié du 8-Mai, ce jour de 1945 marquant la fin de Seconde Guerre mondiale en Europe »

En ce qui concerne le Lundi de Pâques, coutume ancienne faisant de celui-ci un jour férié, perpétuant la décision de l’empereur Constantin, premier empereur chrétien, de décréter non travaillés les 8 jours suivant celui de Pâques. Cette « octave » fut réduite au cours du temps à une seule journée, pour permettre aux travailleurs des champs en particulier de se remettre des agapes de la veille.

Ceci, en vertu du Concordat, dont on se demande bien encore les raisons de la persistance.  




Le Concordat, qu’est-ce ?

Le Concordat est un arrangement conclu en 1801 entre Napoléon Bonaparte, alors Premier consul et la pape Pie XII « pour organiser le culte en France. ​La religion catholique y est définie comme la religion de la grande majorité des français ». Les cultes protestant et juif sont tolérés, mais sont régis par des textes à part. ​Le Concordat implique un financement de l’Église par l’État (salaires des ministres, financement des lieux de culte), ainsi qu’un enseignement religieux à l’école. On peut le considérer comme une forme de mise sous tutelle de la religion catholique, qui permet à l’État de nommer les évêques, les ministres des cultes et de les rémunérer. La religion catholique devient une forme de service public.

Abrogé en 1905 par la loi de séparation des Églises et de l’État, le Concordat subsiste cependant en Alsace et en Moselle qui étaient en 1905 sous domination allemande.
​L’Alsace-Moselle a en effet vu ses territoires annexés par l’Allemagne en 1870. De retour en France en 1918 après la Première guerre mondiale (puis de nouveau annexée et rendue à la France en 1945), l’Alsace et la Moselle ont conservé le régime concordataire en vigueur avant 1905, tout comme le droit local allemand hérité de la période d’occupation de 1871 à 1918.

En contradiction avec les principes de 1905, le Concordat autorise la rémunération des ministres des cultes (prêtres, évêques, pasteurs et rabbins) et le financement des lieux de culte par l’État. Le droit local allemand permet quant à lui l’enseignement religieux à l’école publique ainsi que des cursus de théologie protestante et catholique dans les universités de Metz et Strasbourg. »




Le statut particulier de l’Alsace-Moselle permet la construction libre de lieux de culte pour les religions «non concordataires» (islam, bouddhisme, judaïsme libéral, etc.). Et les associations cultuelles peuvent bénéficier de soutiens financiers directs, comme ce fut le cas en 2002 pour la Grande Mosquée de Strasbourg.

L’édification de celle-ci a connu beaucoup de déboires mais elle a finalement pu être inaugurée en 2012.

Elle ne fut pas la seule, parmi les 15 mosquées de Strasbourg, à faire l’objet de controverses. Le 22 mars 2021, la municipalité de la capitale alsacienne votait une subvention de 2,5 millions d’euros pour la nouvelle mosquée Eyyub Sultan, alors en cours de construction. Un bras de fer s’engagea entre la ville et l’Etat, qui tourna court. Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur et responsable du Bureau central des cultes et du Bureau des cultes du Bas-Rhin et Haut-Rhin accusant la Turquie d’« ingérence étrangère » et la maire EELV de Strasbourg, Jeanne Barseghian, de subventionner « une mosquée soutenue par une fédération qui défend l’islam politique ». Il poussa l’association mandataire Le Millî Görüs à retirer sa demande de subvention.

L’affaire fit alors ressurgir la question du Concordat en Alsace-Moselle. Selon un sondage du 7 avril 2021, 52% des Alsaciens-Mosellans étaient favorables à son abrogation.




Le coût du Concordat

Le coût en était estimé à 547 millions d’euros chaque année, essentiellement consacrés à la rémunération des 1 214 emplois religieux, dont 3 sur 4 au sein de l’Eglise catholique.


Une étude de l’IFOP révélait que 83% des Français jugeaient anormal un tel système qui leur faisait financer un droit qui ne s’applique qu’en Alsace-Moselle. « Un véritable désaveu pour ce compromis centenaire ».


C’est dans ce contexte que le Sénat examinait le projet de loi sur le séparatisme. Les sénateurs du groupe communiste (CRCE) en profitaient pour défendre un amendement qui visait à abroger le Concordat. 

L’attachement des Alsaciens-Mosellans à leur statut spécifique, essentiellement porté par les élus de droite mais également de gauche, en réplique à l’activisme forcené de Darmanin limitait le mouvement à une simple réflexion qui n’eut d’autre effet que de maintenir le statu-quo.


Les législatives de 2022 ouvrirent la porte à toutes sortes de raccourcis et d’intox autour du thème de la laïcité, dont la question du Concordat ne pouvait être écartée. Une confusion générale ne manqua pas d’apparaître, favorisée par les contradictions de l’Etat lui-même, avec déjà une remise en cause du nombre de jours fériés et des horaires de travail des agents de la Collectivité européenne d’Alsace.

A tel point que le gouvernement ayant plus que tardé à renouveler la commission du droit local, qui après cinq ans d’existence s’était éteinte automatiquement en 2019, la Collectivité d’Alsace tentait, avec le département de la Moselle, de se substituer à cette composition en créant une instance parallèle, avec un « Conseil représentatif du droit local » dans ce qu’elle estimait être « un contexte de remise en cause régulière ». Avec un rôle plus politique, ce conseil prévoyait justement des parlementaires, mais aussi des représentants des chasseurs, des cultes, des notaires, ou des artisans. En quelque sorte, une nouvelle usine à gaz.


Celles de 2024 virent un partage des 9 circonscriptions du Bas-Rhin (67) entre l’union de la gauche (3) et la majorité présidentielle (4) en ville, entre la droite (1) et l’extrême-droite (1) dans les zones rurales.

Dans le Haut-Rhin (68), la majorité présidentielle obtint 5 circonscriptions et la droite 1.


En Moselle (57), la majorité présidentielle obtint 4 circonscriptions, la droite 1, l’extrême-droite 3 (dont 2 élus au 1er tour).

Cette question du Concordat ne serait-elle pas pour quelque chose dans la diversité des résultats ainsi que dans les scores piteux de la droite et la montée de l’extrême-droite en Moselle ? Il semble bien, dans tous les cas, qu’elle divise les opinions….

  

Abroger le concordat ?

L’église s’y attache comme une moule à son rocher, arguant que le désir d’abrogation émane de la France Insoumise : « malgré les tentatives récurrentes d’élus de gauche, le Concordat est devenu un élément identitaire de la culture locale – surtout en Alsace – et l’imposition de la laïcité est perçue comme un relent de jacobinisme. » « C’est uniquement le clientélisme de certains élus de gauche à destination de l’islam et le parallèle qu’eux-mêmes dressent avec le Concordat qui sème le trouble dans les esprits. »

Elle avertit son pieux et conservateur lectorat que l’Islam est en embuscade : « Mais leurs scrupules républicains s’évanouissent bien vite dès lors qu’il s’agit de servir les intérêts de leurs électeurs, dont beaucoup appartiennent à l’islam. »

La laïcité a encore du chemin à faire pour garantir effectivement la neutralité de l’Etat, l’égalité de tous devant la loi sans distinction de religion ou conviction.

La Collectivité européenne d’Alsace (CEA, fusion des conseils départementaux du Bas-Rhin et du Haut-Rhin) s’est élevée, lundi 11 août, contre la perspective d’une suppression des jours fériés spécifiques à l’ancienne région, assurant que « le droit local n’est pas négociable ».


Les Alsaciens et les Mosellans vont pouvoir célébrer entre eux comme il se doit la Saint Etienne (26 décembre) et le vendredi saint quand les autres français contribueront ces jours-là, ainsi que le 8 mai et le lundi de Pâques, au remboursement de  la dette, si cher à François Bayrou… 


 

La dette

Mais qu’a donc à se reprocher François Bayrou pour céder aussi facilement aux sirènes du clergé et de tout ce qui peut exister de plus traditionnaliste, conservateur et réactionnaire dans notre pays ?

« La notion de dette, par-delà ses dimensions économiques ou morales, prend une profondeur particulière en psychanalyse. Elle révèle des dynamiques inconscientes, des liens intersubjectifs et des processus de subjectivation. »( « La dette » – Psychanalyse & Psychose #25)


« En psychanalyse, la notion de subjectivation s’est d’abord imposée en creux, pour rendre compte de formes de souffrance singulières, liées aux difficultés de construction d’un espace psychique différencié. »(F. Richard : La subjectivation: enjeux théoriques et cliniques in François Richard, Steven Wainrib, Raymond Cahn, André Carel, Catherine Chabert et al,  La subjectivation, Dunod, 2006)

La langue allemande désigne à la fois la dette et la culpabilité par le même terme: « Shuld ». Dans L’Homme aux rats, Freud démontre le lien entre les deux en décrivant l’analyse d’un homme obsessionnel.  Le rat est son refoulé, son enfer quotidien, qui agglutine le plaisir à la souffrance, le châtiment à la jouissance. (Sigmund Freud, L’Homme aux rats, Journal d’une analyse, PUF, 1996)


Il serait intéressant d’approfondir l’étude de ces dynamiques inconscientes, ces liens intersubjectifs et ces processus de subjectivation chez François Bayrou à qui on reproche, dans « l’affaire Bétharram» de « n’avoir pas eu un mot » pour les victimes avant d’y être acculé, le mardi 11 février, par la question d’un député à laquelle il a répondu avec une « légèreté inacceptable », sans prononcer le mot « victimes », d’avoir menti devant la représentation nationale, le 14 mai 2025, après avoir assuré dans l’Hémicycle du Palais Bourbon n’avoir «jamais été informé» des faits reprochés à l’établissement et ayant affirmé sous serment n’être jamais intervenu dans l’affaire qui visait le père Carricart, ancien directeur de l’établissement, accusé de viol sur mineur. Il a pourtant été formellement démenti par la professeure Françoise Gullung, première lanceuse d’alerte, et le gendarme Alain Hontangs, qu’il a accusés de « témoignage fallacieux » et « d’affabuler.

Mieux que la confession, la psychanalyse peut sans doute expliquer bien des choses…

 

Loi Duplomb, pas de nouvelle délibération

Quelques minutes après la décision du Conseil constitutionnel, le chef de l’Etat avait fait savoir qu’il entendait promulguer rapidement la loi Duplomb, écartant toute nouvelle délibération du Parlement. La réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide de la famille des néonicotinoïdes, a cristallisé la contestation contre la loi Duplomb. Son retour était réclamé par certains producteurs de betteraves et de noisettes pour lutter contre les ravageurs.

Ceci malgré aussi un vaste mouvement de protestation, y compris au sein du monde scientifique. Une pétition réclamant son abrogation a réuni plus de 2,1 millions de signatures. Les néonicotinoïdes « ont des incidences sur la biodiversité, en particulier pour les insectes pollinisateurs et les oiseaux », et « induisent des risques pour la santé humaine ».

https://www.lemonde.fr/politique/article/2025/08/12/loi-duplomb-emmanuel-macron-promulgue-le-texte-apres-la-censure-partielle-du-conseil-constitutionnel_6628316_823448.html

Inégaux face à la canicule

Que ce soit pour le logement, pour la santé ou même pour les violences, plusieurs études montrent que la chaleur fait ressortir les inégalités dans la société française.

 « Il faut bien avoir en tête que le revenu est le premier facteur d’inégalité face à la chaleur », souligne Amandine Richaud-Crambes, ingénieure urbaniste au service Organisations urbaines de l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe). 

« Le niveau de vie est un élément déterminant pour son confort au sein du logement », poursuit-elle, appelant à prendre un compte le phénomène de bouilloires thermiques. Les chiffres de l’Ademe montrent que 37 % des foyers modestes souffrent de la chaleur, contre 18 % des plus favorisés.

« On est vraiment sur quelque chose qui tue, on n’est pas seulement sur de l’inconfort », assène l’épidémiologiste Kévin Jean, professeur junior en Santé et Changement Globaux à l’ENS-PS, rappelant qu’une première vague de chaleur, fin juin, début juillet, a provoqué un excès de 500 décès sur une dizaine de jours, selon Santé publique France.

L’épidémiologiste note également une augmentation des violences lorsque le mercure grimpe. « On sait qu’avec chaque degré de température, les troubles de santé mentale augmentent, les troubles de l’humeur, des troubles anxieux, même la schizophrénie augmente avec la chaleur ».

Pour l’architecte Éric Daniel-Lacombe, « la grande question, c’est celle du refroidissement et finalement l’inégalité dépend de votre accès au refroidissement ». Il estime que l’eau est la grande oubliée: « Si vous regardez les forces puissantes, les forces riches, sont toujours à capter l’eau alors que les personnes modestes n’y ont pas accès directement ».

https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mardi-12-aout-2025-7960832?at_medium=newsletter&at_campaign=inter_quoti_edito&at_chaine=france_inter&at_date=2025-08-12&at_position=1

Famine à Gaza 

L’aide humanitaire fait défaut dans la bande de Gaza et de nombreuses personnes souffrent de malnutrition. Une crise humanitaire que dénonce Karin Huster, infirmière et responsable des activités médicales à Gaza pour Médecins sans frontières.

« Personne n’a jamais vu ça », affirme, lundi 11 août, sur France Inter, Karin Huster, infirmière et responsable des activités médicales à Gaza pour Médecins sans frontières. Elle s’est déjà rendue à trois reprises dans l’enclave palestinienne depuis le début de la guerre et prévoit d’y retourner en septembre. « Tous mes collègues qui ont des expériences humanitaires n’ont jamais vu ça », insiste Karin Huster. Selon l’ONU, plus de deux millions de Palestiniens assiégés sont menacés d’une « famine généralisée ».

Écarts de salaires

Inégalités : pourquoi, en 2025, les femmes continuent d’être moins payées que les hommes ?

« Comment on continue de moins payer les femmes en toute bonne conscience ».

D’où vient cette certitude décomplexée qu’un salaire de femme devrait être plus faible qu’un salaire d’homme, pour un travail identique ?

 Ça prend racine dans l’invisibilisation du travail des femmes. Les femmes n’appartiennent au salariat qu’à partir du début du 20e siècle. Avec cette idée que « le salaire féminin » n’est pas le revenu principal du ménage, mais un revenu complémentaire.

« À travail égal », une femme ne peut pas être payée complètement comme un homme. Des négociations dans les conventions collectives, entre 1905 et 1945, ont conduit à appliquer des décotes de 10 % ou 20 % en fonction du genre. C’est ce qu’on appelle « le salaire féminin ».

Des gens se sont mis autour d’une table pour s’accorder sur le rabais à appliquer sur le boulot des femmes..


Les Israéliens dans la rue



A Jérusalem, des centaines de manifestants se sont rassemblés devant les bureaux du Premier ministre pour réclamer la fin de la guerre à Gaza. « Israël a perdu sa boussole morale », se désole l’un d’eux. Tous se disent aussi inquiets pour les otages encore retenus par le Hamas.

Ils dénoncent une escalade militaire inutile, craignent pour les otages et accusent le Premier ministre de sacrifier des vies pour sa survie politique.

Cette mobilisation révèle une fracture profonde au sein de la société israélienne et soulève des questions cruciales sur les conséquences humanitaires, politiques et sécuritaires d’une occupation prolongée de Gaza.

Retailleau et le Conseil constitutionnel

Les Sages ont censuré un texte LR, très soutenu par le ministre, pour allonger la durée maximale de certains étrangers en centre de rétention administrative.

Ils ont estimé que le texte, porté par une sénatrice LR, pour allonger de 90 à 210 la durée maximale en CRA des étrangers condamnés pour des faits graves ou présentant un risque majeur pour l’ordre public était contraire à la Constitution et au principe qui veut que « nul ne peut être arbitrairement détenu ».

Retailleau n’a pas digéré cette décision du Conseil constitutionnel !

Outre la décision de censurer l’article phare de la loi Duplomb, que son parti Les Républicains soutenait, le ministre de l’Intérieur s’est vu infliger un camouflet par les Sages. Un désaveu qu’il n’entend pas laisser passer.

Offensive terrestre sur ce qui reste de la bande de Gaza 

Benyamin Nétanyahou « entend reprendre la main en montrant que, de toute façon, c’est lui seul qui décidera du sort de Gaza ».

« Ajouter cette offensive terrestre sur ce qui reste de la bande de Gaza est une catastrophe absolue au-delà de tout ce que l’on peut dire », affirme, vendredi, sur France Inter, Agnès Levallois, vice-présidente de l’Institut de recherche et d’études Méditerranée Moyen-Orient (iReMMO). Le cabinet de sécurité israélien a approuvé dans la nuit de jeudi à vendredi un plan présenté par Benyamin Nétanyahou pour « vaincre » le Hamas et « prendre le contrôle » de la ville de Gaza.

« Israël contrôle 75% de cette bande de Gaza et les plus de deux millions de Palestiniens qui y habitent sont parqués aujourd’hui dans quelques zones », rappelle la spécialiste du Moyen-Orient. « Avec cette opération qui se prépare, ça va être un million de personnes qui vont devoir partir pour aller où ? »« Sur un territoire complètement dévasté, détruit, donc cette annonce est absolument ahurissante en termes de conséquences sur une population déjà complètement anéantie ».

Un nouveau texte Duplomb ?

Décision du Conseil constitutionnel: les juges ont jugé que la réintroduction du pesticide, de la famille des néonicotinoïdes, était contraire à la Charte de l’environnement«Faute d’encadrement suffisant», cette mesure est contraire au «cadre défini par sa jurisprudence, découlant de la Charte de l’environnement», peut-on lire dans leur communiqué.


Ils rappellent que les néonicotinoïdes «ont des incidences sur la biodiversité, en particulier pour les insectes pollinisateurs et les oiseaux» et «induisent des risques pour la santé humaine».

Mais après cette censure, le sénateur Duplomb n’exclut pas un nouveau texte pour réintroduire l’acétamipride, argumentant que «en fait, [le Conseil constitutionnel] nous donne les éléments qui pourraient permettre, avec un nouveau texte, de trouver des solutions pour pouvoir peut-être réintroduire» l’acétamipride. «Il reste encore du temps pour examiner ce qui va se passer, comment nous allons pouvoir le faire», a ajouté Laurent Duplomb !

80 ans après

Bombardement atomique des villes d’Hiroshima et de Nagasaki, août 1945.

Les 6 et 9 août 1945, deux bombes atomiques pulvérisaient les villes de Hiroshima et Nagasaki, au Japon. Selon le Comité international de la Croix-Rouge, plus de 220 000 personnes ont été tuées, dont près de 38 000 enfants, entre ces deux dates et la fin de l’année 1945. D’autres ont survécu, mais au prix de maladies, de traumatismes, d’exclusion sociale ou de fausses couches à répétition. Leur mémoire, incarnée par les hibakusha (le terme utilisé au Japon pour désigner les victimes et survivant·es de ces deux tragédies), est aujourd’hui piétinée par les logiques guerrières qui regagnent du terrain, y compris dans les États dits démocratiques.

En testant leurs armes avec plus de 2 000 explosions à travers le monde, les neuf puissances nucléaires ont ainsi fait de nombreuses victimes qui attendent toujours d’être reconnues comme hibakusha.

En France, il a fallu attendre janvier 2010 pour qu’une loi de reconnaissance et d’indemnisation des victimes résidant en métropole, en Polynésie et en Algérie soit adoptée. Entre 2010 et 2023, seulement 1026 personnes ont été indemnisées, tandis qu’au Japon les victimes des retombées des explosions de Hiroshima et Nagasaki peinent encore à se faire reconnaître.

« Devant les perspectives terrifiantes qui s’ouvrent à l’humanité, nous apercevons encore mieux que la paix est le seul combat qui vaille d’être mené. Ce n’est plus une prière, mais un ordre qui doit monter des peuples vers les gouvernements, l’ordre de choisir définitivement entre l’enfer et la raison. »Albert Camus, le 8 août 1945, extrait de l’édito du journal Combat

Plus de bébés de souche européenne 

« Avoir plus de bébés de souche européenne » : le projet nataliste d’extrême droite du milliardaire Stérin

Au cours d’une conférence organisée par des catholiques intégristes, le milliardaire a dit que « son action prioritaire en France » était de stimuler une politique nataliste chrétienne et « de souche européenne ».

L’homme d’affaires à la tête du Fonds du bien commun entend « agir en chrétien pour le bien commun ».

« Il faut  faire en sorte que ces bébés soient baptisés ou sinon d’évangéliser de façon plus globale « , a-t-il asséné, avant d’élargir :  » Il ne s’agit pas seulement d’évangéliser les bébés, mais également d’évangéliser tous ceux qui ne sont pas catholiques, ou d’anciens catholiques. « 

Fervent catholique, le milliardaire ne cache pas son ambition de « contribuer à la promotion du Christ et à la défense et développement de [son] pays, la France « .

Source

Journée pour la paix

La surpopulation carcérale


Prisons : presque deux fois plus de détenus que de places dans les maisons d’arrêt de Vivonne et Niort


Le nombre de détenus en France a atteint un nouveau record au 1er juillet 2025, avec 84 951 personnes derrière les barreaux. Dans le Poitou, cette tendance se fait aussi sentir avec une surpopulation carcérale qui atteint les 180% aux maisons d’arrêt de Vivonne et Niort.



Pour comprendre ce phénomène, il nous semble utile de remonter dans le temps pour, sinon le comprendre, au moins tenter de l’expliquer.

La prison apparaît en Europe à la fin du XVIIIème siècle comme une alternative aux châtiments corporels qui avaient alors cours pour détenir, assister et corriger les actes que la société réprouvait et voulait punir.

C’est entre 1750 et 1850 qu’elle devient « un espace alors proprement pénal » et suscite d’emblée un besoin de réforme. Les conditions de vie carcérale sont déjà dénoncées par des philantropes qui souhaiteraient en faire le lieu de la transformation morale des individus condamnés, en les soumettant à une stricte discipline.

Au XIXème siècle, le modèle cellulaire fait consensus en Europe. La question de l’isolement fait déjà débat mais les divers projets d’aménagement se heurtent aux problèmes de surpopulation qu’on commence à observer, ainsi qu’aux contraintes financières et à la vétusté des bâtiments.

Au début dun XXème siècle, on commence à classifier les criminels en distinguant parmi les détenus les délinquants « occasionnels », supposés avoir une chance de s’amender et pouvant bénéficier d’une libération conditionnelle ou d’un sursis.

La Convention européenne des Droits de l’homme en 1950, fixe des cadres normatifs, qui contraignent progressivement les États européens à reconnaître des droits fondamentaux aux détenus.

C’est dans les années 1950 que commencent à se poser de façon cruciale les problèmes de surpopulation carcérale, préoccupation qui conduit à faire baisser la population des prisons dans l’Europe du Nord, certains pays s’étant engagés dans des choix alternatifs à la prison, tandis que l’Europe de l’Ouest et du Sud est confrontée à des révoltes carcérales dans les années 1970, liées à la hausse de la population carcérale.



En 1990, L’Observatoire International des Prisons (OIP) constate que le principe de l’encellulement individuel est bafoué depuis sa proclamation en 1875. Le taux d’occupation des établissements pénitentiaires est alors de 124%.

Le 15 août 2014, la Loi n°2014-896 relative à l’individualisation des peines et renforçant l’efficacité des sanctions pénales, prévoit un bilan à deux ans pour évaluer l’impact de la réforme (dite réforme Taubira) introduisant la contrainte pénale et la libération sous contrainte, réforme que l’OIP juge aussi indispensable qu’inaboutie.

Le 6 octobre 2016, à l’occasion de la cérémonie de fin de formation de la 190ème promotion de surveillants pénitentiaires, à l’École nationale d’administration pénitentiaire d’Agen (Lot-et-Garonne), Manuel Valls, Premier Ministre, annonce la rénovation du parc pénitentiaire, avec l’objectif d’un taux de 80 % d’encellulement individuel, la construction de 33 nouvelles prisons et le recueil du renseignement au sein de l’administration pénitentiaire.

Las, le 6 décembre 2016, le ministère de la Justice présente son rapport au Parlement, rapport qui annonce en grande pompe un plan de construction de 20 000 nouvelles places de prison, en prévision d’une progression de 10 % de la population détenue dans la décennie à venir. Comme attendu, l’objectif d’une promotion des alternatives et des aménagements de peines n’est pas atteint, mais il n’est pas question d’y remédier.

La réforme Taubira est enterrée. « Nos prisons ne sont pas des hôtels et elles ne sont plus des bagnes », explique Jean-Jacques Urvoas, le garde des Sceaux.

En 2012, le candidat Hollande avait fustigé «la fuite en avant vers le tout carcéral» pratiquée sous l’ère Sarkozy. Chef de l’Etat, il n’est pas parvenu à inverser la donne. A l’heure où il quitte l’Elysée, les prisons françaises n’ont jamais été aussi surpeuplées avec 69 430 détenus. La promesse de prisons «conformes à nos principes de dignité» est également loin d’être atteinte. Le 3 mai, la justice a de nouveau sommé l’administration pénitentiaire d’éradiquer les animaux et insectes nuisibles qui prospèrent à Fresnes… (Libération, 9 mai 2017)

En 2020, on observe une baisse sensible du taux d’incarcération en raison  de la baisse du flux de mises sous écrou à compter du 1er confinement de mars. Le crise sanitaire a permis de « vider » les prisons, le creux de la vague de juillet-août, donnant encore un taux d’occupation des prisons de 110%. On observe même une « courte surcapacité » (entre juin et novembre 2020).

En mars 2021, les prisons françaises comptent 67 971 détenus pour 60 398 places opérationnelles. Les alternatives à la détention, telles que la « détention à domicile » sous bracelet (plus de 13000) se multiplient et permettent notamment une baisse très significative des conditions de détention précaires comme l’usage de matelas à même le sol : 849 en mars 2021 contre 1640 en juillet 2020 soit une quasi division par deux.

On observe également une augmentation du nombre de mineurs détenus, attribuée à un afflux de mineurs non accompagnés (MNA), clairement attribué aux « carences de l’Etat dans l’animation de la politique de protection de l’enfance, mal articulée avec les politiques départementales dédiées « .




La LOI n° 2021-403 du 8 avril 2021 tendant à garantir le droit au respect de la dignité en détention est suivie d’un Décret n° 2021-1194 du 15 septembre 2021 relatif au recours prévu à l’article 803-8 du code de procédure pénale et visant à garantir le droit au respect de la dignité en détention.




Au 1er septembre 2022, le taux d’occupation des prisons est remonté à 118% avec 71 669 prisonniers pour 60 715 places. « La surpopulation se concentre dans les maisons d’arrêts, qui accueillent les personnes en attente de jugement et celles condamnées à des courtes peines de prison. Dans ces établissements, qui abritent plus des deux tiers de la population carcérale, le taux d’occupation moyen est de 139,7%, contraignant deux à trois personnes – parfois plus – à partager une même cellule et plus de 1 830 personnes à dormir chaque nuit sur des matelas posés au sol. « 

Pour l’OIP, « L’inflation carcérale que connaît la France depuis plusieurs décennies est avant tout le fruit de politiques pénales qui ont misé sur l’incarcération et une répression croissante des déviances sociales. »




En octobre 2023, « La surpopulation dans les prisons atteint des sommets et, seul contre tous, le gouvernement rejette explicitement la seule option qui permettrait de les désengorger dans l’urgence : un dispositif contraignant de régulation de la population carcérale. 34 associations, syndicats et institutions lui demandent de s’y résoudre. »




Un an après, un nouveau communiqué des associations alerte: « Les nouveaux chiffres de la population carcérale au 1er octobre, publiés hier par le ministère de la Justice, marquent d’énièmes tristes records. Trente-deux organisations du milieu prison-justice dénoncent des annonces politiques insensées qui ne feront qu’aggraver cette situation dramatique. Quant aux orientations budgétaires actuellement discutées au Parlement, elles signent un gaspillage de l’argent public et l’impensé du sens de l’incarcération et de la sortie de prison. »




En février 2025, « Trente et une organisations expriment leur profonde indignation quant à l’annonce par le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, d’une instruction ministérielle ordonnant l’arrêt de toutes les activités en prison autres que le « soutien scolaire », « la langue française » et ce qui touche au travail ou au sport. Un acte de pure démagogie, aux conséquences désastreuses pour les personnes détenues comme pour la société. L’emballement a déjà gagné de nombreux établissements pénitentiaires, où l’ensemble des activités visé par le garde des sceaux est temporairement suspendu. »

Arié Alimi, vice-président de la LDH interroge dans une tribune: « Peut-on sortir du populisme pénal ? L’exploitation du désir de vengeance et de la volonté de punir mine la démocratie. Face à cela, il faut protéger la justice et le droit. »



En avril, alors qu’une proposition de loi, portée par le parti Horizons, pour revenir sur les aménagements de peine a été votée, l’OIP dénonce l’hystérie sécuritaire » du Parlement et un »populisme pénal » qui contribuent à « créer les conditions d’une vulnérabilité et donc de nouveaux passages à l’acte « . Dans le cadre de sa niche parlementaire, le groupe a fait adopter en première lecture ce texte qui consacre le rétablissement des peines de prison ferme de moins d’un mois. 



Ce »populisme pénal » est également dénoncé par les professionnels de l’Education et de l’Enseignement, dénonçant le loi Attal qui vise à « restaurer l’autorité » de la justice des mineurs, alors que « Entre 2016 et 2024 le nombre de mineurs en infraction a reculé de 17 à 12% sur la même période. Quant au travail de la justice, le taux de réponse pénale  est aujourd’hui de 93% et le nombre de mineurs incarcérés (900), est au plus haut en 2024. »



Les détenus de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy, en région parisienne, demandent en urgence des mesures pour améliorer leurs conditions de détention et dénoncent un « climat de violence » au sein de leur établissement pénitentiaire, dans leur requête inédite, envoyée mardi 29 juillet, car les recours de détenus pour conditions de détention indignes, bien que possibles, relèvent de l’exception.



Cerise sur le gâteau, le ministre de la Justice souhaite faire « contribuer » les détenus au coût de leur détention. Alors que la proposition de loi se profile, les familles perçoivent ce fardeau financier supplémentaire comme une « double peine ».



On a la nette impression que notre duo de ministres préférés a engagé une course à la surenchère sécuritaire et pénale. Le Premier ministre François Bayrou n’étant pas en mesure de siffler la fin de la récré, nous ne risquons pas de nous ennuyer d’ici à mai 2027. « Car toutes ces gesticulations, tous ces coups de mentons et ces poings tapés sur la table, toutes ces peurs et ces haines attisées n’ont qu’un but, se positionner pour la présidentielle. » (Libération

Enfants victimes d’exploitation criminelle : l’urgence d’une stratégie nationale

Par Rémy Dufaut



À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains, ce mercredi 30 juillet, l’UNICEF France a publié un nouveau rapport « Victimes avant tout : Protéger les enfants contre l’exploitation criminelle » qui révèle l’ampleur d’un phénomène largement méconnu : l’exploitation des mineurs à des fins d’activités criminelles et délictuelles.


La loi Attal

La jeunesse est en même temps perçue depuis quelque temps comme plus violente et comme de plus en plus réfractaire à l’autorité. Sans s’interroger sur les causes de cette dérive de certains enfants et adolescents, les politiques ne trouvent pas d’autres mesures à mettre en place que la répression.

Nous dénoncions dans ces colonnes la proposition de loi de Gabriel Attal pour durcir la justice des mineurs et responsabiliser les parents de mineurs délinquants, définitivement adoptée le 19 mai par le Parlement français , après un ultime vote du Sénat.

De nombreuses critiques étaient adressées à cette loi, reprochant au texte de méconnaître les principes constitutionnels régissant la justice pénale des mineurs et de contredire d’autres principes comme les principes de clarté et d’intelligibilité. Ses détracteurs auraient préféré qu’elles aient pris place au sein d’une réforme plus ambitieuse et surtout beaucoup moins médiatique.

 

Toujours plus de répression et de prison : les enfants en première ligne


L’obervatoire des prisons observait que 861 enfants et adolescents étaient incarcérés au 1er avril 2025.

Il dénonçait le recours à l’incarcération des enfants les plus précaires et vulnérables. « Broyer encore davantage des vies en construction ne pourra pourtant jamais constituer une solution digne de ce nom. L’emprisonnement précoce ne fait qu’accentuer la marginalisation des personnes enfermées et renforcer les trajectoires délictuelles.« 

Il demandait si le Conseil constitutionnel, saisi par plus de soixante membres de l’Assemblée nationale, aurait le courage de leur rappeler que c’est sur leur propre responsabilité que nos gouvernants décident de fermer les yeux : celle de proposer une politique publique d’accompagnement des enfants enfin respectueuse des droits humains et des droits de l’enfant. 

Il rappelait qu’entre octobre 2023 et août 2024, cinq adolescents se sont suicidés en détention.

D’autres dénonçaient les alarmantes conditions de détention des mineurs en France en précisant que la privation de liberté des enfants doit être une mesure de dernier ressort et que, dans le cas où ils sont incarcérés, les enfants doivent toujours être détenus séparément des adultes. Cependant, cette obligation n’est pas toujours respectée ce qui a des conséquences désastreuses sur le développement, la santé et la sécurité des détenus mineurs.

 

Censure par le conseil constitutionnel


Le 19 juin 2025, le Conseil constitutionnel saisi de 8 des 15 articles de ce texte, rendait sa décision sur cette loi et censurait les articles 4 et 5
, qui créaient de nouvelles dérogations à la césure du procès pénal des mineurs (décision sur la culpabilité suivie d’une mise à l’épreuve éducative, puis décision sur la sanction 6 à 9 mois plus tard), jugeant que ces dispositions, qui élargissaient le recours à la procédure d’audience unique en comparution immédiate, contrevenaient aux exigences de mise en place de procédures appropriées à la recherche du relèvement éducatif et moral des mineurs.

Il annulait également l’article 6 allongeant la durée maximale de la détention provisoire de deux mois à un an pour des mineurs de moins de 16 ans en matière délictuelle, ainsi que l’article 7 qui remettait en cause le principe d’atténuation des peines applicable aux mineurs en rendant cette atténuation exceptionnelle, et l’article 12 qui permettait à un officier de police judiciaire de retenir un mineur pendant 12 heures sur simple soupçon de violation d’une mesure éducative sans contrôle préalable du juge.

L’article 15, qui prévoyait, à titre expérimental, que le nombre des assesseurs composant le tribunal des enfants pouvait être augmenté lorsqu’il connaissait des crimes commis par les mineurs de moins de 16 ans, était également censuré en tant que cavalier législatif.


Refus par le Conseil d’Etat de reconnaître la valeur des condamnations du comité des Droits de l’enfant de l’ONU.

Dans sa décision rendue le 2 juillet 2025, à la suite d’une saisine par les associations pour faire appliquer les recommandations de l’ONU sur la protection des mineurs isolés durant l’ensemble de la procédure d’évaluation à leur prise en charge par les services de la protection de l’enfance, le Conseil d’Etat refusait de reconnaître tout effet contraignant aux constatations du Comité des droits de l’enfant des Nations unies, ignorant complètement les multiples observations finales du Comité qui ont mis en exergue depuis des années les insuffisances patentes du dispositif français de prise en charge des mineurs isolés au regard des exigences de la Convention Internationale des Droits de l’Enfant (Cide).


Améliorer l’encadrement des structures d’accueil de l’aide sociale à l’enfance.


Le 24 juin 2025, une proposition de loi visant à améliorer l’encadrement des structures d’accueil de l’aide sociale à l’enfance a été déposée à l’Assemblée Nationale. Cette proposition de loi, n° 1633, a été renvoyée à la commission des affaires sociales, en application de l’article 83 du règlement de l’Assemblée nationale. On ne sait pas aujourd’hui, ce qu’il en est de celle-ci.

L’article 3 de cette loi préciserait:

L’article L. 312‑1 du code de l’action sociale et des familles est complété par un paragraphe VIII ainsi rédigé :

  • « VIII. – Les lieux de vie et d’accueil qui accueillent ou hébergent des mineurs respectent une présence minimum de professionnels diplômés des formations du travail social. Le nombre d’équivalent temps plein, leur effectif et leur profession sont fixés par décret en Conseil d’État. »
  • L’article 4 propose des pistes de financement par la création d’une taxe additionnelle à l’accise sur les tabacs prévue au chapitre IV du titre Ier du livre III du code des impositions sur les biens et services.

On ne peut que s’en réjouir mais également se permettre d’émettre quelques réserves, même en supposant que soit mis un frein aux campagnes anti-tabac qui se prolongent depuis des décennies, lorsqu’on sait à quel point le département de l’Aube peine à financer ses propres structures d’accueil. Les crédits deviennent insuffisants pour un fonctionnement rationnel du Centre Départemental de l’Enfance qui voit les effectifs de son personnel diminuer d’année en année, en raison d’une réduction drastique liée au manque de financement et les professionnels diplômés ne s’y sentant plus à leur place, n’ayant plus les moyens matériels d’y travailler correctement.

En 2020, le personnel de l’Association Auboise Sauvegarde de l’Enfance se mobilisait déjà pour alerter contre la réduction de 900 000 suros de la subvention départementale avec pour conséquence la suppression de 18 postes d’éducateurs et d’encadrants.

En juin 2023, la ville de Troyes se désengageait de la compétence de la prévention spécialisée sur le Département et ne finançait plus que l’insertion et un seul éducateur contre huit auparavant en fonction au sein de l’Association Jeunesse et Détente.

Plus récemment, Troyes Champagne Métropole, le Département de l’Aube et la Région Grand Est viennent de décider l’attribution d‘une subvention de 15 millions d’euros, pour un projet estimé à 40 millions d’euros, à l’ESTAC CITY FOOTBALL GROUP pour la construction d’un centre d’entraînement pour le club de football local. L’ESTAC CITY FOOTBALL GROUP est détenu par un consortium lui-même détenu par des fonds basés majoritairement aux Emirats Arabes Unis et en Chine… 8 conseillers départementaux sur 25 se sont abstenus pour la contribution départementale de 3 millions d’euros.

Une pétition a été lancée pour s’opposer à cette subvention.

Nous vous invitons à la signer.

Les collectivités locales, qui disent se trouver en difficultés suite à la baisse des dotations de l’Etat, n’ont-elle pas d’autres priorités ? Nous considérons que l’Aide Sociale à l’Enfance en est une, et pas des moindres. Nous estimons que la protection de l’enfance et de l’adolescence est une nécessité sociétale et que tous les moyens pour la renforcer doivent être mis en oeuvre. Nous affirmons que l’accueil des jeunes étrangers est un devoir et nous continuerons de nous mobiliser pour que l’Etat et les collectivités locales permettent à ces jeunes de poursuivre leur formation et de travailler dans les entreprises qui veulent les embaucher, leur procurent un hébergement, les traitent dignement et prennent en considération les investissements des employeurs, des formateurs et des Institutions qui les accompagnent.

Nous demandons à nos décideurs élus de faire les bons choix.

 

Retaillau président ?

Par Rémy Dufaut



 « J’ai trois priorités : rétablir l’ordre, rétablir l’ordre, rétablir l’ordre. Je crois à l’ordre. L’ordre comme condition de la liberté. Quand il n’y a pas d’ordre, c’est la liberté d’abord qui est menacée. Je crois à l’ordre comme la condition de l’égalité« , a répété Bruno Retailleau dans la cour de l’hôtel de Beauvau lors de la passation de pouvoirs entre Gérald Darmanin et lui-même le 23/09/2024.

Nous évoquions récemment  dans ces colonnes ce leitmotiv de Bruno Retaillau: « Rétablir l’ordre » .

Selon l’enquête réalisée pour Le HuffPost en octobre 2024, une majorité des Français ne croyait pas que le ministre LR de l’Intérieur réussira à mener à bien son objectif prioritaire.


Les lois « scélérates »

Cet excès d’autoritarisme n’est pas nouveau d’autant qu’il relève toujours des mêmes obsessions conservatrices qui conduisent à réduire les libertés au prétexte de les protéger.

Cette tendance actuelle à édicter des lois qui érodent les libertés fondamentales au nom de la lutte contre le terrorisme nous rappelle ce qu’on a appelé les « lois scélérates » à la fin du XIXème siècle.

Et l’on en vient à s’inquiéter de cette propension à se rapprocher de plus en plus des tendance fascisantes de l’extrême-droite telles que décrites par Umberto Eco dans sa grille d’analyse des signes avant-coureurs du basculement d’un régime politique vers le fascisme (Umberto Eco, Reconnaître le fascisme, Grasset, 2017, 3 €), citée ici.


La trahison, lui aussi

Après son coup d’éclat récent contre la macronie en affirmant dans le magazine d’extrême-droite « Valeurs Actuelles » que « le macronisme s’achèvera avec Emmanuel Macron, tout simplement » parce qu’il « n’est ni un mouvement politique, ni une idéologie : il repose essentiellement sur un homme » et sa rupture consommée avec une bonne partie du gouvernement, qu’il prétend cependant ne pas vouloir quitter, Bruno Retaillau ne cache plus son ambition depuis toujours de présider aux destinées du pays.

Tous les présidents de la République française et en particulier ceux de la Vème, n’ont pas tous été des parangons de vertu… Mais celui-ci serait à coup sûr le pire, avant même d’avoir pris ses fonctions.

Il suffit de passer en revue l’inventaire du Canard enchaîné sur ce qu’il inspire depuis 2 ans aux journalistes, pour s’interroger sur ses véritables motivations à servir le pays et sur son intégrité.

Des « casseroles »

Quoiqu’en disent ses partisans, qui prétendent qu’« A priori, il n’a pas de casseroles », il traîne pourtant derrière lui aussi, son petit lot de quincaillerie.

« A l’été 1997, TF1 lance sa saison estivale au Puy du Fou, et le parc à thème, tenant du titre, ne peut pas perdre. Alors quand arrive l’épreuve de culture générale, le trio de candidats vendéens, parmi lesquels se trouvait l’actuel ministre de l’Intérieur, semble avoir été aidé. » Libération 26/07/2025

La presse, et même la locale, ne s’est pas privée de le rappeler à l’occasion de sa nomination au ministère de l’Intérieur en septembre 2024.

« Une erreur de jeunesse », pourra-t-on dire… Mais il est un peu fort de café de se faire prendre aussi bêtement à tricher honteusement pour quelqu’un qui fustige aujourd’hui « la France des salauds »…

Et qu’en est-il de la mise en cause par Médiapart de Bruno Retaillau pour détournement de fonds au Sénat (une épidémie généralisée devenue une pandémie, certes, mais qui semble toucher particulièrement la France), ce qui l’a conduit, à son arrivée à la tête du groupe en 2014, à mettre un terme à ces pratiques qui auraient profité à au moins 140 sénateurs depuis 1989. Par ce système des « ristournes », les sénateurs UMP ont perçu des sommes issues de crédits publics pourtant à l’origine destinés à la rémunération de leurs collaborateurs et non au financement de leur activité politique. Et encore moins, bien sûr, à leur usage personnel. François Fillion, auquel Bruno Retaillau n’a jamais renié sa fidélité , faisait déjà également parler de lui.


Cap vers Le Pen

Dans son portrait du nouveau gouvernement Barnier en octobre 2024, le magazine Blast dressait celui du ministre de l’Intérieur en intitulant le chapitre le concernant : Intérieur : Cap vers Le Pen.

Constatant que « Bruno Retailleau a fait toute sa carrière dans le côté obscur de la politique », y est évoquée sa relation durant 25 ans avec Philippe de Villiers, qu’il trahira d’ailleurs en lui ravissant le siège de président de conseil régional. Ses trois chevaux de bataille seront « Police, immigration et musulmans, le cocktail gagnant de l’extrême-droite ». Et de conclure : » Vous l’aurez compris Retailleau, c’est tout simplement le Rassemblement National au ministère de l’Intérieur ».


Darmanin, Retaillau, même combat

En avril dernier, il lâchait son fiel sur X (ex-Twitter) après que la LDH se soit opposée à l’utilisation irraisonnée de drones, pour surveiller la population de Rennes notamment.

« La Ligue des droits de l’Homme fait le jeu des narcotrafiquants et des voyous qui vivent de ce commerce de la mort. En s’opposant au déploiement de drones qui permettent de réagir plus vite et de les interpeller, cette organisation, sous couvert de bons sentiments, s’oppose à l’un des droits les plus fondamentaux sans lequel les autres ne sont jamais garantis : le droit à la sécurité. Les narcotrafiquants, avec leurs moyens considérables, ont accès aux technologies les plus modernes. Les forces de l’ordre ne doivent pas avoir une guerre de retard. La kyrielle de victimes du narco-trafic devrait davantage indigner la Ligue des droits de l’homme que la protection de la vie privée des criminels ».

Il faut se souvenir qu’en janvier de la même année, la LDH marquait son opposition à sa politique migratoire, notamment à travers sa circulaire qui mettait en place :

  • une restriction massive des admissions exceptionnelles au séjour, notamment au titre de la vie privée et familiale ;
  • des exigences sur la maîtrise de la langue française renforcées
  • l’ exigence absurde de sept années de présence au lieu de trois précédemment ;
  • la multiplication des refus de séjour avec obligation de quitter le territoire valables trois ans au lieu d’un an et opposables à toute demande ultérieure ;
  • une atteinte au droit à la scolarisation, aux études supérieures ou aux formations en alternance pour les jeunes
  • la régularisation par le travail limitée aux métiers en tension



« La France des honnêtes gens »

« La France des honnêtes gens » son slogan pour la campagne d’adhésion de juin 2025 à son parti LR a de quoi surprendre lorsqu’on sait qui en sont ou furent les membres les plus éminents :

  • François Fillon est définitivement condamné en appel à quatre ans de prison avec sursis, 375 000 euros d’amende et cinq ans d’inéligibilité, dans l’affaire de l’emploi fictif de sa femme. Il se pourvoit en cassation. Bruno Retaillau, coordinateur de la campagne du candidat LR à la présidentielle en 2017, s’est toujours montré pour lui comme un soutien indéfectible. A la suite de la convocation devant la Justice de François Fillon, deux jours avant la clôture des parrainages, il parlait de « tentative d’assassinat politique » sans prendre en considération aucune les chefs d’accusation qui pesaient contre son champion…
  • Sarkozy vient d’être condamné à de la prison ferme et est encore poursuivi dans nombre d’autres affaires. Sarkozy est le premier chef d’État depuis Pétain à se voir retirer la Légion d’Honneur.
  • Laurent Wauquiez a détourné des milliers d’euros d’argent public pour s’offrir des banquets luxueux avec ses amis ou des restos de luxe avec des journalistes d’extrême-droite.
  • Bien qu’à l’aide d’artifices en tous genres, il ne soit plus incarcéré, le couple Balkany a été condamné pour blanchiment de fraude fiscale.
  • Jean-François Copé, maire de la commune de Meaux mais habitant dans le 16ème arrondissement de Paris a fait payer à ses administrés un véhicule et deux chauffeurs pour se déplacer de l’un à l’autre, le tout pour 126.315 € par an en moyenne entre 2016 et 2021.
  • Brice Hortefeux, surnommé « le nazi » par ses collègues, condamné pour injure raciale, a été mis en examen en 2020 pour association de malfaiteurs et le Parquet National Financier a requis contre lui en 2025 trois ans de prison et 150 000 euros d’amende dans l’affaire libyenne.
  • Alain Juppé a été condamné pour abus de confiance, recel d’abus de biens sociaux, et prise illégale d’intérêt.
  • Serge Dassault, marchand d’armes a été condamné pour corruption, notamment pour avoir acheté des voix en numéraires.
  • Eric Woerth a été poursuivi pour recel.
  • Rachida Dati est visée par une affaire pour corruption et trafic d’influence.
  • Gérald Darmanin, ancien LR, a été accusé d’avoir profité de sa position dominante d’élu pour obtenir des faveurs sexuelles. L’affaire a été clôturée par un non-lieu. Il a toujours clamé que les rapports étaient « consentis. »

Sans parler des piliers historiques de ce parti :

  • Charles Pasqua, un habitué des tribunaux, cité à la fin de sa vie dans près d’une dizaine d’affaires, avait été condamné définitivement en 2010 dans deux dossiers.
  •  Jacques Chirac, reconnu coupable en décembre 2011 de détournement de fonds et d’abus de confiance par le tribunal correctionnel de Paris, a été condamné à deux ans de prison avec sursis, contre l’avis du parquet, qui avait requis la relaxe, pour lui et neuf coprévenus.


Etat de droit, « état du droit », « état des droits »…

La majorité des sénateurs de droite, avec lesquels il a siégé, soutiennent Bruno Retaillau dans ses attaques frontales contre l’Etat de Droit, jouant sans grande inspiration sur les mots en déclarant que le sénateur de Vendée parlait de « l’état du droit » et non de « l’Etat de droit ».

Les 48 députés de la « Droite Républicaine » se sont joints au mouvement : dans une tribune publiée dans Le Figaro le jeudi 3 octobre 2024, les 170 députés et sénateurs LR affirment leur soutien au ministre de l’Intérieur, dont les propos sur l’État de droit dans le JDD, dimanche 29 septembre, avaient créé la polémique. Pour eux, « La France a trop attendu pour mettre à jour sa politique de sécurité et d’immigration, laissant la violence et le désordre migratoire s’installer. »

Plus tard, l’intéressé trouvera encore mieux pour justifier son acharnement contre l’immigration après avoir été recadré par le Premier ministre, Michel Barnier: « Officiellement, Retailleau assure ne pas avoir vécu comme un recadrage les mises au point répétées du Premier ministre sur l’Etat de droit, même s’il affirme désormais vouloir simplement critiquer « l’état des droits ». »

Tout se monnaye, sans scrupules, y compris les bons conseils

Son soutien à ses amis repris de justice n’a jamais failli. La compassion et la mansuétude dont il a pu faire preuve à leur encontre aura au moins servi à lui faire conquérir la présidence du parti.

Toutefois, si sa charité chrétienne a pu payer dans les combines internes chez les LR, pour écarter son rival Vauquiez avec 74,3 % des voix, personne ne prédit que le score de 5.4% de suffrages aux législatives de 2024 pour son parti ne lui ouvre grand les portes du pouvoir. Il a par ailleurs plus d’ennemis que d’« amis » en embuscade et tout particulièrement Emmanuel Macron, qui n’a pas du tout bien pris l’annonce de sa propre fin, lui qui serait, paraît-il, « hypermnésique » et aussi très rancunier…

« Bruno Retailleau a l’ambition de gouverner la France, il doit donc d’abord gouverner ses amis », estimait l’inénarrable Pascal Praud, dans l’émission L’Heure des Pros, le jeudi 3 juillet dernier sur CNEWS.

Gageons qu’il risque fort de n’être pas au bout de ses peines. Rien ne dit d’ailleurs que sa fidélité inébranlable à ses amis soit réellement réciproque…

La Directrice générale de l’OIM lance un appel à la solidarité mondiale à l’occasion de la Journée internationale des migrants



Aujourd’hui, alors que le monde célèbre la Journée internationale des migrants (JIM), l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) rappelle que la migration est un phénomène  riche  d’opportunités, de progrès humain et de développement partagé, et réaffirme la nécessité de mettre en place des systèmes migratoires plus solides et plus fiables qui protègent les personnes en déplacement et qui aident les communautés qui les accueillent. 




Nous avons vu dans ces pages, ces derniers jours, que la France, n’est plus la terre d’asile par excellence, parmi les plus accueillantes du continent, comme elle l’était devenue au XIXe siècle, avec l’héritage à l’époque révolutionnaire, de cet embarrassant devoir d’asile envers les étrangers “bannis pour la cause de la liberté”.

La Journée Internationale des migrants est célébrée dans tous les Etats membre de l’ONU.

A Troyes et dans l’Aube, les organisations du collectif « Né(e)s d’ici ou venu(e)s d’ailleurs » étaient mobilisées comme chaque année depuis 25 ans.



Embarrassée face aux pressions populistes des droites extrêmes et des extrêmes-droites, la France suit la tendance qui s’est emparée de l’Europe entière.

Mais on voit chaque jour que le monde entier est touché par celle-ci, du nord au sud et d’est en ouest. Et pourtant, on sait que les migrations que nous avons connues jusqu’alors n’en sont encore qu’à leur début, devant la menace climatique qui pèse plus lourdement sur les pays qui ont moins que d’autres les moyens d’y faire face.

L’Amérique du nord, avec les USA au premier rang des pays les plus riches (voir ici), était jusqu’alors l’une des premières destinations de l’immigration. La donne est en train de changer, avec la campagne contre l’immigration menée par Donald Trump depuis son arrivée au pouvoir, assimilant celle-ci une à « menace civilisationnelle ». Faisant figure de leader mondial dans ce domaine également, il cherche à entraîner le monde entier dans son délire.



Trump étend sa campagne contre l’immigration de masse à ses alliés occidentaux. Le département d’État américain a demandé aux ambassades des États-Unis en Australie, en Europe, au Canada et en Nouvelle-Zélande de faire remonter les données sur les délits et les atteintes aux droits humains commis par les immigrés sur leurs territoires, rapporte le quotidien australien “The Age”. Une manière pour Washington d’agiter l’épouvantail d’une “menace civilisationnelle”.



Non content de s’en prendre violemment aux migrants, il lâche la bride à la pire des polices dont les pratiques rappellent les heures sombres de la ségrégation et les exactions du Klu Klux Klan, compromettant gravement la sécurité dans l’ensemble de la nation.


« Déchets » venus de « pays de merde »… Trump s’en prend violemment aux migrants. Donald Trump n’a plus aucun filtre. Mercredi soir, pendant un meeting en Pennsylvanie censé vanter sa politique économique, il a demandé « Pourquoi est-ce que nous ne prenons que des gens qui viennent de pays de merde ? »



Donald Trump s’en prend violemment à la Somalie, un « pays pourri », selon lui, et promet de durcir encore plus sa politique d’immigration. Le président de Etats-Unis a multiplié les propos incendiaires contre la Somalie. La semaine dernière, il a annoncé son intention de « suspendre définitivement l’immigration en provenance de tous les pays du tiers-monde ».



Traque des migrants aux États-Unis : jusqu’où ira la ICE, la très controversée police de l’immigration ?Aux États-Unis, les critiques contre Donald Trump se concentrent sur la radicalité et la violence assumée de sa police de l’immigration, l’ICE, comparée à des « chasseurs de prime du Far West ».



Aux États-Unis, la répression contre les immigrés prend des airs de “goulag”. Dans son numéro de novembre et décembre 2025, le magazine américain “Mother Jones” consacre un dossier complet à “la mise en place brutale de l’État policier de Trump”. Il dénonce un système répressif, qui mobilise d’importants moyens financiers et humains, au mépris de la dignité des personnes ciblées.



La politique d’immigration affaiblit la sécurité publique. Les entraves à la protection des personnes migrantes victimes de crimes met les communautés en danger. Les mesures prises par l’administration Trump en matière d’immigration aux États-Unis compromettent la protection des personnes sans papiers ayant été victimes de crimes, en entravant la capacité des forces de l’ordre à enquêter sur ces crimes en vue de poursuivre leurs auteurs, a déclaré Human Rights Watch dans un rapport publié aujourd’hui.  



Certains états sont particulièrement ciblés dans la décision de mettre fin au regroupement familial pour leurs ressortissants. États-Unis : fin du regroupement familial humanitaire pour sept pays. Les États-Unis durcissent encore leur politique migratoire. Washington annonce la fin du programme humanitaire de regroupement familial pour sept pays, dont Haïti, Cuba et le Honduras.



D’autres le sont par une « une interdiction d’entrée totale pour les ressortissants de chaque satané pays qui a inondé notre nation de meurtriers, de sangsues et d’accros aux aides sociales ».

Les Etats-Unis suspendent les demandes d’immigration en provenance de 19 pays. Les demandes de cartes de résident permanent des ressortissants des pays concernés – Afghanistan, Birmanie, Tchad, Cuba… – tout comme les demandes de naturalisation sont interrompues.



C’est ainsi que le pays revendique des chiffres record en matière d’expulsions. Le “tsar des frontières” somme les migrants sans papiers de quitter le pays. Depuis la frontière mexicaine, Tom Homan, principal architecte de la politique migratoire de la Maison Blanche, lance un avertissement direct aux immigrants en situation irrégulière. L’administration Trump durcit le ton et revendique des chiffres records en matière d’expulsions.



Pourtant, le « land of freedom » (pays de la liberté) ne serait jamais devenu ce qu’il est sans l’immigration. Que seraient les Etats-Unis sans les immigrés ?



Les répercussions se font sentir largement hors des frontières américaines et le Canada, où l’on assiste également à la fin du « rêve canadien » et plus au sud où le Chili, notamment,  vient de voir l’extrême-droite revenir au pouvoir, avec l’élection du président le plus à droite de l’ère post-Pinochet.

Présidentielle au Chili : l’inquiétude des migrants face à la probable victoire de l’extrême droite. À quelques jours du second tour de la présidentielle chilienne, qui a eu lieu dimanche, les étrangers en situation irrégulière s’inquiètaient des promesses d’expulsions massives portées par le candidat d’extrême droite José Antonio Kast, grand favori du scrutin. Entre tensions à la frontière, discours sécuritaire et incertitude politique, le climat se tend. 






Et, pour que cette Journée internationale des migrants ne se clôture pas sur de si alarmantes nouvelles, nous pourrons au moins nous réconforter de deux décisions judiciaires récentes qui confirment que l’extrême-droite ne peut pas encore tout se permettre en France.


Diffamation à l’encontre de La Cimade : Marine Le Pen définitivement condamnée.



Mila, militante d’extrême droite, a été condamnée à 2 000 euros d’amende avec sursis pour un tweet raciste.


RD

Migrants: Europe, la tentation du repli



A la veille de la Journée internationale des migrants, demain jeudi 18 décembre, on constate que le phénomène n’est pas seulement français, comme nous l’avons vu hier dans ces pages : de Madrid à Londres, l’Europe est traversée par une vague d’hostilité envers les immigrés, alimentée par des violences et une rhétorique politique de plus en plus radicale. Comment comprendre cette montée des tensions ? S’agit-il d’un phénomène européen ou de crises nationales qui se répondent ?




Les pays de l’UE approuvent un net durcissement de la politique migratoire.

Sous pression de la droite et de l’extrême droite, les ministres de l’Intérieur des Etats membres de l’Union européenne ont ouvert la voie lundi à l’envoi de migrants dans des centres situés hors de ses frontières.



Immigration : les Vingt-Sept ouvrent la voie aux « hubs de retour » hors des frontières de l’UE.

Les ministres de l’Intérieur des États membres de l’Union européenne ont donné, lundi, leur feu vert à un nouveau durcissement de la politique migratoire. Ils ont notamment validé la création de centres de retour en dehors des frontières de l’UE pour y envoyer les migrants dont la demande d’asile a été rejetée. Ces mesures doivent encore passer devant le Parlement en mars 2026.



Qui voudra bien des migrants ?

Le 8 décembre, les ministres de l’Intérieur des Etats membres de l’UE ont validé trois textes présentés par la Commission européenne visant à durcir les règles en matière de migration. Création de “hubs de retour”, renvoi des migrants irréguliers dans des pays “sûrs” sans lien avec leur origine, sanctions renforcées pour les personnes refusant de quitter le territoire : le tour de vis européen marque un tournant dans la politique d’accueil du continent.



Au Conseil de l’Europe, plusieurs pays membres réclament une révision de la CEDH pour faciliter les expulsions de migrants.

Plusieurs États membres du Conseil de l’Europe, organe chargé de défendre la démocratie et les droits de l’Homme sur le continent, ont réclamé mercredi une modification de la Convention européenne des droits de l’Homme pour que le texte permette d’expulser plus facilement des migrants.



L’Europe menace de réduire les avantages commerciaux des Etats qui refusent de coopérer en matière d’immigration.

Les pays en développement et les pays les moins avancés pourront se voir imposer des droits de douane plus élevés s’ils refusent de reprendre leurs ressortissants expulsés de l’UE. L’accord, scellé lundi entre le Conseil et le Parlement européens, prévoit cependant des mécanismes d’une telle complexité qu’il a peu de chances d’être appliqué.



Immigration : une géo-histoire de la tentation du repli.

Alors que le Portugal, longtemps perçu comme un modèle d’accueil, restreint à son tour le regroupement familial, des émeutes anti-immigration éclatent ailleurs sur le continent, notamment devant des hôtels abritant des demandeurs d’asile au Royaume-Uni. En toile de fond, la question demeure : que produisent, en France comme ailleurs, ces politiques sur l’expérience concrète des étrangers et sur le climat social ?



Ce sondage qui montre que les Européens ont une vision erronée de l’immigration.

Une enquête européenne révèle un fort décalage entre la perception de l’immigration et la réalité, alimentant une opposition croissante aux flux migratoires sur fond d’inquiétudes identitaires et sociales.



Croissance, démographie : les apports de l’immigration à une Europe vieillissante.

Dans une Europe dont les dirigeants prennent volontiers l’immigration pour bouc émissaire, l’Espagne fait figure d’exception : elle connaît une forte hausse de sa population et de sa croissance économique grâce à l’immigration – en partie celle de travailleurs saisonniers, venus d’Afrique par exemple, mais surtout en raison de l’arrivée de nombreux Latino-américains qui s’installent dans le pays. Reportage à Madrid.



Migrants: en France, les conditions d’accueil deviennent inhumaines



Alors qu’on s’apprête à se mobiliser pour la Journée internationale des migrants ce jeudi 18 décembre, on constate une nouvelle vague d’attaques extrêmement graves envers les personnes étrangères en France. Les conditions d’hébergement pour celles et ceux qui n’ont pas pu régulariser leur situation deviennent de plus en plus inhumaines.



REIMS: Ce parc où une trentaine de personnes survit sous des tentes, malgré le froid de l’hiver.

Plusieurs familles sont installées dans des conditions très précaires au parc Saint John Perse, à Reims (Marne). Pour l’essentiel exilés, en provenance d’Europe de l’Est ou du continent africain, ils attendent la régularisation de leur situation. Reportage.



LYON: « On ne peut pas laisser sa tente ouverte sinon les rats vont rentrer » : environ 250 mineurs non accompagnés vivent à la rue.

Environ 250 jeunes non accompagnés en attente d’une réponse à leur recours pour faire reconnaitre leur minorité vivent dans un campement dans des conditions de vie insalubres depuis janvier à Lyon. Suite à plusieurs nuits glaciales, quelques dizaines ont trouvé refuge dans une église du quartier. Reportage.



RENNES: 140 personnes évacuées de l’espace Simone-Iff par les forces de l’ordre.

Elle était imminente et attendue par les personnes à la rue et les collectifs de soutien. L’évacuation de l’espace social commun Simone-Iff à Rennes a eu lieu le jeudi 4 décembre.



FOUGERES: Fin de l’hébergement des jeunes migrants : un appel lancé pour leur « mise à l’abri ».

Alors que la mairie de Fougères (Ille-et-Vilaine) a stoppé la prise en charge de l’hébergement des quinze jeunes arrivés de Rennes fin octobre, le comité de soutien cherche à mobiliser associations et citoyens pour trouver une solution. Ils organisent une rencontre, jeudi 4 décembre 2025.



TREGUEUX: L’État interrompt l’hébergement d’urgence de jeunes migrants près de Saint-Brieuc : des associations alertent.

Les jeunes migrants logés à Trégueux (Côtes-d’Armor) devront quitter l’établissement le 16 décembre 2025. La préfecture a décidé de ne plus prendre en charge leur hébergement. L’État estime qu’ils sont majeurs, ce que contestent ces jeunes qui ont formulé un recours. En attendant, ils risquent de dormir dans la rue.




A suivre…

Troyes: manifestation pour la Paix ce samedi 13 décembre

De notre envoyée spéciale.

SG


« Nous partîmes à une petite trentaine, puis « par un prompt renfort, nous nous vîmes » presque 45 au plus fort du rassemblement. A peu près tous les membres du collectif étaient représentés, PLUS papy [déjà cité ici NDLR], particulièrement remonté !

Décision prise de ne pas déambuler, donc prise de parole + slogans ont été haut-parlés, en rond statique, en bas des marches place J-Jaurès.

Prochaine réunion du collectif le 05 janvier. Et recommandation de surveiller les RS pour les nouvelles à venir. « 

Agnès


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LDH de l’Aube : une assemblée générale 2025 riche et fournie, reflet d’une activité débordante



Ce lundi 8 décembre se tenait à la MAC (Maison de l’Animation et de la Culture) de Pont-Sainte-Marie l’assemblée générale statutaire de la section auboise de la LDH (Ligue des Droits de l’Homme).

Maryvonne BLUM-KÜHN, présidente sortante qui conduisait cette réunion, a ouvert la soirée en souhaitant chaleureusement bienvenue aux adhérent.e.s et aux invité.e.s ayant fait le déplacement pour cet événement annuel fondamental de la vie de la section.

Après approbation à l’unanimité du procès-verbal de l’AG 2024, Rémy DUFAUT, vice-président sortant rendait hommage à Michel BLUM, président d’Honneur de la section, décédé le 26 février 2025.


Maryvonne BLUM-KÜHN reprenait la parole pour évoquer l’une des activités essentielles de la LDH dans l’Aube : la sensibilisation aux droits de l’Homme et à la citoyenneté, à travers les actions en milieu scolaire et universitaire à l’école Jean-Jaurès et au collège Camus de La Chapelle Saint-Luc ( communiquer sur les droits et questions relatives aux discriminations), à l’IME Chantejoie de Rouilly-Saint-Loup sur le thème « Lutte contre toutes les violences », droits de enfants au collège Marguerite -Bourgeoys et à l’école La-Salle,  enjeux de développement durable et de responsabilité sociétale ainsi que la notion d’engagement et du rôle des associations à l’UTT. Ces 14 interventions ont nécessité 300 heures de bénévolat pour sensibiliser 205 élèves et étudiant.e.s ; les actions de formation ont concerné 37 élèves.


Michel DEGARDIN précisait que la section LDH de l’Aube a participé à de nombreuses manifestations et événements à l’échelon local comme national, à l’occasion de Journée internationale des droits des femmes à la MAC de Pont-Ste-Marie, du 1er Mai à Troyes, du Collectif aubois pour la Paix à Troyes, ce qui représente 8 réunions, 12 manifestations, 2 ciné-débats.



Se former, s’informer, communiquer sont certaines des clés particulièrement mises en avant cette année, avec notamment une visite guidée des Archives départementales. Rémy DUFAUT, chargé de la communication, présentait l’activité sur le site internet. La section LDH de l’Aube anime depuis 2020 un site dédié à l’actualité des droits humains dans l’Aube (https://site.ldh-france.org/troyes-et-aube/) mais également en France et dans le monde ; il obtient une audience sans cesse croissante à l’échelon mondial mais plus particulièrement en France (près de 30 000 visites annuelles). Les réseaux sociaux ne sont pas oubliés : nos pages Facebook, Instagram, Mastodon, Piaille, Bluesky sont quotidiennement alimentées et visitées par un nombre croissant d’internautes.

La mobilisation pour plus de démocratie et l’effectivité des droits demeure une priorité à laquelle contribue largement le Collectif aubois de veille et de lutte contre les extrêmes-droites, créé en 2023 à l’initiative de la cellule de veille de la section LDH de l’Aube, comme l’expliquait Rémy DUFAUT, membre du collectif pour la section LDH de l’Aube. Le collectif regroupe des associations, des partis, des syndicats, des citoyen.ne.s à titre indépendant et sur un mode trans partisan. Il compte aujourd’hui 49 membres (personnes physiques). Il s’est doté d’un visuel caractéristique pour être identifié (affiches, stickers auto-adhésifs, etc.)  Il se réunit régulièrement pour organiser des conférences, des opérations de tractages, des rassemblements, des comités d’accueil de personnalités politiques d’extrême-droite lorsqu’il viennent dans le département ; il se livre à une veille permanente de tout débordement des extrêmes-droites qui porterait atteinte à l’Etat de droit et aux droits humains pour le dénoncer. Il participe à des actions communes avec des partenaires qui luttent notamment contre les discriminations, le racisme, les violences sexistes et sexuelles, les violences et abus de la police ; il a réalisé un guide à l’usage des manifestant.e.s ; de nombreux projets vont voir le jour : actions « Porteur.se.s de parole », conférences, réunions-débats internes et publics, ciné-débats… Les élections municipales vont faire l’objet d’une attention particulière de sa part dans son action de veille. Hommage fut rendu à Isabelle Desimpel, membre très active du Collectif, décédée accidentellement en mars 2025.



La défense des droits des étrangers a constitué ces dernières années une activité en volume exponentiel. Maryvonne BLUM-KÜHN précisait que, de décembre 2024 à Novembre 2025, nous avons mené 774 entretiens au local de Sainte-Savine, à l’accueil de jour de la Croix-Rouge de Troyes (de janvier à avril) aux centres pénitentiaires de Villenauxe et de Troyes-Lavau, ainsi qu’à la Maison de le Justice et du Droit de Troyes. La permanence téléphonique a reçu 2433 appels et 420 mails et SMS. Tout ceci ajouté aux réunions, sessions de formation, interventions en milieux scolaire et universitaire nous amène à un total de 7000 heures de bénévolat, soit l’équivalent de 4,6 emplois à temps plein.

Le rapport d’activités fut adopté à l’unanimité.

Les projets et perspectives pour 2026 sont déjà bien engagés : la poursuite des interventions en milieux scolaire et universitaire, des engagements au sein des différents collectifs et du CDAD10, de la défense des droits des étrangers et l‘organisation d’un ciné-débat en partenariat avec la MACIF et l’UNAFAM et d’une conférence sur le thème de « La justice mise en examen ».

Le rapport financier était présenté par Gérard LAILLET, trésorier sortant : il est en croissance par rapport à l’année précédente et présente un excédent appréciable. Il fut adopté également à l’unanimité. Le budget prévisionnel est sensiblement équivalent à l’exercice 2025 et prévoit une somme pour l’équipement en matériel informatique, compte tenu de l’évolution des besoins en matière de la numérisation et au stockage des données.

Le renouvellement du bureau n’a pas permis de constituer un bureau complet, Gérard LAILLET, trésorier sortant se présentant comme seul candidat au poste de trésorier pour le prochain exercice et étant élu à l’unanimité.

Nous avons été pris de court par la nécessité de respecter la date ultime du 8 décembre dans le cadre des statuts nationaux de la LDH. Une prochaine réunion de la section sera prochainement convoquée pour renouveler l’appel de candidatures pour le poste de président.e et de secrétaire, qui sera suivie d’une assemblée générale extraordinaire élective pour constituer le bureau, qui s’étoffera par la suite.

Rémy DUFAUT, vice-président sortant a accepté d’assumer la responsabilité de président par intérim dans l’attente de cette assemblée élective et exclusivement jusqu’à la date de celle-ci, pour gérer les affaires courantes.

Maryvonne BLUM-KÜHN a assumé la lourde responsabilité de présidente pendant 10 mandats et souhaite à présent passer la main.



Un vibrant hommage lui fut rendu par l’assemblée lors d’une longue ovation debout, après la remise de cadeaux par les ancien.ne.s président.e.s de la section et la lecture par Françoise BLUM d’un texte adressé par Me Romain MAINNEVRET, avocat au barreau de REIMS avec son associé, Me Mathieu MALBLANC, avec lesquels nous avons beaucoup et très efficacement travaillé ces dernières années, en particulier lors des sessions au Tribunal administratif de Châlons-en-Champagne :

Chère Maryvonne,

Aujourd’hui, en prenant la parole, à travers la voix de votre sœur, j’espère pouvoir dire tout haut ce que tant de gens pensent tout bas, et de pouvoir vous remercier pour tout ce que vous avez construit dans votre engagement pour la défense des étrangers.

  • Un engagement guidé par la conviction

Depuis tant d’années, vous avez consacré votre énergie et votre cœur à la défense du droit des étrangers.

Vous avez porté cette mission non pas comme une simple responsabilité au sein de la LDH, mais comme un véritable combat, mené avec constance.

Vous avez toujours considéré chaque personne non pas comme un dossier, mais comme une histoire, un espoir, un avenir en quête d’ancrage.

Cette humanité, cette fidélité à vos valeurs, cette constance dans l’engagement m’ont  marqué dans le travail à vos côtés.

Pour ma part, je veux dire combien votre confiance a été précieuse.

Vous m’avez toujours laissé la liberté de défendre au mieux les personnes étrangères dont nous avions la charge.

  • Les anecdotes

Je me rappelle mon premier appel à la LDH, en 2020, quand j’avais été commis d’office !

Je me rappelle, de situations humaines réglées, de certains visages de personnes  dont les OQTF ont été annulées.

Des innombrables appels sur votre petit téléphone portable !

Je me rappelle du reportage de France 3 sur notre action croisée, au centre de laquelle se trouvaient le jeune Franklin et Archille.

Tous deux ayant aujourd’hui leurs papiers !

Nous avons formé un binôme déterminé le long de ces 5 années de collaboration.

  • Un départ, mais pas une absence

Votre départ de la présidence de la section marque la fin d’un chapitre, mais certainement pas la fin de votre influence.

Vous laissez derrière vous non seulement un travail accompli, mais une empreinte.

Et je sais que même si vous tournez la page de la présidence de section, votre regard, vos convictions, votre voix continueront de résonner, d’une manière ou d’une autre, dans notre manière d’agir en commun avec la personne qui vous succèdera.

Les combats sont encore là et s’avèreront encore plus complexes dans les années à venir, malheureusement !

Le travail continue dès jeudi prochain !

Enfin, chère Maryvonne, merci.

Merci… simplement, profondément

Merci pour ce que vous avez fait. Merci pour votre confiance accordée en 2020, quand nous avons commencé à travailler ensemble. Merci pour votre présence. Merci pour le modèle que vous avez incarné dans votre engagement.

Avec tout mon respect, toute mon affection.

Romain

Votre ami avocat !

Le mot de la fin revint à Maryvonne BLUM-KÜHN:


La soirée s’acheva autour d’un verre et de nourritures plus matérielles préparées par le restaurant associatif et participatif Les Mets d’Ailleurs de Rosières-près-Troyes.

La section LDH de l’Aube tient à remercier la mairie de Pont-Sainte-Marie qui a mis à notre disposition la salle de la MAC et tout particulièrement son personnel qui a rendu possible et agréable cette soirée importante dans la vie de notre association.

Troyes : pour une paix juste et durable

Haro sur les féministes


Mme Macron, voici tout ce que les « sales connes » vous ont permis d’obtenir.

Dans une vidéo devenue virale lundi, Brigitte Macron qualifie de « sales connes » des militantes féministes venues interrompre le spectacle d’Ary Abittan. Ces dernières sont pourtant les héritières d’une lutte sans laquelle les femmes n’en seraient pas là aujourd’hui.



« Sales connes » : NousToutes répond à Brigitte Macron.



Après les propos de Brigitte Macron, qui a qualifié des militantes féministes de « sales connes », l’indignation reste très forte.

De nombreuses actrices ont relayé le hashtag #JeSuisUneSaleConne pour dénoncer les propos de l’épouse du président. Selon son entourage, il ne fallait y voir « qu’une critique de la méthode radicale » employée pour interrompre le spectacle de l’humoriste Ary Abittan.



« Sales connes » : l’insulte de Brigitte Macron qui dévoile son mépris du féminisme.

En traitant de « sales connes » des militantes féministes ayant interrompu le spectacle d’Ary Abittan, Brigitte Macron dévoile le mépris de classe et l’hostilité du pouvoir envers les luttes contre les violences sexuelles. Une insulte révélatrice d’un système qui préfère protéger les puissants que écouter les femmes.



Insultes et mépris de femme à femme : pourquoi ça fait encore plus mal.

Les attaques entre femmes provoquent un choc particulier, surtout lorsqu’elles émanent de figures publiques en position de pouvoir. Depuis le début de la semaine, le « sales connes » de Brigitte Macron lancé aux féministes propage colère et déception  : pourquoi ces insultes émanant d’une femme nous font-elles encore plus mal ? Une psychologue décrypte, pour nous, les mécanismes à l’œuvre.




« Sales connes » : ce que révèle l’antiféminisme ordinaire de Brigitte Macron.

Rappelons qu’Abittan avait été accusé par une jeune femme de 23 ans de sodomie non consentie pour lequel il avait reçu un non-lieu de la Cour d’appel de Paris. Ledit dit non-lieu n’équivaut pas, cependant, à un acquittement.



Critiquer la forme pour étouffer le fond : un vieux réflexe anti-féministe.

Alors que l’entourage de Brigitte Macron dénonce la « méthode » des militantes de #NousToutes ayant interrompu le spectacle d’Ary Abittan, une mécanique bien connue se remet en marche : déplacer le regard du fond vers la forme, pour délégitimer la colère féministe.



Le féminisme est indissociable de la lutte des classes.

On entend parfois que le féminisme serait un outil du capitalisme, voire une fabrication de la bourgeoisie pour mieux soumettre les peuples : une idée fondée sur une profonde confusion historique et politique.. Le féminisme, loin d’être un cheval de Troie libéral, est né d’une nécessité vitale d’émancipation – y compris contre l’oppression capitaliste.



Michelle Perrot : « Le féminisme, c’est à la fois une action et une pensée ».

Dans « ADN », l’émission de l’INA, l’historienne et militante féministe Michelle Perrot se raconte face aux archives. Et nous livre sa vision de la société et de « l’Histoire au féminin ».



Quand la police nationale exhibe fièrement une banderole féministe à l’envers.



C’est une pratique très connue des milieux hooligans : s’afficher encagoulés avec le matériel ennemi retourné. Mais cette fois, il n’est en rien question de sport : c’est la police nationale qui reprend cette mise en scène, en posant fièrement avec une banderole antifasciste et antiraciste.

Le Loi de 1905 a 120 ans



Crèche dans l’Hôtel de ville de Béziers et célébration d’Hanouka : la Ligue des droits de l’Homme saisit la nouvelle préfète de l’Hérault.

Dans un courrier daté du 5 décembre, la présidente nationale de la Ligue des droits de l’Homme, Nathalie Tehio, saisit la nouvelle préfète de l’Hérault, Chantal Mauchet, pour lui demander de faire appliquer la loi de 1905 sur la séparation de l’Église et de l’État à Béziers.




Une crèche de Noël peut-elle être installée dans une mairie ?

Le juge considère que la crèche a notamment un caractère religieux, et que son installation est par conséquent illégale dans un bâtiment public tel qu’une mairie.



Non, Robert Ménard n’a toujours pas le droit d’installer une crèche de Noël au sein de sa mairie.

Le samedi 29 novembre 2025, Robert Ménard, maire de Béziers, a fait inaugurer, comme à son habitude, une crèche de la nativité dans la cour intérieure de la mairie biterroise. Cette installation n’est pourtant pas autorisée par la loi et a déjà été punie à de multiples reprises.




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Le cas Arnault



« Je serai intraitable » : quand Bernard Arnault interdit aux cadres de LVMH de parler à certains médias.

Bernard Arnault, la plus grosse fortune de France, a pris la plume pour interdire par mail aux cadres de son groupe de luxe LVMH, de s’adresser à certains médias dont Mediapart, le Canard enchaîné ou encore La Lettre qui a révélé le document, le 18 septembre dernier.



Merci Patron «Bernard Arnault, le procès aura lieu» : François Ruffin obtient un procès civil sur ses accusations d’espionnage par LVMH.

L’ex-insoumis accuse le groupe de luxe de l’avoir fait surveiller pendant la réalisation du documentaire « Merci Patron ! ». Les poursuites pénales engagées en 2019 avaient été abandonnées après un accord entre le groupe de luxe et la Justice.



C’est touchant. C’est juste un petit classeur, rouge, avec dedans des transparents. Le même que des centaines d’écoliers. Moins d’un euro chez Carrefour. Et il faut en dire la beauté, pourtant, de ce petit classeur rouge. Car voilà comment se conserve une tranche d’histoire populaire, comment est sauvé de l’oubli un drame qui, pourtant, a fait basculer des milliers d’existences. Juste un petit classeur rouge. Tandis qu’en face, ils se font bâtir des musées, ils réalisent des films sur leur success story, ils publient des ouvrages qui les célèbrent, et distordent ainsi une mémoire à leur gloire.



Mardi 2 décembre, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet est l’invitée de 8h20 sur France Inter, pour la première fois depuis la rentrée. L’occasion d’entendre les revendications des travailleurs ? Ou, pour les deux intervieweurs, de se faire les porte-voix du grand patronat.



Trahisons, manipulations, surveillance… Les méthodes de Bernard Arnault disséquées dans «Cash Investigation».

L’émission d’enquête de France 2 s’intéresse jeudi 4 décembre au parcours et aux procédés du patron de LVMH, l’empire français du luxe. De ses débuts dans l’immobilier à la conquête de Dior et Louis Vuitton, l’homme de Roubaix a utilisé tous ses appuis et toutes les combines pour construire son groupe.



Bernard Arnault paierait proportionnellement 6 fois moins d’impôts qu’un Smicard, selon Zucman.

L’économiste Gabriel Zucman, spécialiste mondialement reconnu des inégalités et de l’évasion fiscale, souligne que le taux d’imposition sur les revenus de Bernard Arnault est six fois inférieur à celui d’un salarié au SMIC, soit 1,25 % contre 9,7 %.



De son côté, le propagandiste d’extrême-droite au service de l’ami Bolloré, Pascal Praud, lance à propose de l’émission Cash Investigation sur LVMH : “On devrait faire une statue à Bernard Arnault ! »




L’itinéraire sans surprise d’un héritier

(Source Wikipedia)


Enfant issu d’une famille aisée, entré à Polytechnique en 1969, il est diplômé en 1971. Puis il choisit l’École des mines de Paris comme « école d’application ».

Dès sa sortie de l’école, en 1971, Bernard Arnault rejoint l’entreprise familiale de bâtiment et travaux publics Ferret-Savinel. Nommé directeur de la construction de l’entreprise en 1974, il est promu directeur général en 1977 à l’âge de vingt-sept ans, avant de succéder à son père à la tête de la société en 1978.

Il reconvertit l’entreprise dans la promotion immobilière avec pour slogan : « Férinel, propriétaire à la mer » (Férinel sera rachetée en 1995 par la Générale des eaux puis renommée Nexity).

En 1981, il s’expatrie aux États-Unis où il fonde l’entreprise Férinel Inc. et fréquente le promoteur immobilier Donald Trump.

En 1984 il se porte candidat au rachat du Groupe Boussac, qui possède alors Christian Dior (à l’exception des parfums, alors séparés depuis les années 1970), le grand magasin Le Bon Marché, l’enseigne de distribution Conforama et le fabricant de couches Peaudouce. Il souhaite s’emparer de Dior et rachète le groupe Boussac, alors en difficulté, en promettant de maintenir l’emploi et d’assurer « la survie du groupe en évitant son démantèlement ».

Pour ce faire, il bénéficie de l’appui de la banque Lazard en la personne de l’influent Antoine Bernheim, surnommé « le banquier faiseur de rois » et s’engage dans un document de quarante-quatre pages à maintenir 12 252 des 16 000 emplois du groupe Boussac Saint-Frères.

Bernard Arnault devient PDG de Dior en 1985. Bien qu’ayant obtenu des subventions publiques de l’État pour ce rachat, il n’honorera jamais sa parole, et quelques mois plus tard, seuls 8 700 des 12 252 emplois garantis subsistent ; de 15 000 employés, le groupe en conserve 8 000 quelques années après le rachat.

En 1987, la Commission européenne estime que les aides accordées par l’État français ont faussé le jeu de la concurrence au sein des États membres et exige du groupe de Bernard Arnault le remboursement de 338,56 millions de francs, y compris des aides datant d’avant le rachat par Bernard Arnault, lorsque l’entreprise était une société à capitaux publics.

En juillet 1988, Bernard Arnault rachète Celine.

L’année suivante, en 1988, le groupe est à la recherche d’investisseurs. Avec plus de 25 % des actions, Bernard Arnault devient l’un des actionnaires principaux du groupe.

Pour prendre le contrôle définitif du groupe, Bernard Arnault lance une offre publique d’achat (OPA). Profitant de la pagaille boursière et actionnariale, il devient, en juillet 1988, premier actionnaire de LVMH et actionnaire majoritaire le 6 janvier 1989, avec l’aide de la banque Lazard et du Crédit lyonnais.

Il réunit, en 1989, les parfums et la couture au sein de la holding Christian Dior SA. Cette holding a alors pour filiales Christian Dior Couture et LVMH, qui possède la marque Parfums Christian Dior, anciennement propriété de Moët-Hennessy. En 1989, il devient le PDG de LVMH.

En 1993, il rachète le quotidien économique La Tribune sans parvenir à redresser ses ventes, malgré des investissements qui s’élèvent à près de 150 millions d’euros. Il décide en novembre 2007 de revendre le titre pour acquérir l’autre grand quotidien économique français, Les Échos, pour 240 millions d’euros.

Dans les années 1990, les acquisitions de son groupe s’enchaînent. Il rachète 21 % des parts de Guinness et entre à son conseil d’administration. En 1997, il échoue à bloquer la fusion entre Guinness et GrandMet qui aboutit à la création de Diageo en 1998.

À la fin des années 1990, Bernard Arnault fait de l’art le pilier de la stratégie de communication de son groupe en achetant Phillips, le numéro trois mondial de la vente aux enchères, pour 125 millions d’euros, et Tajan, le premier français de ce même secteur.

En 1996, le groupe de Bernard Arnault acquiert 38 % du capital de Château d’Yquem, grand cru classé de Sauternes, dans le vignoble bordelais. En 1998, il devient majoritaire avec 64 % des actions.

Pour symboliser la croissance et la force du groupe LVMH aux États-Unis, Bernard Arnault décide dans les années 1990 de regrouper ses activités au sein d’une même tour à New York, la LVMH Tower. Il choisit l’architecte Christian de Portzamparc pour réaliser ce projet, dans lequel il s’implique personnellement. Le 8 décembre 1999, la tour LVMH est inaugurée en présence d’Hillary Clinton.

Entre 1998 et 2001, il se passionne pour la nouvelle économie et investit notamment dans boo.comLiberty Surf et Zebank au travers de sa holding spécialisée Europ@web. Le krach des valeurs Internet à partir de mars 2000, et plus encore les attentats du 11 septembre 2001, le convainquent d’accélérer sa sortie de ce secteur par cession au groupe SuezLiberty Surf est vendue à Telecom Italia alors que Zebank est vendue à Egg plc. Bernard Arnault investit également dans Betfair et Netflix dont il est l’un des premiers investisseurs.

En 2001, il trouve un accord avec François Pinault dans la bataille qui les opposait pour la maison de couture Gucci, en vendant les 20 % de titres Gucci détenus par LVMH pour 2,13 milliards d’euros.

En association avec Colony CapitalGroupe Arnault entre dans le capital de Carrefour le 23 mars 2007 et siège donc au conseil d’administration du groupe français de grande distribution.

En 2008, il se lance sur le marché du yacht en s’offrant le constructeur britannique Princess Yachts  pour un total de 253 millions d’euros, puis en prenant le contrôle de Royal van Lent pour un montant équivalent.

En septembre 2012, à la suite des révélations au sujet de sa demande de nationalité belge, Bernard Arnault se voit consacrer la une du quotidien Libération, sous le titre « Casse-toi riche con ! », qui entraîne une polémique. En janvier 2013, la quasi-totalité de ses actifs du Groupe Arnault et du Groupe familial Arnault sont transférés en Belgique et Thierry Breton assure la présidence de cette fondation Protectinvest.

À la suite de la parution du numéro de Libération, les sociétés dépendant du groupe LVMH retirent leurs publicités prévues jusqu’à la fin de l’année, entraînant un manque à gagner de 150 000 € pour le quotidien.

En 2012 toujours, Bernard Arnault, victime d’un chantage, fait officieusement appel, à travers Bernard Squarcini, aux services de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), anciennement DCRI, qui met à disposition, aux frais de l’État français, un important dispositif d’espionnage, aboutissant au licenciement d’un employé de LVMH. À son arrivée au pouvoir, François Hollande ne reconduit pas dans ses fonctions Bernard Squarcini, que Nicolas Sarkozy a nommé à la tête de la DCRI. Il est alors embauché chez LVMH.

Bernard Arnault devient l’un des principaux actionnaires du journal L’Opinion, fondé en 2013.

Le 10 avril 2013, dans un entretien au Monde, Bernard Arnault annonce qu’il retire sa demande de nationalité belge et réaffirme son « attachement à la France ». Il ajoute qu’il aurait, dans tous les cas, continué de résider en France et n’a pas souhaité échapper à l’impôt. Toutefois, en avril 2014, les journalistes de l’émission de France 2 Complément d’enquête retrouvent des documents montrant que Bernard Arnault a rempli une déclaration fiscale belge en 2012 et qu’il a commencé à payer ses impôts (13 000 €) dans le pays, avant de revenir en arrière.

En 2016, alors que LVMH fait de l’origine française de ses produits un argument commercial, le documentaire satirique Merci Patron !, réalisé par François Ruffin, critique la gestion sociale de LVMH, révélant que de très nombreux produits sont en fait confectionnés en Pologne, à Madagascar ou en Asie, pendant que les usines françaises ferment. Face à la controverse, Bernard Arnault tente de faire pression sur les médias dépendant de son groupe pour étouffer l’affaire, provoquant l’indignation des journalistes. Bernard Arnault dénonce des attaques venues d’« observateurs d’extrême gauche ». Invoquant des créations d’emplois, il soutient que le groupe est un « contre-exemple » pour des organisations politiques qui cherchent à le critiquer.

Le 3 juillet 2017, Bernard Arnault finalise l’acquisition de la société Christian Dior Couture, alors filiale à 100 % de la holding Christian Dior SA, unifiant ainsi la couture et les parfums au sein de LVMH.

Mi-mars 2020, lors de la pandémie de Covid-19 en France, Bernard Arnault demande à l’ensemble des unités de production de parfums de plusieurs marques du groupe LVMH de produire à grande échelle des solutions hydroalcooliques et de les mettre gratuitement à disposition des autorités sanitaires. Quelques jours plus tard, le groupe annonce par ailleurs avoir « réussi, grâce à l’efficacité de son réseau mondial, à trouver un fournisseur industriel chinois capable de livrer dix millions de masques en France dans les prochains jours » ; Bernard Arnault demande à LVMH de financer la première semaine de production (environ cinq millions d’euros) pour accélérer la livraison.

Aux côtés de Jean-Pierre Mustier et de Tikehau Capital, Bernard Arnault lance en février 2021 un SPAC (de l’anglais « special-purpose acquisition company », en français « société d’acquisition à vocation spécifique ») , appelé Pegasus et destiné à réaliser des acquisitions dans le secteur des services financiers.

En novembre 2024, Bernard Arnault et ses enfants, dont le fils ainé Antoine Arnault porteur du projet, annoncent devenir actionnaires majoritaires (à hauteur de 52 %) du Paris FC, le deuxième club professionnel de football basé à Paris.

Le 2 décembre 2024, il est élu membre de l’Académie des sciences morales et politiques, au fauteuil n°1 de la section Économie politique, Statistique et Finances, laissé vacant par le décès de Denis Kessler.


Une histoire de famille et un microcosme

Enfants issus de son premier mariage avec Anne Dewavrin (qui épousera par la suite en secondes noces, en 2001, le gestionnaire de fortune Patrice de Maistre), Delphine Arnault, née en 1975, est administratrice du groupe LVMH depuis 2004 et PDG de Christian Dior Couture depuis le 11 janvier 2023 et Antoine Arnault, né en 1977, est directeur général de Berluti.

Trois fils naissent du deuxième mariage avec Hélène Mercier (pianiste québécoise): Alexandre Arnault, né en 1992, directeur exécutif de Tiffany & Co. ; Frédéric Arnault, né en 1995, PDG de TAG Heuer ; et Jean Arnault, né en 1998 directeur marketing et développement pour les montres Louis Vuitton.

Depuis 2010, Bernard Arnault est le beau-père de Xavier Niel, homme d’affaires et vice-président d’Iliad, qui a épousé sa fille Delphine.

RD

Le logement est un besoin essentiel, pas une variable d’ajustement budgétaire



Après avoir été largement rejeté par les députés, le projet de loi de finances poursuit son examen au Sénat, dans sa version présentée par le gouvernement. Ce retour à la case départ est une très mauvaise nouvelle pour les personnes sans domicile et mal-logées, tant le texte initial manque d’ambition pour le logement, et poursuit le démantèlement de filets de protection essentiels des plus vulnérables.



La crise du logement, déjà profonde, s’aggrave dans notre pays. Se loger ne doit pas être un privilège. Le logement constitue aujourd’hui le premier poste de dépense des ménages en France, représentant en moyenne 27 % de leurs revenus et pouvant atteindre jusqu’à 50 % pour certains foyers, en particulier pour les locataires dans les zones tendues, selon l’Insee (2023).



Une retraitée de 77 ans expulsée de son logement social : « Ça coûte cher d’être pauvre ».

Une septuagénaire a été expulsée de son logement social à Reims (Marne), le 24 novembre dernier, après des années de difficultés financières et d’impayés. Malgré ses efforts pour rembourser les arriérés de loyer, la locataire surendettée se retrouve à la rue. Son fils déplore un manque de solution de relogement.



Un Marseillais de 73 ans bientôt expulsé de son logement social : « Je ne dors pas la nuit ».

À Marseille, un homme âgé de 73 ans sera, en mars prochain, mis à la porte du logement social qu’il occupe avec sa famille depuis 1967. Le bail était au nom de sa sœur, décédée en octobre, et il ne remplit pas les critères pour y rester, selon le bailleur Provence Métropole Logement.



Une sexagénaire meurt dans la rue faute de logement social : son fils accuse la mairie.

À Piriac-sur-Mer, Sylviane, 66 ans, est décédée d’un malaise cardiaque après avoir passé plusieurs nuits dans sa voiture avec son mari. Un drame qui met en lumière la pénurie de logements sociaux dans les communes littorales.



L’ex-ministre Guillaume Kasbarian « assume le record » d’expulsions locatives, et provoque un tollé.

Celui qui est désormais député Renaissance appelle même à « aller plus loin », en facilitant les expulsions pour loyers impayés.



La ministre de la Culture Rachida Dati fait de nouveau polémique : l’élue aurait abusé de sa position pour obtenir un logement social à Paris pour sa sœur.

La ministre de la Culture, de nouveau au cœur d’un scandale. D’après une enquête du Canard enchaîné publiée dans son édition du mercredi 15 octobre, Rachida Dati est intervenue pour favoriser l’attribution d’un HLM situé à Paris (Île-de-France) pour sa sœur.



Le gouvernement lâche du lest, les patrons ne lâchent rien


Prix de l’électricité, bonus auto, taxe foncière  : Lecornu lâche du lest pour sauver le budget.

Le Premier ministre démine le terrain des sujets polémiques avant la dernière ligne droite sur le budget. Si le PS souhaite trouver un compromis, les LR, par la voix de Bruno Retailleau, haussent le ton.



Taxe foncière : le gouvernement cède à la pression et suspend la fiabilisation des valeurs locatives.

Face au tollé des élus nationaux, locaux et des propriétaires, le gouvernement a décidé de suspendre la fiabilisation des valeurs locatives des logements prévue en 2026. Une reculade qui laisse craindre le pire pour la poursuite de la grande réforme des valeurs locatives, pourtant réclamée par tout le monde local.



Critique contre les grands patrons : Sophie Binet annonce sa mise en examen pour injure publique.

La leader de la CGT, Sophie Binet, a annoncé mardi sur France Inter sa mise en examen pour « injure publique » après avoir qualifié en janvier à la radio les patrons de « rats qui quittent le navire » dont « le seul objectif, est l’appât du gain ».



Qui est Sophie de Menthon, à l’origine de la plainte contre Sophie Binet ?

Sophie Binet vient d’annoncer être mise en examen pour injure publique. La secrétaire générale de la CGT avait qualifié les patrons qui menaçaient de délocaliser leur entreprise en cas de surtaxe du gouvernement « de rats qui quittent le navire » . A l’origine de la plainte, Sophie de Menthon, une présidente du lobby patronal Ethic, qui a l’habitude de tisser des liens entre les patrons et l’extrême droite.

Troyes: pour une paix juste et durable

HB



Aujourd’hui se déroule une manifestation nationale de solidarité avec le peuple palestinien. Nous y répondons ici à Troyes, avec le Collectif pour la paix. Montrons la force de notre mobilisation pour les droits du peuple palestinien et pour un monde fondé sur le droit et sur le respect de notre humanité commune.

Le 9 octobre, il y a plus d’un mois maintenant, un accord de cessez- le-feu à été signé entre Israël et le Hamas; le plan Trump se met en marche, les otages israéliens ont été en quasi-totalité libérés. Mais comme il fallait s’y attendre, le cessez le feu n’est pas effectif. Israël ne cesse de le violer. “Dès que le Hamas aura libéré les otages la guerre s’arrête” nous a-t-on répété inlassablement dans les médias. Aujourd’hui, toute la fausseté de cet argument éclate au grand jour.

On ne cesse de retrouver des corps, 572, retirés des décombres, portant l’estimation du nombre total de morts à plus de 69 500 depuis le 7 octobre 2023. Depuis le 10 octobre, 312 gazaouis, dont des enfants, ont été tués par l’armée israélienne.

Il faut se rendre à l’évidence : le génocide est toujours en cours avec son cortège de souffrances et de morts.

L’acheminement de l’aide alimentaire est toujours entravé, l’absence d’assainissement provoque de nombreuses maladies, l’accès au soin, aux médicaments n’est pas assuré. Loin d’avoir renoncé à l’expulsion de la population, Israël est conforté par le plan américain visant à diviser Gaza en deux zones, une verte pour la reconstruction sous contrôle militaire et laissant l’autre partie à l’est, la zone rouge en ruine forçant la population au déplacement.

La colonisation s’accélère en Cisjordanie, avec plus de 260 attaques de colons pour le seul mois d’octobre. Privés peu à peu de leur terre, privés de leur moyen d’existence. Sans cesse entravés par la présence de plus en plus grande de checkpoints rendant la circulation presque impossible.

Le Liban est de nouveau soumis à des frappes sur sa capitale et de nouveaux murs sont construits

Le plan américain n’attaque en rien la racine du problème : l’expulsion des Palestiniens de leur terre. Il ne s’attaque en rien à la cause profonde de la violence : le siège, l’occupation et le nettoyage ethnique perpétrés par Israël.

Nous lançons un cri d’alarme : le génocide est toujours en cours. Ce qui est en jeu c’est l’extermination d’un peuple massacré et expulsé de ses terres. D’ores et déjà, c’est par dizaines de milliers que nous comptons les morts. Le plan Trump ne fait qu’organiser la poursuite du génocide et s’il n’y est pas mis obstacle, c’est en centaines de milliers que le sinistre décompte devra se faire.

Nous affirmons qu’une paix durable ne pourra se réaliser qu’en garantissant le droit au retour des Palestiniens et la reconnaissance effective de leur droit à l’autodétermination.

Nous affirmons que l’avenir des Palestiniens doit être décidé et construit par eux même, que seule l’égalité des droits et la justice apporteront une paix juste et durable.

Nous affirmons que le plan Trump n’ayant qu’une perspective sécuritaire pro-israélienne ne fournit rien d’autre qu’un horizon de guerre permanente à tous les peuples de la région.


Pour ces raisons, nous appelons à rejeter ce plan et nous exigeons :

•  l’entière auto-détermination du peuple palestinien qui doit être l’acteur de son propre destin et le droit au retour des réfugiés palestiniens

•  la fin de l’occupation, de la colonisation, de l’apartheid, conformément à la résolution de l’ONU

•  des sanctions contre Israël

  • sur le plan diplomatique et par la remise en cause des coopérations commerciales, universitaires et de recherche avec Israël.
  • Par la suspension de l’Accord d’Association entre l’Union européenne et Israël

•  un cessez-le-feu définitif et la fin du génocide, l’entrée sans entrave de l’aide humanitaire à Gaza et de la reconstruction sous direction palestinienne

Nous vous appelons à la prochaine manifestation sur Troyes le samedi 13 décembre.

 Troyes, 29/11/2025

Troyes: Solidarité Palestine, samedi 29 novembre

Quand l’Arcom disjoncte



Il y a 8 mois, lorsque l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (ARCOM) décidait de ne pas renouveler les fréquences de C8 et NRJ12, un déluge de critiques s’abattait sur cette autorité publique indépendante nationale, remettant en cause sa légitimité. Pour C8, l’Arcom pointait un manque de maîtrise à l’antenne, notamment lié aux nombreux dérapages de Cyril Hanouna, l’animateur de l’émission « Touche pas à mon poste » (TPMP). Le gendarme de l’audiovisuel relevait également un manque de pluralité de points de vue.

Aujourd’hui, la presse de droite et d’extrême-droite lui attribue toutes les vertus, alors que l’Autorité de régulation demandait dans un délai irréalisable la modification de la diffusion de l’émission Complément d’enquête diffusée hier soir sur France Télévisions et consacrée à la chaîne CNews, considérant que cette dernière n’a pas porté atteinte au pluralisme. Nous démontrions le contraire hier dans ces colonnes.


Pluralisme sur CNews, RSF déplore une réponse « insuffisante » de l’Arcom : « Nous avons revérifié nos chiffres et nous les maintenons ».

Décryptage.  L’Arcom a remis en question une enquête de Reporters sans Frontières qui accusait CNews de « tricher » pour contourner ses obligations sur le pluralisme politique. L’ONG persiste et signe et regrette la méthode du régulateur.



Enquête sur le pluralisme en France : RSF répond aux contre-vérités.

L’enquête, produite par Reporters sans frontières (RSF), sur le pluralisme sur les chaînes d’information en continu en France au regard des nouveaux critères de mesure du pluralisme à l’antenne établis par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom), suscite des réactions manipulatoires et des questionnements légitimes. RSF, qui maintient l’intégralité des données et analyses partagées dans son enquête, revient sur les faits.



CNews : le jour où l’ARCOM a basculé dans une réalité parallèle.

Est-ce parce que le nouveau président de l’ARCOM, Martin Adjari, s’est fait bousculer sur ses accointances PS passées, par le rapporteur ciottiste de la toute neuve commission d’enquête sur la « neutralité de l’audiovisuel public » ? Est-ce parce que des « journalistes » de Frontières se sont introduits en mode intimidation dans les couloirs de l’ARCOM en janvier dernier ? Est-ce tout simplement la peur de l’avenir ? 

4ème pouvoir



A l’occasion de la célébration de ses 20 ans par bfmtv  au cours d’une soirée spéciale, ce jeudi soir, on s’aperçoit que la sphère médiatique est en train de se réveiller face aux manquements de ces chaînes d’info continue qui envahissent aujourd’hui le paysage audiovisuel français.

Depuis 2017, année du lancement de CNews, le gendarme de l’audiovisuel a prononcé près d’une centaine de rappels à l’ordre contre les quatre chaînes d’information en continu, d’après un décompte réalisé par « Complément d’enquête » et franceinfo.



C’est bien CNEWS, la chaîne de Vincent Bolloré (détenteur des chaînes du Groupe Canal+ (Canal+, CNews, CStar), de l’éditeur Editis, des radios Europe 1 et RFM, de Télé-Loisirs, Geo, Gala,VoiciFemme actuelle, Capital et Le JDD) qui reçoit le trophée de la chaîne la plus citée en matière d’entorses aux règles imposées par l’ARCOM, ne se donnant plus aucune limite en utilisant leur influence pour faciliter l’arrivée du RN au pouvoir.



CNews a été accusée mercredi par l’organisation Reporters sans frontières de « tricher » avec les règles de l’équilibre politique pour favoriser l’extrême droite, des éléments qui nourrissent une émission d’investigation de France 2 consacrée jeudi soir à la chaîne d’info de la galaxie Bolloré.



Reporters sans frontières (RSF) a passé au peigne fin les programmes et émissions des chaînes d’information en continu, au cours du mois de mars 2025, au regard des nouveaux critères de mesure du pluralisme à l’antenne établis par l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom). Les résultats de notre enquête sont sans appel : s’il existe ici et là quelques déséquilibres, seule CNews s’éloigne de manière flagrante et systématique du cadre imposé depuis juillet 2024. La chaîne privée va jusqu’à narguer le gendarme de l’audiovisuel en affichant un bandeau proclamant le respect de ces règles, pourtant largement foulées au pied sur le mois étudié.



Comme toutes les chaînes d’information en continu, CNews est tenu de respecter le pluralisme à l’antenne. Tous les «courants de pensée et d’opinion» doivent y être diffusés, à raison d’un tiers de temps de parole pour l’exécutif et de deux tiers répartis équitablement entre l’ensemble des forces politiques selon leur poids électoral et dans les sondages. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) est chargée de vérifier que les chaînes se soumettent bien à ces règles.




Début septembre 2025, Acrimed s’inquiétait de l’interview « exceptionnelle » de François Bayrou pendant une heure trente aux quatre chaînes d’info en même temps ! « Une première » dans l’histoire journalistique, soulignait Le Parisien, « un format digne du président de la République », s’emballait Le Figaro. S’il n’a accouché de rien de nouveau sur le fond, le format aura permis une nouvelle fois de démontrer que la multiplication des chaînes d’information en continu ne signifie pas une multiplication des points de vue, mais un matraquage plus intense du même, surtout quand il est question d’économie.



En octobre, Le Parisien observait que la crise politique profite aux chaînes d’info, CNews se classant alors cinquième chaîne nationale juste derrière M6.



Début novembre, on présentait ainsi les Audiences d’octobre 2025 sur les autres chaînes : « TF1 leader en forte baisse, France 3 en chute libre talonnée par M6, W9 brille grâce à Cyril Hanouna », recyclé dans l’urgence après la fermeture de C8 suite au non renouvellement de sa licence d’exploitation.



Et, comble du comble, ce sont la droite et l’extrême-droite qui jouent l’indignation, interpellant l’ARCOM quant à sa neutralité.




On reverra ci-dessous avec intérêt la série des 6 émissions réalisées en partenariat par Acrimed et Blast sur le 4ème pouvoir.




Mais on n’a pas encore vu le pire. Prochain hebdo à rejoindre la bande dans la presse écrite, pour compenser la récente vente de Paris Match JDNews, dont le rédacteur en chef devrait être Louis de Raguenel, ancien de Valeurs actuelles et actuel chef du service politique d’Europe 1.

Et du côté d’internet, CNews s’est offert un clone : CNews Prime, une chaîne 100 % en ligne, lancée presque en douce le 26 novembre. Hors TNT, plus d’obligations strictes sur les temps de parole, plus de surveillance trimestrielle. Un espace parfait pour diffuser la même ligne éditoriale que CNews, mais débarrassée de ses rares garde-fous. Et dès le premier quart d’heure d’antenne, la couleur est annoncée : Bardella, puis un sujet anxiogène sur une supposée « offensive islamiste ».



CNews déprime. Ce mardi, le groupe du milliardaire d’extrême droite Vincent Bolloré a lancé une nouvelle antenne en ligne, «CNews prime». Elle rediffuse les contenus de la controversée chaîne d’info en continu. Au programme : sécurité, islam et tribune aux personnalités d’extrême droite.

Ça promet


Ce soir au cinéma UTOPIA de Pont-Sainte-Marie



Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes



« Ne rien faire, c’est laisser faire »: des hommes appellent à lutter contre les violences faites aux femmes

Acteurs, artistes, médecins, militants… À l’occasion de la Journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes, ONU Femmes France publie une tribune « Le silence des hommes doit cesser ». Alors que les chiffres des violences grimpent et que les discours masculinistes gagnent du terrain, un collectif d’hommes de tous horizons appellent leurs pairs à s’investir dans cette lutte, aux côtés des femmes. 









Refusons le projet d’enquête nationale sur l’antisémitisme dans l’enseignement supérieur et la recherche

Le 9ème art en crise



Le naufrage du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême (FIBD) interroge. Qui a sabordé le navire ? Pourquoi la société organisatrice 9eArt + et l’association qui lui a donné délégation en 2007 sont-elles autant critiquées ? Comment ont-elles provoqué le boycott des artistes, la défection des éditeurs et la défiance des financeurs ? Comment expliquer un tel gâchis ?



Alors que le festival est en danger de mort, Charente Libre n’a cessé depuis 18 ans de multiplier les mises en garde. En particulier sur l’opacité de son fonctionnement et la confiance aveugle accordée à Franck Bondoux par l’association.



Festival d’Angoulême : Rachida Dati a une carotte pour que l’édition 2026 soit maintenue malgré les polémiques.

La ministre de la Culture a indiqué dans « Ouest-France » que des subventions qu’elle avait sucrées au festival pourraient être « rétablies » si « les conditions sont réunies ».



« Dans la bataille autour du Festival de la BD d’Angoulême, ce sont des autrices, souvent jeunes, qui portent la colère »

Pourquoi les auteurs se sacrifient-ils en appelant au boycott de la manifestation en janvier ? En toile de fond figurent la paupérisation du métier (dont les autrices sont les premières victimes), une surproduction d’albums et un affrontement entre art et commerce, observe dans sa chronique Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde ».



Violée et licenciée : la double peine pour une salariée du festival d’Angoulême.

Chloé, une ancienne responsable de la communication, a saisi les prud’hommes pour contester son licenciement pour faute grave. Son tort : avoir signalé un viol dont elle aurait été victime lors de la précédente édition du Festival d’Angoulême.



Quand la BD dérange : PETITE CHRONIQUE D’UNE EXPULSION



Ce week-end (21-23 novembre 2025), j’aurais dû assister au festival de bande dessinée BD COLOMIERS (https://www.bdcolomiers.com/), auquel j’ai été invitée suite à la publication en traduction française de mon livre  « Sindrome Italia » par les éditions PresqueLune (https://www.presquelune.com/syndrome-italie).

La maison d’édition avait organisé mon voyage, mon hébergement ainsi que deux jours de dédicaces pour la sortie du livre. Inutile de dire que j’étais impatiente : c’est un très beau festival, où j’aurais pu rencontrer de nombreux collègues, une occasion importante pour mon travail.

Vendredi soir. Le vol Francfort-Toulouse atterrit à 18 heures et, dès que je descends de l’avion, je trouve trois agents de la Police nationale (la police française) qui m’attendent. Ils m’arrêtent et me mettent au courant du fait que je ne peux pas mettre les pieds en France, qu’ils ne savent pas exactement pourquoi, mais qu’il existe un signalement du ministère de l’Intérieur concernant le danger que je représenterais. Je reste interdite, mais après un premier moment de surprise mêlée de panique, j’explique tout d’abord que je n’ai jamais eu de problèmes avec la justice française et je montre la lettre d’invitation du festival, en précisant que je suis là pour mon travail. Ils ne m’écoutent pas, ils sont inflexibles.

On me dit que je dois immédiatement remonter dans l’avion et retourner à Milan : ils ont reçu l’ordre de me rapatrier et si je refuse, « ce sera pire pour moi », ils seront obligés de m’arrêter et, probablement, de me transférer dans un CRA (Centre de rétention administrative pour migrants). Tout cela dure 15 minutes, je me sens acculée et je décide de remonter dans l’avion.

Dans l’avion, on me remet une sorte de procès-verbal de rapatriement dans lequel il est précisé que je n’ai pas pu entrer en France car je constituerais « une menace grave pour l’ordre public français » et qu’en conséquence, je fais l’objet d’une « mesure d’interdiction d’entrée ». En cherchant une explication à cela, je me souviens du mois de juin 2023, lorsque j’ai participé aux journées d’assemblées, de concerts et de manifestations publiques organisées à Paris à l’occasion du dixième anniversaire du meurtre de Clément Méric, un jeune antifasciste tué en 2013 à Paris à l’âge de 18 ans par trois extrémistes de droite. Bien que ces initiatives se soient déroulées sans aucune tension, en présence de milliers de personnes venues à Paris de toute l’Europe, j’ai appris que certains de mes compagnons de voyage italiens avaient eu des problèmes aux frontières dans les mois qui ont suivi, avec quelques questions supplémentaires de la part de la police sur les raisons de leurs déplacements, mais personne n’a jamais été bloqué ou refoulé. 

Il y a donc encore quelque chose qui m’échappe et je vais certainement devoir me faire aider par des personnes plus compétentes en matière de jurisprudence française pour clarifier les aspects juridiques de cette affaire.

Cela dit, je tiens à partager quelques brèves réflexions.

Mon travail de dessinatrice de bandes dessinées m’amène souvent à voyager : découvrir le monde, parler aux gens, m’informer pour écrire et dessiner ce qui se passe autour de moi, tout cela fait partie de ma vie. Tout comme être active politiquement, participer à des initiatives, des manifestations et des assemblées : tout cela se mélange et se reflète également dans ce que je dessine. Face à tout cela, je ne suis donc pas surprise de pouvoir faire l’objet d’une « attention » particulière de la part des forces de police, étant donné que désormais, l’activisme politique, même modéré et au grand jour, constitue un motif de profilage de la part de l’État. C’est pourquoi j’ai toujours pris en compte les responsabilités et les conséquences que cela implique, tout comme je suis consciente que ce que j’écris peut ne pas plaire à tout le monde.

Mais être rapatriée de force avec ce genre de justification a vraiment dépassé mon imagination et m’oblige à écrire ces lignes pour donner une explication au festival, à la maison d’édition et aux personnes qui seraient venues me rendre visite au stand, à la fois pour les remercier de leur compréhension et pour m’excuser de la situation dans laquelle je les ai mises.

Mais surtout, je tiens à souligner la gravité de ce qui s’est passé : si, d’une part, je pense que la dérive autoritaire et répressive des États européens à l’encontre des militants et des activistes politiques est désormais évidente pour tous, d’autre part, je constate une dérive arbitraire croissante de la part des forces de police, qui peuvent décider sans explication de vous renvoyer chez vous simplement parce que vous êtes « indésirable », créant ainsi un système de contrôle et de surveillance basé non pas sur des faits, mais sur les opinions et les fréquentations des personnes.

J’ai pensé que cela ne pouvait pas rester une simple « mauvaise expérience » personnelle, mais qu’il était judicieux de la partager, afin de contribuer, dans la mesure du possible, à démanteler des mécanismes destinés à empirer s’ils ne sont pas combattus de toute urgence.

Elena Mistrello


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